Sivut kuvina
PDF
ePub

memorandum da 9 juin 1884, ainsi que dans plusieurs de ses communications ultérieures, le Cabinet Impérial a eu soin de signaler à l'Ambassadeur d'Angleterre que ce n'est que sur la base du principe consacré par l'arrangement de 1872-1873 qu'il croyait pouvoir procéder à la délimitation de la frontière nord. Quest de l'Afghanistan, et, de son côté, le Gouvernement de Sa Majesté la Reine n'a élevé aucune objection contre celte condition.

4. Sans attribuer un caractère officiel aux observations contenues dans l'ouvrage du Colonel Mac-Gregor, au sujet de la partie nord-ouest de la frontière afghane, le Cabinet Impérial ne saurait pourtant méconnaitre l'importance qu'offrent des informations fournies par un témoin oculaire, et, surtout, par un officier supérieur de l'armée britannique, initié aux questions politiques se rattachant à l'Asie Centrale, et qui, ainsi que son ouvrage en fait foi, s'est donné pour tâche de rechercher les moyens propres à assurer les intérêts britanniques en Asie contre des projets ambitieux qu'il prête à la Russie. Ces conditions sont de nature à placer l'impartialité des informations ci-dessus mentionnées à l'abri de tout soupçon. Les termes dans lesquels est conçu le passage de l'ouvrage du Colonel Mac-Gregor, cité dans le memorandum du Cabinet Impérial du 16 janvier dernier, suffisent pour démontrer qu'il y est question d'une ligne froutière, et non d'une ligne de défense intérieure, ainsi que le Gouvernement Britannique est porté à le croire.

5. L'oasis de Pendjdé n'a jamais fait partie de la province afghane de Badghis, et la population turcomane de cette localité a de tout temps joui d'une complète indépendance, comme le prouvent entre autres les nombreuses incursions commises, préalablement à l'établissement de l'autorité russe à Merv, par les Saryks de Pendjdé sur le territoire de leurs voisins, et entre autres dans le Khorassan, ainsi que les actes de représailles qu'ils avaient eu à subir à leur tour. Le voyageur russe M. Lessar a librement parcouru Pendjdé au printemps de l'année dernière, et il n'y a pas trouvé de traces de la domination afghane. A cette occasion le Cabinet Impérial ne croit pas non plus superflu de se référer aux deux mémoires qui ont été échangés au mois d'avril 1884 entre l'Ambassadeur de Sa Majesté Britannique et le Ministère des Affaires Etrangères. Eu égard aux négociations amicales poursuivies entre les deux Gouvernements, Sir E. Thornton avait témoigné le désir que des ordres fussent adressés aux autorités de la province Transcaspienne pour empêcher les agents russes de visiter des localités faisant partie du territoire afghan. Tout en se déclarant prêt à se conformer à ce désir, le Ministère Impérial des Affaires Etrangères s'est fait un devoir de prévenir l'Ambassadeur d'Angleterre, dans une notice datée du 16 avril 1881 (1), de la nature des rapports qui s'étaient établis entre les Turcomans de Pendjdé et les autorités de la province Transcaspienne, et de l'envoi de deux agents russes chargés de visiter Yolotan et, en cas de nécessité, le Pendjdé. Cette communication n'a pas provoqué la moindre observation de la part du Gouvernement Britannique.

L'ensemble des considérations ci-dessus exposées tend à démontrer que l'envahissement du Pendjdé par les Afghans, qui s'est effectué dans le courant de l'été dernier, constitue un acte incompatible avec les principes de l'arrangement de 1872-1873, qui devaient aussi servir de base à un arrangement ayant pour objet la fixation définitive de la frontière nord-ouest de l'Afghanistan.

6. Ainsi qu'il résulte du memorandum anglais du er/13 mars, l'Asie offre plus d'un exemple du partage des tribus par des frontières territoriales, et le Gouvernement de Sa Majesté la Reine ne voit aucune raison à ce qu'un tel partage soit considéré comme impraticable dans le cas présent ou qu'il soit de nature à donner lieu à de graves difficultés.

Le Cabinet Impérial croit devoir y répondre que de nombreuses expériences lui ont demontré les inconvénients d'un tel état de choses; qu'il n'a pas cessé de les éprouver tant que les Turcomans de Merv, congénères de ceux d'Akhal,

(1) V. le document no 5.

n'étaient point soumis à l'autorité russe, et qu'il continue à les éprouver sur l'Atrek, où les tribus habitant des deux côtés de la rivière sont unies par les liens du sang. Les difficultés qui résulteraient du partage des Turcomans Saryks entre la Russie et l'Afghanistan seraient d'autant plus graves que les conditions politiques qui règlent la position de l'Afghanistan, pourraient bien souvent servir d'obstacle à un règlement satisfaisant et prompt des contestations éventuelles sur la frontière des deux Etats. Ce sont ces considérations qui ont poussé le Cabinet Impérial à proposer au Gouvernement Britannique de prendre les conditions ethnographiques pour base du tracé de la frontière afghane, et qui l'empêcheraient de donner son adhésion à tout projet qui s'écarterait de ce principe.

7. Le Gouvernement Britannique se voit dans l'impossibilité de donner son adhésion à un projet d'arrangement qui, en écartant une enquête préalable sur les lieux, tendrait à détacher de l'Afghanistan Pendjdé ou d'autres localités sur lesquelles les Afghans élèvent des prétentions. Il ne croit pas non plus pouvoir adhérer à la ligne frontière proposée par le Gouvernement Impérial, et il serait tout au plus disposé à l'admettre comme limite méridionale d'une zone d'investigation, dont la limite septentrionale serait formée par une autre ligne, laquelle, en partant de Schur-Tépé, sur le Hériroud, rejoindrait Sary-Yazi, sur le Mourghab, et longerait ensuite les confins des terres cultivées de Maïméné et d'Andkhoi pour aboutir à Khodja-Saleh.

Le Cabinet Impérial ne peut s'empêcher de faire observer que celte zone est loin d'offrir les conditions d'impartialité voulues En soustrayant à l'enquête des Commissaires respectifs tout le territoire compris entre la ligne proposée par le Cabinet Impérial et la frontière réelle de l'Afghanistan, qui a été décrite par le Colonel Mac-Gregor, elle étend la compétence de la Commission à des contrées occupées aujourd'hui par les troupes russes, et où il n'existe pas la moindre trace de populations ou d'intérêts afghans.

Toutes ces circonstances sont de nature à faire supposer que des négociations ayant pour objet unc définition des limites de la zone d'investigation pourraient difficilement aboutir à un prompt résultat ; qu'elles ne contribueraient probablement qu'à prolonger l'état d'incertitude qu'il est de l'intérêt des deux Gouvernements de faire cesser le plus tôt possible, et que la saison favorable aux investigations de la Commission pourrait en attendant être perdue.

Les inconvénients ci-dessus exposés ne pourraient être empêchés que si le Gouvernement de Sa Majesté Britannique consentait à adopter, comme base des investigations, la ligne frontière proposée dans le memorandum du Cabinet Impérial du 16 janvier dernier, dans quel cas ce dernier serait tout disposé à envoyer sans retard son Commissaire sur les lieux pour examiner, conjointement avec le Général Sir P. Lumsden, les détails de la frontière à tracer.

64.

Le Conseiller Privé de Staal au Secrétaire d'État de Giers. (Reçu le 16 mars 1885.)

Londres, le 13/25 mars 1885. M'inspirant des directions contenues dans la lettre que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'adresser sous la date du 24 février dernier (1). j'ai profité de ma dernière entrevue avec Lord Granville pour appeler son attention sur les données fournies par M. le Gouverneur Général du Turkestan relativement aux procédés de quelques officiers faisant partie de la Commission de délimitation anglaise. J'ai relevé surtout le contraste que ces manifestations formaient avec l'attitude amicale que nous n'avions pas cessé d'observer vis-à-vis de l'Angleterre.

(1) V. le document no 56.

Afin de faciliter à Lord Granville les renseignements à recueillir sur l'incident en question, j'ai laissé entre ses mains un extrait de la lettre de Votre Excellence.

Le Principal Secrétaire d'État pour les Affaires Étrangères vient de répondre à cette communication par une note dont je me fais un devoir de joindre ici la copie.

Le Gouvernement Britannique n'hésite pas à exprimer ses regrets si l'un des officiers anglais avait franchi le territoire du Boukhara, mais en même temps il croit devoir réserver pour les militaires anglais le droit d'inspecter les frontières afghanes et d'émettre des conseils pour ce qui concerne leur mise en état de défense.

Veuillez, etc.

STAAL.

ANNEXE AU NO 64.

Lord Granville à M. de Staal.

Foreign-Office 24 (12) mars 1885.

Le 17 courant, Votre Excellence me fit l'honneur de me communiquer un extrait d'une lettre de M. de Giers, datée du 8 courant, dans laquelle on se plaint de la conduite d'officiers Anglais de la Commission de délimitation des frontières Afghanes, lesquels auraient inspecté les garnisons Afghanes de la province de Tcharvilaret ou Turkestan-Afghane, et recommandé aux autorités locales de fortifier quelques places sur la rive gauche de l'Amou-Daria.

On dit aussi qu'un de ces officiers a traversé le fleuve avec une escorte armée et qu'il est entré sur le territoire de Bokhara près Khélif,

M. de Giers exprime ses regrets que ces événements se soient produits, il pense qu'ils sont de nature à troubler les populations de l'Asic Centrale, et fait remarquer qu'ils font un contraste frappant avec l'attitude amicale que la Russie a constamment eue vis-à-vis de l'Angleterre.

J'ai eu l'honneur d'informer Votre Excellence en réponse, que le gouvernement de Sa Majesté ne peut admettre que les officiers britanniques n'aient pas parfaitement le droit d'inspecter les troupes Afghanes et de donner tel conseil concernant la défense de la frontière qu'ils jugent désirable. D'autre part, le gouvernement de Sa Majesté n'hésite pas à exprimer son regret que ces officiers aient passé l'Oxus, et soient entrés dans Bokhara. Le gouvernement de Sa Majesté ne les avait aucunement autorisés à cela, et des ordres sévères seront donnés pour qu'à l'avenir on n'entre pas sur le territoire de Bokhara sans le concours de autorités russes.

J'ai l'honneur, etc.

-

GRANVILLE.

No 65 Notice remise au Ministère Impérial des Affaires étrangères par l'Ambassadeur d'Angleterre.

(Reçu le 16 mars 1855) Lord Granville a donné à Sir E. Thornton pour instructions de démontrer au gouvernement Russe combien il serait désirable que l'on mit fin à l'agitation qui parait augmenter dans les deux pays, par suite de bruits dont quelques-uns vrais, d'autres mal fondés au sujet de préparatifs de part et d'autre.

On ne peut assez insister sur l'importance pour les deux pays d'arriver rapidement à un arrangement amical. Rien de ce qui aurait apparence de menace, de quelque côté qu'il vienne, ne serait ni digne ni judicieux de la part de deux nations courageuses.

ARCH. DIPL. 1888.

2 SÉRIE, T. XXV (87)

3

Heureusement, la nécessité de faire des déclarations quelconques louchant le résultat d'un échec de négociations n'existe pas.

Le gouvernement de Sa Majesté a souvent déclaré au Parlement son adhésion à la politique impériale et traditionnelle de la Grande-Bretagne, vis-à-vis des Indes et de l'Afghanistan, politique qui longtemps a été suivie par les deux grandes parties politiques de l'Etat sans distinction.

Il est bien connu que cette politique comprend des engagements vis-àvis de l'Emir, qui obligent le gouvernement de Sa Majesté à considérer comme acte hostile, toute agression sur son territoire, dont Hérat est son print principal.

Le gouvernement de Sa Majesté ne doute pas que le gouvernement Impérial ne comprenne de suite que dans les circonstances actuelles, l'Emir, à la tête d'un gouvernement comparativement faible, est en droit d'attendre du gouvernement de la Reine les espérances les plus explicites. D'autre part, le gouvernement Russe a spontanément désavoué toute intention menaçante contre Hérat.

Les deux gouvernements sont donc dans une situation qu'à la vérité des circonstances indépendantes de leur volonté pourraient changer à tout moment, mais favorable à un arrangement satisfaisant et honorable pour la Russie, l'Emir et l'Angleterre.

[blocks in formation]

Notice remise par le Ministère Impérial des Affaires
Etrangères à l'Ambassadeur d'Angleterre.

Saint-Pétersbourg, le 18 mars 1885.

Le Ministère Impérial des Affaires Etrangères a pris connaissance de la notice qui lui a été remise par M. l'Ambassadeur d'Angleterre à la date du 16 courant, et qui contient l'expression du vœu du gouvernement de Sa Majesté britannique de voir cesser l'excitation provoquée dans les deux pays à la suite des rumeurs concernant des préparatifs qui seraient poursuivis des deux côtés.

La même notice constate que, sauf des circonstances indépendantes de leur volonté et qui pourraient amener des changements subits, les deux gouvernements se trouvent dans une position qui leur permet d'arriver à un arrangement satisfaisant et honorable pour la Russie, l'Emir de l'Afghanistan et l'Angleterre.

Le Cabinet Impérial ne peut que s'associer au veu ci-dessus exposé du gouvernement britannique. Il n'a jamais nourri et ne nourrit point de projets d'agression contre Hérat ou quelque autre partie des possessions de l'Enir, et il n'a pas d'autre but que de contribuer à l'établissement de la paix et de la sécurité dans ces contrées. Etant résolu de respecter scrupuleusement les droits de la Grande-Bretagne, ainsi que ceux de l'Emir, le Cabinet Impérial se plaît à espérer que le gouverneinent de Sa Majesté la Reine se montrera animé des mêmes égards pour les droits de la Russie, et il est convaincu que, dans ces conditions, les deux gouvernements réussiront à écarter tout ce qui serait de nature à entraver une solution satisfaisante de la question qui fait l'objet de leurs négociatious.

-

No 67. Memorandum remis au Ministère des Affaires Etrangères par l'Ambassadeur d'Angleterre.

Saint-Pétersbourg, 21 mars (2 avril) 1885. Lord Granville a informé Sir E. Thornton par télégramme qu'on a reçu de Sir Peter Lumsden un rapport apprenant que, le 22 mars, une colonne russe forte de quinze cents hommes, sous les ordres du général Komaroff et du colonel Alikhanoff, s'est avancée jusqu'à Urush-Doshan, disant que leur intention était de prendre Ak-Tepe et Pendjdeh.

Le 25 mars, cent Sowars-Turcomans avancèrent à travers Kigil-Tepe, vers Nul-i-Khisti, mais se retirèrent après avis du piquet afghan.

No 68.

Le Conseiller Privé de Staal au Secrétaire d'Etat de Giers.
Télégramme.
Londres, le 21 mars 1885.

Il m'est nécessaire d'être fixé sur la question de savoir si la proposition contenue dans votre dépêche du 15 mars (1) implique acceptation à l'avance par le Cabinet britannique de notre ligne frontière, ou si elle laisse à la Commission la faculté de discuter, les investigations faites, les différents points du tracé? STAAL.

No 69.

Le Secrétaire d'Etat de Giers au Conseiller Privé de Staal. (Télégramme.)

Saint-Pétersbourg, le 22 mai 1885. Reçu télégramme du 21. Voici quel est le sens de notre proposition du 15 mars investigation par les Commissaires des territoires situés sur ligne frontière, que nous avons proposée, implique naturellement discussion sur les détails du tracé.

[blocks in formation]

GIERS.

Le Conseiller Privé de Staaljau Secrétaire d'Etat de Giers. (Télégramme.)

Londres, le 23 mars 1885.

Lord Granville, que je viens de voir au sortir d'un Conseil convoqué spécialement pour discuter la question de délimitation afghane, m'a déclaré qu'il rendait justice à la forme courtoise de la réponse du Cabinet Impérial du 15 mars, mais il ne m'a pas non plus dissimulé le désappointement produit par la substance de cette communication. Elle rejetait la proposition anglaise sans y en substituer d'autre, et, en insistant sur le maintien pur et simple de notre demande primitive, créait une base qui excluait virtuellement le pied d'égalité entre les deux Puissances. Lord Granville espérait que ce n'était pas le dernier mot du Cabinet Impérial, auquel le gouvernement britannique ne pourrait répondre que par un refus. J'ai fait observer au Ministre Anglais que tel n'était nullement le cas, et que notre dernière proposition différait essentiellement de la précédente en ce qu'elle n'exigeait pas une acceptation immédiate de notre tracé par le gouvernement anglais, mais laissait à la Commission de délimitation la faculté d'en discuter les détails. Lord Granville a porté ces (1) V. le document, no 63.

« EdellinenJatka »