Sivut kuvina
PDF
ePub

en passant par le défilé nommé Groene kloaf. Cette route étoit, comme on nous l'assuroit, la plus sûre et la plus agréable dans cette saison.

D'après cet avis, nous partîmes le 27, dans la direction à l'ouest. Nous arrivâmes, le soir, à la maison de Jacobus Botta, homme âgé de près de quatre-vingt-dix ans. Un âge aussi avancé est très-rare dans ce pays, où le peuple, quoiqu'assez vigoureux dans la jeunesse, et jouissant d'un climat très-salubre, n'arrive que

rarement à ce terme.

Le 28, nous continuâmes notre chemin dans la même direction que nous avions prise la veille, le long des montagnes toutes couvertes de neige, comme je viens de le dire. La journée étoit excessivement froide, et le vent souffloit du nord-ouest, accompagné d'une pluie abondante. A huit heures du matin, notre thermomètre étoit à quarante-trois degrés de Farenheit; à neuf heures, il étoit à quarante-sept; à quatre heures dans l'après-dînée, il montroit quarantequatre, et à huit heures du soir quarante-deux. Nous prîmes, cette nuit, l'hospitalité à une ferme située sur la Breed rivier.

Le lendemain, le mauvais temps nous empêcha de continuer notre route : quelques mo mens de sérénité, dans le courant de la journée, furent employés à herboriser aux environs de

la ferme. Nous y fîmes la rencontre d'un voyageur, qui venoit du même endroit vers lequel nous dirigions nos pas.

Il nous conseilla de ne point passer outre, à cause de l'impossibilité que nous trouverions à traverser les rivières; il nous fit entrevoir que la grande quantité de neige qui étoit tombée dans les montagnes pourroit, au dégel, occasionner une plus grande crue des eaux, et empêcher le trajet pendant plusieurs jours. Cet avis nous fit prendre la résolution de passer les montagnes du côté de l'est, en un endroit nommé Plata kloaf, où nous arrivâmes le 8 de juin.

Après que nous eûmes surmonté, non sans beaucoup de peine, toute la chaîne des montagnes, nous entrâmes le 10 dans une contrée nommée Channa-Land, dont j'ai déjà parlé. De-là nous poursuivîmes notre ancienne direction à l'ouest. La journée fut assez heureuse pour ma collection de plantes; je recueillis, entr'autres, beaucoup de mesembryanthemum. Nous prîmes, vers le soir, notre logement anx bains chauds; ils me paroissoient de la même qualité que ceux que j'avois visités auparavant; la seule différence que j'y observai étoit un degré de température inférieure.

Le thermomètre, que je plongeai dans ces

bains, indiquoit cent deux degrés de Farenheit; à l'endroit où la source sort immédiatement de la montagne, il n'indiquoit que trois degrés de plus.

Nous nous arrêtâmes aux bains pendant plusieurs jours ce ne fut que le 13, à la pointe du jour, que nous envoyâmes notre chariot en avant, la journée que nous nous proposâmes de faire étant bien longue. Après dix heures, dans la matinée, nous joignîmes le chariot. Le conducteur nous informa que deux lions venoient de passer une heure auparavant : ceci n'étoit point étonnant; car nous connoissions d'avance que ce canton fourmilloit de bêtes féroces, qui en rendent le passage très-dan- / gereux.

La terre y est partout couverte d'une espèce d'arbrisseaux de quatre pieds de haut, nommés par les habitans guerric: c'est une espèce de royena (1), assez touffue pour offrir une retraite et de l'ombrage aux différens animaux qui vivent de la chasse, surtout aux lions et aux tigres, qui, pendant le jour, vont à la poursuite de leur proie dans les lieux inhabités, tandis qu'à l'entrée de la nuit ils rodent aux

(1) Murray, systema vegetabil. pag. 410. Decand: Digynia.

environs des fermes, pour faire la chasse aux bestiaux.

Le sol de ce canton consistoit en un terreau argilleux assez léger; il ne paroissoit cependant pas trop favorable à la végétation; car, quoique nous nous trouvassions alors dans la meilleure saison, il n'y avoit pas une feuille de gazon: les seules plantes que j'y trouvai, c'étoient des plantes succulentes, alors en fleurs, et une espèce de geranium spinosum, que je n'avois jamais vu. Après un voyage très-fatigant, nous arrivâmes assez tard auprès d'une source d'eau, où nous restâmes toute la nuit : nous essuyâmes beaucoup de pluie, accompagnée de grands de tonnerre. Le thermomètre marquoit la température de l'atmosphère, à huit heures du soir, à quarante-sept degrés.

coups

Le lendemain matin, nous aperçûmes un kraal, ou une demeure de Hottentots, à deux milles de chez nous. Je louai un de ces Hottentots pour nous servir de guide; car personne de notre compagnie ne connoissoit ce canton, pas même M. van Renan, mon compagnon de voyage. Nous quittâmes, dans cet endroit, notre chariot: notre intention fut de suivre une route tout-à-fait différente, pour examiner une plus grande étendue de pays, et de faire quelque découverte en botanique.

Ayant marché jusqu'à quatre heures de l'après-dînée, nous crûmes qu'il seroit prudent de joindre le chariot: cependant, quoique nous eussions marché jusqu'à neuf heures du soir nous ne parvînmes point à découvrir l'objet de notre recherche. J'escaladai une colline, dans l'espérance de découvrir, sur les hauteurs, quelques feux, signal assez en usage dans ce pays, lorsqu'on a perdu le chemin, ou qu'on se trouve égaré de sa compagnie. Toutes nos peines furent perdues pour cette fois.

Il ne nous restoit donc autre chose que de camper, cette nuit, auprès d'une petite source

que

le hasard nous fit découvrir. Notre situation n'étoit assurément ni agréable, ni sûre; nous étions sans nos fusils, et sans moyens d'allumer du feu pour nous chauffer. Pendant la nuit entière, nos oreilles furent frappées par le hurlement continuel des hyènes ; et, à la pointe du jour, nous nous aperçûmes qu'un gros tigre avoit passé à vingt pas de nous. Notre thermomètre étoit descendu à trente-neuf degrés, et les montagnes voisines étoient couvertes de neige.

Nous partîmes de grand matin pour rejoindre notre chariot; nous le rencontrâmes à neuf heures du matin. Après un repos de quelques heures, nous nous remîmes en marche dans l'après-dînée, suivant toujours la direction à

« EdellinenJatka »