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arrachent les mauvaises herbes, qui protègent les jeunes plantes jusqu'au moment où le moissonneur pourra venir pour la moisson triomphante.

<< Telle fut l'entreprise de la Société d'utilité publique de Genève, encouragée et assistée par de puissantes influences. Elle aboutit à la Conférence internationale, tenue à Genève en octobre 1863, qui décida la création d'un réseau de comités de secours dans tous les pays, et à la Convention de Genève du 22 août 1864.

«

<< Ce qu'est devenue l'œuvre universellement connue sous le nom de Croix-Rouge, je n'ai pas à l'exposer ici : les rameaux de l'arbre se sont étendus sur le monde entier.

<< Dans chaque pays, des comités centraux dirigent et contrôlent l'activité d'innombrables Sociétés de secours volontaires qui, tout en se tenant prêtes pour l'évènement d'une guerre, mettent leur personnel et leur matériel au service des populations atteintes par d'autres

calamités.

« Les plus augustes patronages leur sont acquis et l'on sait notamment quel intérêt portait à la Croix-Rouge la noble souveraine qui fut la première impératrice d'Allemagne.

<< La Convention de Genève a mis plus de temps que l'œuvre de la Croix-Rouge à s'imposer à l'opinion, et cela se comprend, car il n'est pas de matière plus délicate que le droit des gens, et toute limitation des droits de l'Etat est difficile à faire accepter par les Gouvernements. << Pourtant, son utilité fut promptement reconnue et sa nécessité ne paraît plus contestée par personne. Lorsqu'en 1866 éclata la guerre entre l'Autriche, l'Italie et la Prusse, ces deux derniers Etats avaient déjà adhéré à la Convention. L'Autriche, la Saxe et le Hanovre ne l'avaient pas encore fait. Néanmoins, les armées prussiennes reçurent l'ordre de se conduire à l'égard des « officiers et médecins des établis<< sements sanitaires autrichiens conformément aux principes humani<< taires garantis par ce traité ».

<<< De son côté, l'Autriche adhérait à la Convention avant même la fin de la guerre. A l'expérience, on avait constaté des lacunes et des défectuosités dans le traité de 1864. En 1868 déjà, une nouvelle Conférence, réunie à Genève, avait cherché à l'améliorer. Mais avant que les articles additionnels de 1868 eussent été ratifiés par les Puissances signataires de l'acte de 1864, la guerre éclatait, en 1870, entre la France et la Prusse. Ce fut, pour la Convention de Genève, une épreuve sérieuse. Elle n'était pas assez généralement connue, aussi les cas de non-observation n'ont-ils pas manqué, non plus que les abus auxquels elle a donné lieu; les lacunes du traité se firent de nouveau sentir. Malgré tout, l'impression générale lui resta favorable.

<< C'est un fait consolant et incontestable », a écrit Bluntschli, « que « dan's aucune guerre européenne précédente, l'on n'a déployé une << charité aussi active, ni donné des soins aussi empressés aux blessés << et aux malades amis ou ennemis, que dans la dernière guerre franco<< allemande. »

Et de Corval disait de son côté : « Nous avons besoin d'une << pareille loi internationale si, à l'avenir, chaque guerre ne doit pas << être purement carnage, pillage et incendie sans frein.»

Messieurs les Délégués des Hautes Puissances,

« A l'heure actuelle, quarante et un Etats de toutes les Parties du monde ont adhéré à la Convention de Genève de 1864 et l'on peut dire que la totalité des Etats civilisés en a accepté les principes.

<< Comme toute loi humaine, elle offre des imperfections, mais elle est perfectible, et les expériences qui en ont été faites permettent d'y apporter d'une main sûre, les améliorations nécessaires.

C'est à cette œuvre de civilisation et de progrès humanitaire que le Conseil fédéral suisse vous a conviés.

<< Puissent vos délibérations, poursuivies dans un esprit de loyauté et de concorde, aboutir à une charte nouvelle aussi rapprochée que possible de la perfection.

<< Alors les blessés et les malades des guerres futures béniront l'œuvre de vos esprits et de vos cœurs comme l'ont fait déjà, lors des luttes précédentes, des milliers de familles et de malheureux. » (Vifs applaudissements.)

M. le Président se plaît à constater que les applaudissements unanimes qui ont accueilli le nom de M. Gustave Moynier, feront bien augurer du succès d'une proposition qu'il a l'honneur de faire à l'assemblée et qui consiste à nommer M. Moynier, Président d'honneur de la Conférence. (Vifs applaudissements.)

M. Moynier prend place sur l'estrade à côté de M. le Président Odier.

M. le Président fait, en terminant, quelques communications concernant le séjour de MM. les délégués à Genève et les réceptions qui les attendent ce même jour à la Société d'utilité publique et au Palais Eynard, et il les prie de se rendre le lendemain à la première séance de travail qui aura lieu à 2 heures, à l'Hôtel de Ville.

La séance est levée à 4 heures trois quarts.

Le Secrétaire ad hoc :

Ernest RÖTHLISBERGER.

Le Président,
Édouard ODIER.

Première Séance Plénière (12 juin 1906.)
Présidence de M. Édouard ODIER, Président.

La séance est ouverte à 2 heures, dans la salle du Grand Conseil, à l'Hôtel de Ville.

M. Odier ouvre la séance en constatant que trente-six Etats sont représentés à la Conférence.

M. G. Moynier lit le discours suivant :

<< MESSIEURS,

« Le moment de l'inauguration de la Conférence actuelle a été pour moi une heure de très profonde et très douce émotion, grâce aux nombreux témoignages d'estime et d'approbation que j'ai reçus de vous tous, soit individuellement, soit collectivement.

« Aussi, quoique je ne me sente pas en état de participer activement à vos travaux, je tiens à vous remercier cordialement de la joie que vous m'avez procurée, et qui, provenant d'hommes aussi haut placés et aussi distingués que vous, ne peut que m'honorer infiniment. Le 11 juin 1906 marquera donc dans ma vie une date ineffaçable.

« A ce propos permettez-moi d'évoquer un souvenir qui a une grande analogie avec celui que je viens de rappeler.

« C'était lors de la Conférence de 1863, dont M. le Président de la Société d'utilité publique vous a parlé hier à l'Athénée.

<< Lorsque, après quatre jours de délibérations, cette assemblée eut abouti à poser les fondements de ce que devait être la Croix-Rouge, qui n'existait pas encore, les trente-six assistants que j'avais présidés se sont levés de leur siège pour se grouper autour du mien et me serrer la main, les larmes aux yeux, dans le sentiment que nous venions d'accomplir ensemble une œuvre qui marquerait dans les fastes de l'humanité en mettant un terme à quelques vestiges de barbarie qui la déshonoraient encore.

<< Nous avions tous la conviction que cette innovation réussirait et ferait peu à peu le tour du monde. J'exprimai même cette pensée, plutôt comme un vœu que comme une prédiction. Mais elle se trouve aujourd'hui réalisée, puisqu'à la veille d'atteindre mes quatre-vingts ans, je me vois entouré de quatre-vingts représentants du monde entier qui viennent confirmer ma prévision en se déclarant les zélés partisans de la création de 1863.

<< Vous devez comprendre d'après cela, Messieurs, quelle reconnaissance j'ai pour vous et quelle satisfaction je dois éprouver aujourd'hui. Aussi est-ce de tout coeur que je vous rends grâce pour l'accueil flatteur que vous avez daigné me faire » (Applaudissements.)

M. le Président présente le Secrétariat: M. le professeur E. Röthlisberger, secrétaire-général; M. Paul Des Gouttes, secrétaire de la présidence du Comité international de la Croix-Rouge, et M. Ph. Dunant, docteur en droit, secrétaires; M. C. Odier, avocat, secrétaire-adjoint. M. le D' G. Gogg est attaché au Secrétariat pour tout ce qui concerne les questions d'ordre personnel et protocolaire. M. de Martens fils entrera également dans le Secrétariat.

M. Maurigi déclare que, d'après un usage, peuvent faire partie du Secrétariat les secrétaires des missions diplomatiques présentes; par conséquent, il demande qu'en même temps que M. de Martens fils, secrétaire de la Délégation de Russie, entrent aussi dans le Secrétariat de la Conférence le secrétaire de la délégation de la Grande-Bretagne et celui de la Délégation d'Italie, M. Vannutelli.

M. le Président déclare qu'il sera fait droit au désir exprimé par M. Maurigi.

M. Odier propose de désigner comme vice-président M. Vincent, second Délégué suisse. Cette désignation est approuvée.

M. Vincent déclare accepter cette fonction et remercie l'Assemblée de l'honneur qu'elle lui fait en l'y appelant.

M. Odier procède à l'appel nominal des Délégués, ainsi qu'à la constatation de l'étendue de leurs pouvoirs.

ALLEMAGNE.

S. E. M. le chambellan et conseiller intime actuel A. de Bülow, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Berne, présente ses collègues :

M. le général de brigade baron De Manteuffel;

M. le médecin-inspecteur, médecin général Dr Villaret (avec rang de général de brigade);

M. le Dr Zorn, conseiller intime de justice, professeur ordinaire de droit à l'Université de Bonn, syndic de la Couronne,

et déclare qu'ils sont, comme lui, munis de pleins pouvoirs.

ARGENTINE (République).

S. E. M. Moreno, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Rome, présente son collègue:

M. Molina Salas, consul général en Suisse.

Ils sont munis de pleins pouvoirs.

AUTRICHE-HONGRIE.

M. le chevalier Joseph d'Uriel, médecin en chef de l'armée impériale et royale austro-hongroise, chef du corps des officiers sanitaires et chef du 14 département du ministère I. et R. de la guerre, Délégué adjoint, déclare que le chef de la Délégation austro-hongroise: S. E. M. le baron Heilder de Egeregg et Syrgenstein, conseiller intime actuel, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Berne, plénipotentiaire, est retenu momentanément par la maladie, mais est muni de pleins pouvoirs.

Il présente ses collègues:

M. Arthur Edler de Mecenseffy, lieutenant-colonel du corps de l'étatmajor général, Délégué adjoint, et

M. le Dr Alfred Schücking, médecin lieutenant-colonel, médecin en chef de la garnison de Salzbourg, délégué adjoint.

BELGIQUE.

M. Logie, inspecteur général en retraite du service de santé de l'armée, présente son collègue:

M. le colonel d'état-major, comte de TSerclaes, chef d'état-major de la 4me circonscription militaire.

La délégation est munie de pleins pouvoirs.

BULGARIE.

M. le Dr Marin Rousseff, directeur du service sanitaire, présente son collègue:

M. le capitaine d'état-major Boris Sirmanoff.

La délégation est munie de pleins pouvoirs.

CHILLI.

S. E. M. Edwards, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire est muni de pleins pouvoirs.

CHINE.

S. E. M. Lou Tseng Tsiang, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à La Haye, présente son collègue:

M. Ou Wen Tai, secrétaire de la légation à La Haye, et déclare que ses pleins pouvoirs ont été expédiés et vont arriver.

CONGO.

MM. les délégués de la Belgique représentent le Congo, et sont munis, à cet effet, de pleins pouvoirs.

CORÉE.

MM. les Délégués du Japon représentent la Corée; S. E. M. Kato Tsunetada est muni de pleins pouvoirs.

DANEMARK.

M. Laub, médecin-général, chef du corps des médecins de l'armée est muni de pleins pouvoirs.

ESPAGNE

S. E. M. Silverio de Baguer y Corsi, comte de Baguer, ministre résident, présente ses collègues :

Don José Jofre Montojo, colonel d'état-major, aide de camp du ministère de la guerre;

Don Joaquin Cortès Bayona, sous-inspecteur de 1re classe du corps. sanitaire militaire.

« EdellinenJatka »