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A la pointe du jour, nous examinâmes notre chariot et nos hardes, et, à notre grand étonnement, tout se trouva en bon état. Ce pays entier est très-fertile, excepté un petit nombre de fermes situées le long des ruisseaux; elles produisent du bled, mais pas en trop grande quantité. La grande stérilité que j'observois ici doit être particulièrement attribuée à la disette d'eau, les habitans étant obligés de se contenter uniquement de l'eau de pluie, le pays n'offrant que très-peu de sources vives, et celles qui s'y trouvent ne conduisant qu'une eau saumâtre.

Nous commençâmes le mois de novembre en dirigeant notre course est-sud. A onze heures, nous arrivâmes à l'habitation d'un Européen, où nous fûmes toute la journée. J'augmentai ici mon herbier considérablement; jusqu'alors il s'étoit conservé en fort bon état.

Toute la journée du lendemain, notre course fut dirigée à l'est. La montagne de Conassia (Conassia berg) restoit à notre droite, et la montagne Noire (Swart berg) à notre gauche. Nous visitâmes plusieurs bains chauds qui nous furent indiqués par deux fermiers qui en avoient usage: l'un de ces fermiers avoit été mordu à la jambe par un serpent; par l'usage de ces bains, il fut passablement guéri; cependant la jambe étoit encore un peu enflée et très-foible.

fait

Ces bains contiennent beaucoup de fer, et nous aperçûmes de larges couches de ce métal dans toute la longueur de cette chaîne de montagnes. Le thermomètre, que je plongeai dans les différentes sources de ces bains, en indiquoit la chaleur entre cent cinq et cent huit degrés de Farenheit.

Dans l'après-dînée, nous poursuivîmes notre route: la montagne de Conassia restoit alors nord-ouest, by north, to sud-est by sud, et se perdoit sud-ouest, by north, à deux lieues des bains. Nous rencontrâmes ici plusieurs autruches et quelques koedoos. Nous tirâmes un de ces derniers; mais comme nous continuâmes notre voyage sans nous arrêter, il nous fut impossible de l'examiner avec beaucoup d'attention. Cet animal surpasse en hauteur nos biches de très-peu; il est d'un gris de souris, ayant trois raies blanches le long du dos: le mâle a des cornes très-longues, tournées en spirale; la femelle est sans cornes. La chair de ces animaux est bonne à manger. Le même soir, nous arrivâmes en un endroit que les Hottentots nomment Tsimeko, ou jambe d'autruche. Les habitans de cette contrée ne connoissent point le pain; ils vivent de viande et de lait, aiment beaucoup les étrangers, et les traitent avec une cordialité sans exemple. Quel

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ques belles espèces de paligala et de geranium étoient les plantes que cette place me fournissoit.

Le 3 de novembre, nous fûmes pourvus d'un nouvel attelage de boeufs : nous voyageâmes toute la journée; mais vers le soir nous découvrîmes des traces fraîches d'un lion qui y avoit passé; circonstance qui exigeoit notre attention et toute la vigilance dont nous fûmes capables. Le capitaine Gordon et moi, nous étions à cheval au-devant de notre chariot, nos fusils chargés, de peur d'être attaqués par une de ces bêtes féroces. A minuit, nous arrivâmes près d'un petit lac d'eau saumâtre, où cependant nous résolûmes de rester toute la nuit. Pour mettre nos bœufs en sûreté contre les attaques des bêtes féroces, nous employâmes les moyens qui sont en usage dans ce pays; c'étoit de les attacher autour du chariot, et d'allumer, à une certaine distance, plusieurs feux.

Cette besogne ne fut pas plutôt terminée, et notre petite caravane jouissoit à peine de la sûreté, que nous fûmes frappés par un battement dans l'eau, qui paroissoit s'approcher de nous. Mon compagnon de voyage crut que cela pouvoit être quelque bête qui s'acheminoit vers nous; ce qui étoit d'autant plus probable, que les environs en abondent, surtout en lions.

Après que nous eûmes passé plusieurs momens dans la crainte d'être attaqués, nous découvrîmes enfin l'auteur de notre terreur; c'étoit un veau qui s'étoit égaré d'un troupeau appartenant à un Européen, qui vivoit dans une ferme, à huit lieues de l'endroit où nous étions alors. Notre crainte ainsi calmée, nous cherchâmes à nous procurer un peu de repos pendant le reste de la nuit; mais ce fut en vain: un orage, accompagné d'éclairs et d'une pluie abondante, survint; de façon que, jusqu'à la pointe du jour, nous passâmes notre temps fort désagréablement.

Dans la matinée, nous traversâmes de bonne heure une plaine d'une très-grande étendue, nommée, par les Hollandais, Beer Valley (Vallée des Ours). Vers les neuf heures, nous approchâmes de plusieurs huttes, assez misérables en apparence, bâties à la manière des Hottentots. Nous y trouvâmes un vieux Allemand, qui s'étoit attaché à une tribu hottentote; il habitoit avec eux depuis environ vingt ans; ses habits étoient les mêmes que ceux des autres Hottentots, c'est-à-dire, de peau de mouton, et sa manière de vivre ne s'éloignoit en rien de la leur. Cet homme me conta que tous les trois ou quatre ans il faisoit un voyage au Cap; qu'il y amenoit quelques bœufs pour

les vendre, et que l'argent qu'il en tiroit, il l'employoit pour acheter de la poudre, du plomb et quelques babioles pour ses Hottentots. L'endroit où nous nous trouvâmes alors abonde en lions, plus que toutes les autres parties inhabitées de ce pays. Le vieux Allemand, qui se nommoit Neuenhausen, en avoit tiré plusieurs avant notre arrivée, parmi lesquels il y en avoit

un d'un volume énorme.

Comme ma santé dépérissoit visiblement, et que d'ailleurs ma collection de plantes s'étoit considérablement accrue, je résolus de me séparer ici de mon compagnon de voyage, qui se proposoit de poursuivre son voyage jusqu'au Snew Berg, montagne de la neige. Je m'arrêtai plusieurs jours ici, pour me remettre un peu pendant ce temps, le vieux Allemand m'avoit procuré une hutte, et tout ce qui m'étoit nécessaire, avec la plus grande bonté.

Je pris congé de mon hôte le II de novembre, pour m'en retourner à Tsimeko; j'y rencontrai M. Lyster, un des intendans du Cap, accompagné d'une autre personne. Ces deux messieurs avoient été envoyés par le Gouyernement pour inspecter le pays: leur commission les conduisoit jusqu'à Groot vish rivier (grande rivière des Poissons), qui sépare le pays des Caffres de celui des Hottentots.

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