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étonné que M. Gladstone lui ait accordé sa confiance. Lord Salisbury n'a toujours obéi qu'à sa jalousie de la France et à sa haine pour la Russie. Il va sans dire que le premier ministre n'a aucune sympathie pour la République française.

Le Gouvernement nous mêle toujours à quelque querelle, afin d'entraver le progrès de la démocratie.

Il est nécessaire de connaitre ce que renferme la correspondance secrète. Si cette correspondance n'a pas d'importance, pourquoi ne pas la publier? Si elle est importante, il faut que la France et le peuple anglais la connaissent.

Sir James Fergusson, sous-secrétaire d'Etat au Foreign-Office, a déclaré qu'il regrette la tendance funeste des assertions de M. Labouchère, dont les observations ne sont pas d'accord avec la réserve patriotique de l'opposition au sujet de la politique étrangère. Le Gouvernement est toujours prêt à donner tous les renseignements qui peuvent être communiqués avec prudence.

Sir James Fergusson regrette aussi que M. Labouchère ait émis des assertions relatives à la conduite du Gouvernement, basées sur des bruits de journaux. Son assertion au sujet d'une entente entre l'Angleterre et l'Italie contre la France est basée en partie sur le prétendu discours de l'amiral Hewett à Gênes. Or, un télégramme de l'amiral Hewett déclare le compterendu de son discours absolument faux.

L'Angleterre continue l'orateur n'a contracté aucun engagement pouvant amener l'emploi de forces militaires ou navales en dehors de ceux déjà connus de la Chambre. La seule promesse qu'on aurait pu demander à l'Angleterre, dans l'éventualité d'une guerre entre la France et l'Italie, aurait été de se ranger aux côtés de l'une ou de l'autre puissance. Aucun engagement pareil n'a été demandé ou donné.

Il n'y a aucun homme d'Etat responsable, en France, qui attribue à lord Salisbury une politique hostile à la France; au contraire, toutes les communications de lord Salisbury au sujet de la France sont animées de la plus grande considération envers ce pays.

Il est tout-à-fait faux que le gouvernement tienne à un degré quelconque une conduite incompatible avec les bonnes relations qui existent entre l'Angleterre et la France; celles-ci, je l'espère en toute confiance, continueront, parce que, croyons-nous, la politique étrangère de la France suit une ligne parallèle à celle de l'Angleterre.

Assurément il y a eu une correspondance échangée avec les puissances en raison de l'état de choses critique de l'an passé, et il y a eu une correspondance confidentielle avec beaucoup de puissances au sujet du maintien de la paix.

Cette correspondance a porté naturellement sur les questions ayant trait à la paix, sur le caractère et le but des puissances dont on pouvait craindre une attitude contraire à la paix. Des idées ont été exprimées sur les conséquences de toute action pouvant amener la rupture de la paix, et on a envisagé tout ce qui pourrait résulter d'un appel à l'action des forces énormes rassemblées par chacune des puissances militaires.

Je voudrais que le temps fùt venu où la correspondance pourrait être communiquée, mais ce temps n'est pas encore arrivé. La publication est impossible sans une violation de la confiance des autres puissances.

J'estime, d'ailleurs, que le danger d'une rupture de la paix n'est pas plus grand, mais est au contraire moindre que l'année dernière.

Je reconnais que l'Angleterre doit faire ses efforts, à moins que les intérêts nationaux ne le commandent, pour s'abstenir d'intervenir dans les affaires intérieures d'Europe.

La déclaration du discours du trône que l'Angleterre est en paix avec toutes les puissances est à présent entièrement vraie, et si la politique du

Gouvernement qui a obtenu ce résultat de paix et d'harmonie avec toutes les nations est poursuivie, le Gouvernement a le droit de demander la confiance du pays au sujet de la politique étrangère.

M. Gladstone a répliqué à sir James Fergusson. Il a déclaré que les réponses précédentes du sous-secrétaire d'Etat et ses déclarations actuelles constituent pratiquement une réponse négative à la question de savoir si l'action future de l'Angleterre est génée par un engagement quelconque. M. Labouchère doit être satisfait de cette réponse.

L'orateur n'est pas disposé à solliciter des assurances ou des déclarations pouvant avoir une tendance de nature à entraver l'action du Gouvernement dans des éventualités qu'il est impossible de prévoir, mais il est d'avis que la demande de M. Labouchère était justifiée par les bruits répandus. Il était surtout désirable de calmer l'opinion, péniblement impressionnée par l'appréhension causée par la santé du prince impérial d'Allemagne, dont la vie à une valeur inestimable pour l'Europe.

M. Gladstone a terminé en déclarant qu'il approuvait la politique étrangère de lord Salisbury en d'autres occasions, et il croit pouvoir formuler Tespoir qu'il n'y aura aucun antagonisme marqué entre les deux fractions de la Chambre sur les questions étrangères.

M. Smith, leader de la Chambre des communes et premier lord de la Trésorerie, a remercié M. Gladstone de l'accueil qu'il a fait aux déclarations de sir James Fergusson, après quoi M. Labouchère a retiré son amendement. La suite de la discussion du rapport sur l'adresse a été ajournée.

Un Livre bleu concernant les Nouvelles-Hébrides vient d'être distribué au Parlement anglais; il ne renferme qu'une dépêche de lord Salisbury à M. Egerton, en date du 21 octobre 1887.

Le ministre des affaires étrangères fait dans cette dépêche l'historique de la question des Hébrides depuis 1870, et des négociations relatives à Raiatea.

Le Livre bleu contient en outre le texte de la convention des Hébrides signée avec la France et la déclaration du 26 janvier 1888, qui a constitué la Commission navale. Les instructions qui se rapportent à cette Commission sont annexées à ces documents.

ITALIE

Dans la séance de la Chambre des députés du 29 février, M. Crispi, président du Conseil, dépose des documents sur les négociations commerciales entre l'Italie et la France.

M. Prinetti, membre de la droite, demande des explications sur le désaccord survenu entre l'Italie et la France à propos du traité de commerce. « Ce désaccord a, dit l'orateur, démontré la nécessité pour le pays et le Parlement de se serrer autour du Gouvernement et de l'aider dans son œuvre, dans l'intérêt national. »>

M. Crispi déclare que le Gouvernement italien a fait tout ce qu'il pouvait afin qu'un tarif conventionnel fùt établi entre la France et l'Italie. Il y a mis toute la bonne volonté et la cordialité possibles, et il espère que la Chambre ne voudra pas entamer de discussion à ce sujet, car il serait douloureux que le Parlement italien se mit en lutte avec le Parlement français.

Si, ailleurs, a dit M. Crispi, ont été proférées des paroles qui eurent un écho douloureux dans notre coeur, l'Italie doit répondre par un silence assez

éloquent pour prouver quels sont les sentiments du pays, du Parlement et du Gouvernement.

Le Livre Vert prouve que l'Italie a voulu être conciliante daus les négociations. Il peut y avoir malheureusement des froissements et non des dissensions entre deux nations, mais nous éprouvons le vif et pressant désir qu'il n'y ait ni dissensions ni querelles entre l'Italie et la France.

L'Europe nous rendra cette justice que nous ne pouvions ni ne devions faire plus ou faire moins que nous n'avons fait.

M. Crispi fait ensuite l'historique des négociations et il ajoute :

Si demain nous sommes obligés d'appliquer le tarif général, la faute n'en est pas à nous. Ce soir done, nous publierons un décret modifiant beaucoup d'articles de notre tarif général pour les produits français. Il s'agit de se défendre et non d'attaquer, Il faut que l'Italie ait aussi son indépendance économique et financière. Aidez-nous et nous vous suivrons. M. Prinetti a approuvé les idées de M. Crispi.

M. Nicotera croit que le pays, grâce à son calme et à celui de son Gouvernement, surmontera les difficultés présentes. L'Italie ne peut avoir le désir d'engager une lutte, même économique, avec la France. S'il en était besoin, l'oraleur déclare qu'il accorderait un vote de confiance au Gouvernement.

M. Louis Ferrari, radical, dit qu'après les déclarations de M. Crispi il renonce, pour le moment, à interpeller le Gouvernement sur les questions commerciales.

La Chambre approuve ensuite, par 209 voix voix contre 16, le projet prorogeant de deux mois le traité de commerce actuel avec l'Espagne.

Le 18 février, a été publié un Livre Vert relatif aux négociations du traité de commerce franco-italien. Il se compose de 73 documents et 8 procèsverbaux des conférences tenues à Rome entre les délégués français et italiens.

Voici l'analyse de ce recueil diplomatique :

Le Livre Vert débute par la dénonciation du traité de commerce francoitalien, accompagnée de la dépêche du 12 décembre 1886, et s'étend jusqu'à la note adressée par M. Crispi à M. de Mouy pour lui exposer comment, en présence des déclarations des délégués français à Rome, déclarations qui correspondaient à un retour pur et simple au traité de 1881, le Gouver nement italien laissait au Gouvernement français le soin de faire de nouvelles propositions.

Le désir du Gouvernement italien d'entrer en négociations pour la conclusion d'un nouveau traité se manifeste d'un bout à l'autre du Livre Vert, mais surtout par l'initiative qu'il a prise en envoyant préalablement des négociateurs à Paris. On y voit aussi que le Gouvernement italien avait la pleine confiance que les Chambres françaises approuveraient le nouveau traité, à la condition qu'il améliorât, même faiblement, le traité précédent. D'autre part, le Gouvernement français semble, dès le début, se défier de l'esprit protectionniste des Chambres françaises et craindre qu'elles ne veuillent pas approuver un traité modifiant essentiellement celui de 1881.

Dans cette situation, le Gouvernement italien se préoccupa de l'irritation des esprits prévue comme conséquence d'un nouveau rejet par les Chambres françaises de nouvelles stipulations, et il fut entendu (sous le ministère Rouvier) que le Gouvernement français ne signerait pas de traité dont la ratification par les Chambres ne lui semblerait pas certaine (documents nos 10, 13, 14 et 16).

Dès le commencement des préliminaires des négociations, le Gouvernement français déclare ne pouvoir accepter comme base de ces négociations le tarif général italien (document no 33).

Les instructions des délégués français envoyés à Rome leur prescrivaient, non-sculement de négocier sur les bases du tarif de 1881, mais aussi de ne pas accepter une réduction quelconque dans les articles prévus par le traité. Le but du Gouvernement français était de maintenir le régime conventionnel établi par le traité de 1881, sauf à consentir des modifications de nomenclature et de classification pour des articles peu nombreux et peu importants, à la condition que ces modifications seraient compensées par des concessions équivalentes.

Ces instructions furent considérées par les négociateurs italiens et leur Gouvernement comme un retour à peine déguisé à l'ancien traité, et comme ne permettant pas les transactions d'intérêts et les concessions réciproques, qui auraient été faciles si on avait pris une autre base d'entente, comme cela s'est fait pour le traité récemment conclu avec l'Autriche. Le Livre Vert contient ensuite les procès-verbaux.

Une seconde série de documents relatifs à la même question a élé communiquée aux Chambres, le 29 février.

Des documents relatifs à la convention de Suez ont été également publiés.

La Gazette officielle du royaume d'Italie publie, le 29 février, un décret édicté en vertu de la faculté concédée au Gouvernement par l'article 2 de la loi du 10 février 1888, lequel augmente, à partir du 1er mars, les droits d'entrée établis par le tarif général pour les marchandises de provenance française.

Parmi ces droits sont compris ceux sur les vins, les esprits, l'huile, le café, le sucre, le chocolat, le savon, la parfumerie, les couleurs, les meubles, les jouets en bois, le papier, les livres, les fusils, les farines, les semoules, les fruits dans le vinaigre ou l'huile, les poissons, les bougies, les plumes, la mercerie, les éventails, les pianos, les fleurs, les fruits, etc.

Les droits sur les produits textiles, les peaux, la céramique, les verres et le cuivre sont augmentés de 50 00; ceux sur les fers de 20 0,0, et ceux sur les machines de 30 0,0.

ROUMANIE

La session parlementaire a été ouverte le 19 février, à la suite du renouvellement de la Chambre des députés. Voici le message royal :

C'est avec un sentiment de vive satisfaction que Je me trouve aujourd'hui au milieu des représentants de la nation.

En souhaitant la bienvenue à Messieurs les Députés de la nouvelle législature, Je suis heureux de constater que, cette fois encore, les citoyens ont prouvé, par la tranquillité et l'ordre maintenu partout, pendant les élections, qu'ils savent apprécier les libertés, si efficacement garanties par nos institutions constitutionnelles, et sont convaincus que c'est uniquement par le respect des lois, également observé par tous, que nous pouvons prospérer et développer nos forces.

La dissolution de la Chambre des députés a interrompu la session ordinaire des corps législatifs. En reprenant aujourd'hui le cours normal des travaux, vous aurez à vous occuper de plusieurs lois importantes, qui demandent une attention particulière.

La première tâche qui s'impose à vous, Messieurs les Députés, est le budget. Il vous est présenté, cette année, réunissant pour la première fois l'ensemble de tous les revenus et de toutes les dépenses de l'Etat. Cette amélio2 SÉRIE, T. XXV (87)

ARCHI. DIPL. 1888.

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ration est devenue possible par suite de l'organisation complète de l administration des voies ferrées et de l'administration du Monopole du tabac, qui jusqu'ici avaient leurs budgets spéciaux, et n'inscrivaient au budget général de l'Etat que leurs revenus nets. Le bon état de nos finances assure l'équilibre du budget, ce qui a été l'objet constant de la préoccupation de Mon Gouvernement. En effet, non seulement les encaissements de l'exercice courant ont répondu aux prévisions, mais ils les ont même dépassées. Nous pourrons ainsi faire face aux besoins de l'Etat seulement avec les revenus existants.

Nous avons lieu de croire que les efforts que l'on fait partout pour le maintien de la paix atteindront leur but et qu'elle sera assurée pour le bien et le bonheur de tous. Cependant, sans nous écarter un moment de la voie prudente que nous avons suivie dès le début, nous avons le devoir, dans les moments difficiles que traverse l'Europe, de songer sans cesse à nous fortifier à l'intérieur, afin de pouvoir envisager l'avenir avec confiance.

Mais la meilleure sauvegarde, la garantie la plus puissante pour tout pays, est l'union de ses citoyens. Je souhaite de tout mon cœur que ce sentiment vous inspire tous, afin que la nouvelle législature soit féconde en résultats et qu'elle réponde à Ma légitime attente et à celle du pays.

Veuille Dieu éclairer vos travaux et protéger notre chère Roumanie.

CHARLES.

M. B. Alecsandri, ministre de Roumanie à Paris, a, le 16 février, adressé au jornal le Figaro une lettre dont voici les passages essentiels :

«M. le comte de Kératry, dans un article intitulé « la Roumanie, son Traité avec l'Allemagne » et publié dans le Figaro d'hier matin, affirme que, depuis plusieurs mois, les chancelleries auraient connaissance d'un traité d'alliance conclu entre l'Allemagne et la Roumanie et dont les termes stipuleraient même l'effectif d'hommes et de chevaux à fournir par la Roumanie en cas de guerre.

« Je suis autorisé à vous déclarer que cette information n'a pas le moindre fondement et que l'auteur de l'article en question a été induit en erreur, aussi bien sur ce point particulier que sur tous ceux qui, d'une manière générale, visent la Roumanie et son Roi. »

RUSSIE

Le Messager du Gouvernem nt, de Saint-Pétersbourg, a publié, le 23 février, un communiqué dans lequel le gouvernement impérial fait connaitre ses vues au sujet de la question bulgare.

Voici le texte de ce document :

Des dépêches privées, reçues récemment à l'étranger, ont annoncé que l'ambassadeur de Russie à Berlin avait fait au gouvernement allemand des propositions concernant la Bulgarie. Pour apprécier exactement la situation, il est nécessaire de se rappeler les vues exprimées, dès le début, par le gouvernement impérial, au sujet de la question bulgare.

Le traité de Berlin, en vertu d'une entente conclue entre toutes les puissances, sert de base à l'état de choses qui doit exister dans la péninsulè des Balkans. Ce traité constitue la seule garantie internationale contre les modifications qui seraient dangereuses pour l'avenir des jeunes Etats balkaniques.

C'est précisément en se plaçant à ce point de vue que le gouvernement impérial a apprécié les événements qui se sont passés en Bulgarie depuis l'abdication de son premier prince.

L'arrivée du prince Ferdinand de Cobourg à Sofia et sa prise de posses

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