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les causes qui ont amené le conflit, mais il nous est tout à fait impossible, d'autre part, d'apprécier l'opportunité et la portée pratique de l'enquête à laquelle il voudrait nous convier.

Voici l'enchainement des faits tel qu'il résulte des informations fournies par le général Komarow.

Ayant reçu l'ordre de ne point franchir les limites du Pendjdé, le Commandant de nos troupes reconnut, à son arrivée à Dasch-Keupri, que la rive gauche du Kouschk était occupée par des avant-postes afghans, ce qui ne pouvait pas être prévu lorsque, pour se conformer au désir du Cabinet britannique, le gouvernement Impérial avait consenti à donner à ses troupes l'ordre de ne plus avancer. En effet, il résulte d'une communication qui m'a été adressée par Sir Edward Thornton en date du 21 février (5 mars) (1), et dont vous trouverez ci-près une copie, qu'à cette date le poste russe se trouvait déjà à Dasch-Keupri, tandis que l'avant-poste afghan, conformément au témoignage du général Lumsden, était établi dans le Pendjdé, c'est-à-dire sur la rive droite du Kouschk. Telle étant la position mutuelle des deux parties, le général Komarow n'était pas tenu de tolérer la présence des avant-postes afghans sur la rive gauche du Kouschk, et il ne pouvait non plus méconnaitre que, vu le peu de confiance que l'on pouvait placer dans l'esprit de discipline des troupes afghanes, cette circonstance ne tarderait pas à devenir le signal de collisions. C'est dans le but d'empêcher ces dernières et d'aviser à la sécurité du petit détachement placé sous ses ordres qu'il se fit un devoir de proposer au général afghan de retirer ses avant-postes. Loin d'aboutir, les tentatives conciliantes du général Komarow ne contribuèrent qu'à enhardir les Afghans; ceux-ci ne tardèrent pas à se livrer à des actes d'agression, qui obligèrent le général russe à recourir à la force.

Nous ne voulons point approfondir quel a été le rôle des officiers anglais au milieu de ces complications; mais nous ne pouvons pourtant pas nous empêcher de regretter qu'ils n'aient pas jugé possible d'assister le Commandant de nos troupes dans ses démarches auprès de général afghan, ce qui, sans aucun doute, aurait suffi pour empêcher le conflit.

Quoi qu'il en soit, aussitôt après l'engagement du 18 mars, le général Komarow a repris ses anciennes positions sur la rive gauche du Kouschk. Cette circonstance étant de nature à assurer le statu quo dans ces contrées contre toute atteinte, il nous semblerait que rien ne saurait empêcher les deux Cabinets de continuer les négociations ayant pour objet le règlement de la question frontière.

Veuillez, etc.

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GIRRS.

Le Conseiller Privé de Staal au Secrétaire d'Etat de Giers. (Reçu le 11 avril 1885.)

Londres, le 8 (20) avril 1885.

Pour compléter mes télégrammes du 7 (19) courant (2), j'ai l'honneur de transmettre ci-joint à Votre Excellence les copies de deux lettres de Lord Granville qui y sont mentionnées.

Veuillez, etc.

(1) V. le document no 55.

(2) V. les documents no 91 et 92.

STAAL.

ANNEXE A AU No 97.

Le Comte Granville au Conseiller privé de Staal.

Cher Monsieur de Staal,

Foreign-Office, 19 avril 1885.

M. Gladstone et moi nous avons promis de faire au Parlement une déclaration relative aux votes qui doivent être demandés demain mardi.

Il est absolument nécessaire, dans l'intérêt de la solution amicale que les deux gouvernements ont déclaré désirer ardemment, que le gouvernement de Sa Majesté ne se méprenne pas sur les intentions du gouvernement impérial. Je crois que je ne dois pas conclure des récentes communications de Votre Excellence que le gouvernement impérial n'est pas d'accord pour retirer ses troupes, tant que des négociations continuent sur les conditions mentionnées dans nos conversations de la semaine dernière et qu'il refuse d'examiner de concert avec le gouvernement de Sa Majesté les faits malheureusement arrivés à Ak-Tépé, dont je vous ai parlé dans une autre lettre.

Votre Excellence aura remarqué une erreur dans laquelle M. de Giers est tombé sans intention, qui consiste à regarder les conversations tenues entre nous comme des ouvertures du côté de Lord Kimberley et de moi-même. Je suis, etc. GRANVILLE.

ANNEXE B AU No 97.

Le Comte Granville au Conseiller privé de Staal.

Mon cher Monsieur de Staal,

Foreign-Office, 19 avril 1885.

J'ai à vous remercier de la communication que vous me faites de la dépêche que vous avez reçue de M. de Giers (1).

Je regrette qu'elle ne résolve nullement la question du malheureux incident de la bataille de Ak-Tépé.

Elle repose sur l'affirmation que ce furent les Afghans qui attaquèrent. Je viens de recevoir une information ultérieure d'un effet exactement opposé. Dans aucun cas, je ne puis admettre que la question de l'escorte du Commissaire anglais ait été d'aucun poids sur ce sujet. Elle n'a jamais dépassé 469 hommes armés, bien que naturellement, comme pour toutes les forces indiennes, il y ait eu une addition considérable de gens non armés qui suivaient le camp.

Cette escorte n'était pas plus considérable que celle qui était regardée comme nécessaire à une Commission qui parcourait de longs espaces dans des pays non civilisés. A la différence des Russes, sir Peter Lumsden était à une grande distance de toutes les forces anglaises.

Si cette escorte a donné naissance à quelque trouble dont il n'y a pas de preuve, ce ne peut-être que par suite de son isolement. Si la Commission russe avait été présente, conformément à l'accord conclu, tout accident de ce genre aurait été évité. Nous aurions regardé une escorte russe d'une force suffisante accompagnant une Commission comme une garantie de l'ordre, et nous espérons que le gouvernement russe aurait regardé de même une escorte anglaise. Quant à l'allégation que des officiers anglais dirigeaient le mouvement militaire des Afghans, il est difficile de comprendre comment les officiers russes pourraient avoir su cela sur des officiers dont ils n'admettent pas la participation au combat. Le fait est catégoriquement nié par nos officiers, qui étaient à une distance de cinq milles du lieu du combat.

La réunion amicale de l'Emir et de Lord Dufferin, et l'accord conclu entre

(1) V. le document no 82.

eux, ne pouvaient que donner plus d'autorité à sir P. Lumsden pour retenir les Afghans, ce qui, cependant, est nécessairement rendu plus difficile par l'effusion de sang de Ak-Tépé.

Je suis heureux, cependant, de dire que je suis absolument d'accord avec M. de Giers dans sa conclusion, quant à la grande importance qu'il y a à en venir promptement à une solution sur une question qu'il croit justement équivoque et non sans danger.

Quant aux hostilités de Ak-Tépé, le seul moyen qui répondit à la dignité et à l'honneur des deux pays serait que l'accord conclu le 16 mars fût reconnu par les deux parties comme engageant les deux gouvernements depuis la date de sa conclusion, et leurs fonctionnaires depuis la date de sa réception; que des deux côtés on fit tous ses efforts pour jeter la lumière sur les faits qui se rapportent au récent conflit, et que, la lumière une fois faite, ils fussent jugés d'après les termes de l'accord du 16 mars, et que justice fût faite en conséquence.

Je désire ajouter que, puisque nous ne pouvons accepter la solution sommaire et incomplète du général Komaroff comme règlement de cette importante partie de l'affaire, c'est notre intention de soumettre au gouvernement russe d'autres informations que nous ne croyons pas qu'il puisse refuser d'examiner.

Quant à la fixation d'une frontière, si les Russes se retirent du territoire contesté jusqu'à des points qui sont à débattre, et si les Afghans ne s'avancent pas à nouveau, j'ai toute raison d'espérer qu'on pourra arriver à une décision satisfaisante.

Je suis, etc.

No 98.

GRANVILLE.

Le général Sir Peter Lumsden au comte Granville.

(Télégramme.)

(Communiqué au ministre impérial des affaires étrangères par l'ambassadeur d'Angleterre, le 11/23 avril 1885.)

Tirpul, 17 avril 1885.

Télégramme, no 24, de Votre Seigneurie du 15 avril. Le récit fait par le général Komaroff de l'attaque sur Pendjdé est considéré comme incorrect.

1o Le général Komaroff dit que le 25 mars un détachement s'approcha de Dasch-Keupri sur notre rive du Kuskh.

Réponse La prétention du général Komaroff à l'une et l'autre rive est insoutenable. La rive gauche du Kuskh avait toujours été occupée par les Afghans et ne fut jamais aux Russes. Le 20 février, ils placèrent un avantposte de 25 Turcomans Julatan à Kizil-Tépé, monticule à 1 mille au nord du Pul-i-Khisti et à peu près à la même distance du point le plus proche du Kuskh et de sa jonction avec le Murghab. Ce point était toujours esté l'extrême limite de la marche en avant des Russes à l'intérieur de leurs lignes de vedettes. Le détachement de cavalerie russe dont j'ai parlé s'avança contre Pul-i-Kisti le 25, mais se retira avant d'atteindre cette place quand il en reçut l'ordre du commandant afghan, vers le 20 février. 2o Le général Komaroff affirme que près du pont, il trouva un retranchement occupé par des Afghans. Réponse: Cette position était occupée par des Afghans avant la marche en avant du général Komaroff et conformément à l'accord mentionné dans le télégramme de Votre Seigneurie, du

17 mars.

3o Le général Komaroff dit : « Afin d'éviter un conflit, je plaçai mes troupes à 5 verstes des positions afghanes ». Réponse: Ces paroles ne peuvent se rapporter qu'au corps principal, car des troupes russes étaient

à Kizil-Tépé, qui est à 1 mille de la position afghane, et les vedettes russes étaient considérablement en avant.

4o Le général Komaroff dit que « quand les Afghans se furent convaincus que nous n'avions pas l'intention de les attaquer, ils commencèrent de jour en jour à se rapprocher de notre camp ». Réponse: Bien loin que les Afghans fussent convaincus des intentions inoffensives du général Komaroff, les continuels et irritants essais quotidiens faits pour exciter aux hostilités, persuadèrent les Afghans de la détermination des Russes de provoquer un conflit, et les firent croire à la nécessité d'étendre leurs positions défensives.

5o Le général Komaroff affirme que, le 27 mars, les Afghans envoyèrent contre une compagnie qui était chargée de couvrir une reconnaissance, trois compagnies avec un canon et quelques cavaliers. Réponse: Une reconnaissance en force signifiait elle-même intention hostile. Une compagnie russe voulait dire 250 hommes, ce qui est plus qu'équivalant à trois compagnies afghanes, qui comptent 225 hommes. Le 27, deux corps de troupes russes s'avancèrent en même temps. Le colonel Alikanoff avec de la cavalerie établit un poste à Pul-i-Khisti et l'infanterie russe pénétra sur le flanc droit des positions afghanes sur la rive droite de Murghab. Le colonel Alikanoff ne se retira qu'une fois intercepté par la cavalerie afghane à environ 4 milles en arrière des positions afghanes, et l'infanterie russe seulement quand le commandant afghan fit marcher trois compagnies et fit savoir à l'officier russe que, s'il avançait davantage, il ferait faire feu sur lui.

Le chef d'état-major du général Komaroff, à l'entrevue du 29, qualifia la marche en avant du colonel Alikanof de simple excursion de plaisir, mais il fut informé que le commandant afghan la considérait sous le jour le plus sérieux.

6o Le général Komaroff affirme que l'audace et l'arrogance des Afghans crurent progressivement. Réponse: Il se peut qu'il en ait été ainsi; mais, dans ce cas, cette attitude fut provoquée uniquement par la conduite des Russes, car les Afghans firent tout ce qu'ils purent pour éviter une collision, et ce fut uniquement grâce à leur patience et à leur modération pendant deux mois d'incessantes irritations que la paix se maintint si longtemps. La réponse courtoise du 29, du commandant afghan à l'ultimatum du général Komaroff, prouve son désir d'éviter jusqu'au bout un conflit.

7o Le général Komaroff dit : « Le 28, les Afghans occupèrent une hauteur qui commandait le flanc gauche de notre camp; ils commencèrent à y élever des retranchements pour établir un poste de cavalerie derrière notre ligne, et placèrent un piquet à une portée de canon de notre fort. » Réponse Le commandant afghan fit tout simplement, le 28, en présence de la reconnaissance hostile du 27, placer un poste d'observation sur les hauteurs de la rive droite du Murghab pour l'avertir de tout nouveau mouvement semblable des Russes sur ce flanc, mais ce poste fut retiré le lendemain.

8o Le général Komaroff dit : « Le 29, j'envoyai au commandant afghan des reproches énergiques, etc., et je reçus la réponse que, de l'avis des Anglais, il refusait de se retirer en traversant le Kuskh ». Réponse: Le fait lui-même m'est rapporté comme absolument inexact, et nulle part dans la réponse du commandant afghan il n'y a pareille déclaration. Au contraire,

les expressions sont claires : « J'ai bien reçu votre lettre relative au retrait de certains piquets. J'avais reçu du gouverneur d'Hérat l'ordre de consulter, en pareil cas, le capitaine Yate, qui a été envoyé à Pendjdé par Sir Peter Lumsden. Je lui ai montré votre lettre. Le capitaine Yate eut ensuite une entrevue avec le colonel Zakezeroski et m'informa de leur conversation. Sachez bien que je dois loyalement obéir aux ordres que j'ai reçus de Son Altesse l'Emir. Je ne puis, en aucune façon, agir contrairement aux ordres de mon souverain. Naturellement, sur les points de détail, comme des changements dans la position des piquets et des vedettes avancées placées en avant des troupes, je suis prêt à m'arranger avec vous pour éviter tout risque de conflit. »

9o Le général Komaroff adressa de nouveau une lettre privée, rédigée en termes amicaux. Réponse: La lettre en question n'a jamais été vue par aucun des officiers de la Commission, mais on dit au capitaine De Lassoe qu'une lettre avait été reçue quelques heures avant l'attaque russe du 30. Je viens de demander à Sepah Salar une copie de la seconde lettre.

10o Le général Komaroff affirme: Le 30, pour appuyer mes demandes, je marchai avec mon détachement contre les positions afghanes, comptant toujours sur un résultat pacifique, mais le feu de l'artillerie et une attaque de la cavalerie me forcèrent d'accepter le combat. » Réponse: Les Russes marchèrent à l'attaque des positions afghanes, et naturellement les Afghans furent obligés à se défendre. Certainement l'engagement ne fut pas commencé par le feu de l'artillerie, comme le dit le général Komaroff, car on entendit des décharges d'infanterie plusieurs minutes avant le premier coup de canon.

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No 99. Le Lieutenant-Général Komarow à l'Aide-de-Camp général Obroutchew. (Télégramme.)

(Reçu le 12 avril 1885.)

Sérakhs, le 6 avril 1883.

C'est le 11 mars que j'ai reçu le télégramme interdisant l'occupation de Pendjdé; me trouvant en personne à la tête du détachement avancé, je ne lui ai pas donné de publicité. Le lieutenant-colonel Zakrjewski a conversé et correspondu, sur mon autorisation, avec les officiers anglais, mais à titre privé. Je ne leur reconnaissais pas le droit d'entrer en négociations officielles, et j'adressais mes réclamations directement au Commandant du détachement afghan. Le lieutenant-colonel Alikhanow a longé notre rive avec une sotnia de Turcomans dans la direction de Maur-Kala et n'avait même pas pensé à pénétrer dans le Pendjdé; s'aventurer de jour avec une centaine d'hommes armés de sabres sur les derrières d'un détachement de quatre mille hommes n'est pas admissible. Une seule compagnie a suivi les hauteurs de la rive droite du Mourghab; elle n'a même pas atteint la ligne de nos postes de la rive gauche, et, conformément aux ordres reçus, s'est repliée sur le camp aussitôt que les Afghans se furent avancés. Des déplacements fréquents à des centaines de verstes ne me permettent pas de présenter régulièrement des rapports périodiques; mais je rends compte dans la mesure du possible de tout ce qui mérite l'attention. Les crues insolites des rivières et des canaux ont interrompu les communications, le passage n'est praticable que pour des nageurs habiles. Rien de nouveau. Le lieutenant-général KOMAROW.

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