TABLE AU DE LA SITUATION DES FINANCES DEPUIS M. DE SULLY. LES difcuffions dans lesquelles nous La Nation & les individus ont le plus 1595. propriétés. Quels motifs plus puiffants pourroient militer en faveur de notre papier national? Tous les établiffemens humains, comme nous l'avons déja observé, sont exposés à de plus ou moins grands inconvéniens; mais celui que nous propofons, en eft moins fufceptibles que tout autre; fur-tout pour les Rentiers, pour cette claffe de Citoyens, qui a toujours le plus fouffert dans toutes les crises de l'Etat, & qui, en effet, a été la plus. maltraitée. Tout efprit jufte va porter un jugement fain fur toutes les conféquences directes que nous avons déduites, en jettant les yeux fur l'analyfe que nous allons faire de ce qui s'eft paffé en Finance jufqu'à ce jour, en ne remontant qu'à l'epoque la plus connue fous M. de -Sully. Sous M. de Les revenus de l'Etat, à cette époque, SULLY. -étoient de 23 millions. Les charges an nuelles fe montoient à 16 millions, in SULLY dépendamment des dépenfes courantes. 1594. On peut donc dire, qu'alors, on étoit Sous M. de prefque auffi embarraffe qu'aujour d'hui. M. de Sully commença par améliorer les recettes, en rétabliffant l'ordre dans toutes les parties des Finances, & en ufant de la plus grande économie dans les dépenfes : il fut, en remettant au Peuple 20 millions d'arrérages fur les tailles, augmenter même la perception de cet impôt, par la facilité que chacun trouve à payer le courant. Il fit quelques emprunts, & créa des Création de charges pour 3,600,000 live; il mit Charges. quelques impôts, & en diminua d'autres; ce qui compenfoit les charges. Il fit rentrer le Roi dans une infinité d'aliénations faites fur les Tailles & les Domaines. Il établit, prefque malgré lui, une Chambre de Juftice contre les malverfations des Financiers. Tous ces Juftice. moyens contribuerent beaucoup à l'amé lioration des finances; mais ils ne pou Chambrede 1 1595. Reduction voient remédier à l'excès qu'il avoit trouvé de la dépenfe fur la recette. Auffi, M. de Sully en vint-il à faire des retranchemens fur toutes les rentes conftituées. Les plus juftes, & les micux Premiere fondées, furent réduites du denier 10 de Rentes. Ou,12 au denier 18; d'autres, fuivant qu'elles avoient été établies en totalité ou en partie fur d'anciennes dettes, furent réduites au denier 20 & 25. Il y en eût auxquelles on imputa les arrérages reçus depuis leur création fur le fort principal. Toutes les rentes conftituées fur des arrérages de rentes, dons ou penfions, ou pour paiemens de gens de guerre, étrangers ou nationaux, ou pour rembourfemens d'offices, ou deniers donnés au Roi par les Villes & Communautés, pour emprunts, dons gratuits, &c. furent fupprimées où payées feulement du fort principal; les arrérages perçus, déduits, &c. Enfin, toutes les rentes créées depuis 1375, dont on ne prouvoit pas le déboursement entier de la fomme, furent réduites au denier 18. C'est ainsi que M. de Sully liquida les charges de l'Etat, & trouva le moyen de diminuer les Tailles de plus de 5 millions, fomme énorme alors; de réduire d'autres impôts à moitié; d'acquiter 100 millions de capitaux fur l'Etat; de racheter la plus grande partie des Domaines aliénés ; d'améliorer toutes les parties de l'Adminiftration, & de laiffer dans les coffres du Roi, à fa mort, une fomme de 41 millions. Il faut convenir que les Rentiers n'auroient pas eu beau jeu de fe plaindre contre ce grand Miniftre. Mais il n'en eft pas moins vrai, que jamais ils n'éprouvèrent plus de retranchemens fur leurs rentes, que fous fon Adminif tration. A la mort d'Henri IV, fous le mi- 1610. nistère du Maréchal d'Ancre, tout fur Le Maréchal bouleversé dans les Finances; les reve D'ANCRE. |