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Et c'est en ce temps-là sans doute qu'elle put ressembler à ce portrait d'une gráce un peu vive, cité par M. SainteBeuve, où nous la voyons présider aux banquets comme une déesse d'Homère, charmant tous les cœurs et faisant tout oublier, méme l'amour!

Après la mort du Roi, madame de Caylus revint habiter Paris. Pendant les quatre ans que sa tante survécut à Louis XIV, elle faisoit de temps à autre le voyage de Saint-Cyr, pour lui rendre visite; mais madame de Maintenon, devenue plus austère à mesure que madame de Caylus étoit redevenue plus mondaine, ne la recevoit pas toujours. Auger raconte que Pierre I, après cette étonnante visite qu'il fit à madame de Maintenon et pendant laquelle il la considéra avec une attention si hautaine, voulut voir aussi sa nièce, qu'il connois

soit sur sa réputation d'esprit, et que, l'ayant rencontrée dans une compagnie, il lui prit la main, la regarda beaucoup et lui fit mille politesses.

Madame de Caylus mourut le 15 avril 1729, à cinquante-six ans. C'est, dit-on, pendant la dernière année de sa vie qu'elle dicta ses Souvenirs à son fils, le comte de Caylus, qui se méla si fort au mouvement archéologique du dix-huitième siècle, et qui en fut payé par le titre de membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres et par les épigrammes de Diderot.

Les Souvenirs n'étoient point destinés à l'impression. Auger, dans la notice de l'édition de 1804, prétend qu'il en courut longtemps de nombreuses copies. Ce fait est démenti par une lettre de Marin, secrétaire du comte de Caylus, que l'on trouvera parmi les notes de ce volume,

et où l'historique de la publication des Souvenirs est raconté avec des détails qui feroient double emploi ici. La première édition, furtive selon la lettre de Marin, parut donc en Hollande, chez Jean Robert, en 1770, avec une preface et des notes attribuées à Voltaire. Cette dernière circonstance pourroit jusqu'à un certain point faire douter de l'allégation de Marin. Car, en supposant que Diderot, qu'il accuse, eút abusé de la confiance de M. de Caylus, en faisant copier furtivement et imprimer en Hollande le manuscrit qu'il lui avoit communiqué, eút-il obtenu si facilement et à point nommé, pour une édition clandestine, la complicité de Voltaire? de Voltaire qui admiroit madame de Maintenon, qui aimoit sa nièce et qui plusieurs fois dans sa correspondance a exprimé le vœu de voir publier les Sou

venirs? Quoi qu'il en soit, une autre edition parut dans la même année et dans la méme ville (Amsterdam), chez Marc-Michel Rey.

Cette édition, executée avec une certaine élégance et reconnoissable à l'encadrement du texte, ne donne ni la préface ni les notes attribuées à Voltaire, mais elle est plus correcte que la précédente. Il se trouve toutefois, de l'une à l'autre de ces deux premières éditions, des variantes de texte qui feroient supposer deux leçons, ou deux manuscrits différens : ce qui contrediroit encore l'allégation de Marin. Nous ne parlons que pour mémoire d'une troisième édition imprimée à Maestricht en 1778, à la suite des prétendus Mémoires de madame de Maintenon, et qui, sauf quelques passages rétablis d'après l'édition de Michel Rey, reproduit toutes

les incorrections du texte de Jean Ro

bert.

C'est en 1804 que les Souvenirs ont été pour la première fois imprimés à Paris, par les soins d'Auger, l'académicien, qui, outre une notice assez étendue, y ajouta un choix des lettres de madame de Caylus. Cette édition, dont le texte a été revu avec soin, a été plusieurs fois réimprimée jusqu'en 1823. Dans l'intervalle, un éditeur qui n'a pas moins honoré la librairie françoise par son savoir et par son bon goût que par la belle exécution matérielle de ses publications, Antoine - Augustin Renouard fit paroître, d'abord in-octavo, puis in-douze et in-dix-huit, une nouvelle édition des Souvenirs, ornée de quatre portraits. M. Renouard, en tête de l'édition in-dix-huit, prétendoit donner pour la première fois le texte véritable

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