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caché tout le reste du pontificat de Léon X.

M. Roscoë observe que Henri VIII, qui devait un jour se séparer de Rome, écrivit alors en sa faveur contre Luther, et que la réforme s'opèra vers ce temps en Suisse, par Zwingle. Il trace, d'une manière impartiale, le caractère et la conduite de Luther. Il ne dissimule pas l'intolérance des premiers réformateurs, et il examine les effets de la réforme sur l'étude des belles-lettres, sur les beaux-arts et sur l'état politique et moral de l'Europe.

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monarque

La tranquillité était rétablie en Italie, et celle de l'Europe même ne paraissait pas devoir être troublée de long-temps. Charles-Quint ne s'occupait que d'établir son autorité en Allemagne, en France et en Espagne. Frangois I semblait moins songer à de nouvelles conquêtes qu'à la conservation du Milanais. Les Vénitiens ayant recouvré, par le secours du français, les villes importantes de Bresse et de Véronne, entretenaient avec lui une étroite alliance. Les états secondaires de l'Italie connaissaient trop bien, pour exciter de nouveaux troubles, les dangers qu'ils avaient à courir dans une coinmotion générale. Le duc de Ferrare lui-même, quoiqu'il ne fut pas consolé de la perte de Modène et de Reggio, que lui retenait le pape, avait la prudence de ne pas faire éclater son ressentiment,

Léon X choisit cet instant de calme pour s'emparer de plusieurs petits états dans le voisinage de Rome, gouvernés par autant de petits souverains, que les partisans de ce pape, pour justifier ses usurpations, ont qualifié assez gratuitement de la dénomination de petits tyrans. Quoiqu'il en puisse être, on ne peut pas laver la mémoire de Léon X du reproche d'avoir employé, pour réussir, des moyens perfides et même atroces. Le duc de Mantoue fit échouer les tentatives de ce pape pour s'emparer du duché de Ferrare.

Léon X ne se bornait pas à étendre, par des voies iniques, les possessions du

saint siége: il méditait d'expulser de l'Italie et les Français et les Espagnols: c'est à cet effet qu'il prit à sa solde un corps de troupes suisses, et qu'il traita avec l'empereur pour le rétablissement des Sforce à Milan. Il excommunia ensuite le roi de France, jusqu'à ce que Parme et Plaisance eussent été restituées au saint siége.

Les hostilités commencèrent bientôt contre les Français, et François I se disposa à défendre ses possessions d'Italie. L'armée des puissances confédérées contre lui était composée des troupes pontificales, de celles du duc de Man toue, d'Allemands, de Suisses, d'Espa gnols.

Quelque formidable que fut cette ligue, la dissension qui régnait parmi ces troupes et la jonction du duc de Ferrare aux Français, qui obligea les alliés de lever le siége de Parme, auraient peut-être sauvé le Milanais, sans la défection des troupes suisses, à la solde de la France, qui passèrent au service des alliés. Cette défection opéra et mit le duc de la prise de Milan liés, qui lui enlevèrent toutes les places Ferrare presque à la discrétion des alde son duché, à l'exception de Ferrare, qu'il résolut courageusement de défendre jusqu'à la dernière extrémité. Ál aurait succombé, sans doute, sans l'événement imprévu de la mort de Léon X, qui changea la face de l'Italie.

Cette mart soudaine a donné lieu à diverses opinions sur ses causes. Celle qui paraît la mieux fondée, suivant M. Roscoe, c'est qu'il mourut empoi sonné. Le duc d'Urbin lui paraît être l'auteur de ce crime, dont furent soupçonnés mal-à-propos aussi, selon lui, François I et le duc de Ferrare.

En examinant le caractère de Léop X, M. Roscoë développe une grande sagacité et une rare impartialité : c'est à l'ouvrage même qu'il faut recourir pour s'instruire de ce que l'auteur nous y apprend sur la diversité d'opinions concernant Léon X, et les causes de cette diversité, sur la conduite politique de ce pape, sur l'accusation d'irréligion portée contre lui, sur l'imputation faite

à ses mœurs, amusemens.

enfin sur le genre de ses

Plus d'un an avant qu'ait paru la traduction française de l'ouvrage de M. Roscoë, dont nous donnons le rapide aperçu, le rédacteur du Journal de la Littérature étrangère avait fait avantageusement connaître l'ouvrage en original, par les quatre excellens extraits qu'il en a donnés dans les septième et huitième cahiers (1806), et les cinquième et huitième cahiers (1807). Il s'y est principalement étendu sur l'origine et les progrès de la réformation de Luther, dont le tableau, chez M. Roscoe, rivalise avec celui qu'en avait tracé le célèbre Richardson dans son histoire de Charles-Quint. Ces extraits font ressortir, avec beaucoup de talent, les principaux traits de ce tableau. Les bornes de notre journal ne nous ayant pas permis de donner à l'analyse de cette partie de l'ouvrage de M. Roscoë plus d'étendue que nous n'en avons donné aux autres parties, nous invitons nos lecteurs à se procurer la lecture des quatre extraits en question.

Dans un troisième et dernier extrait nous donnerons l'aperçu des progrès des sciences, des lettres et des arts sous le pontificat de Léon X, et de l'influence qu'il eut dans ces progrès par les puissans encouragemens qu'il leur

donna.

VOYAGE S.

Voyage aux Indes orientales par le P. Paulin de Saint-Barthelemy 3 vol. in-8. avec un atlas in -4°. (Voyez pour le développement du titre, l'adresse et le prix, notre précédent cahier.)

Ce voyage, publié à Rome en 1796, dans la langue de l'auteur, c'est-à-dire, en italien, avait été traduit dans plusieurs langues, et ne l'était pas encore en France, lorsqu'enfin il en fut fait une traduction si négligée, que le libraire qui en avait acquis le manuscrit crut

devoir proposer à M. Anquetil du Perron de revoir les épreuves de cette traduction et d'y joindre ses observations. Ce savant jugea convenable de conserver, en un grand nombre d'endroits, les expressions inexactes ou fautive du traducteur, et se contenta de les rectifier, en mettant entre des () celles qu'il croyait devoir leur substituer, ou en rejetant dans ses observations les plus importantes. L'affaiblissement de la vue de M. Anquetil, alors plus que septuagénaire, et le peu d'importance qu'il attachait à la manière d'énoncer les noms indiens, pourvu que l'identité en fut reconnaissable, furent cause qu'il laissa passer un grand nombre d'inexactitudes dans les noms propres, ou autres mots sanskrits et malabars, que le traducteur avait rendus en caractères français au hasard, et sans adopter de système uniforme. La même négligence a eu lieu pour les noms grecs, dans lesquels le traducteur, trompé par l'orthographe italienne, a souvent omis ou employé mal-a-propos l'h, et substitué l'ï à l'y grec. Voilà ce qui a donné lieu au volumineux errata qui, dans les trois volumes, n'occupe pas moins de seize pages in-8o.

Le premier volume et les huit premières feuilles du second volume étaient imprimés, lorsque la mort enleva M. Anquetil. M. Sylvestre de Sacy, auquel il avait légué ses travaux manuscrits, trouva parmi ses papiers les observations qu'il avait destinées à former le troisième volume du voyage, et qui s'étendaient sur la totalité de ce voyage. A la demande de MM. Levrault et Schoell, il consentit à remplacer M. Anquetil, pour achever la publication de l'ouvrage. C'est donc sous sa direction qu'ont été imprimés la fin du second volume et la totalité du troisième. Pour

M. de

qu'il n'y eut pas trop de disparate entre les deux parties de cet ouvrage, Sacy a laissé subsister en général la traduction, en y faisant seulement les cor

rections convenables.

Le manuscrit des observations était difficile à lire et chargé de corrections

et d'additions, ce qui en a rendu l'impression très-pénible, et ce qui solli cite l'indulgence du lecteur. M. de Sacy s'est fait un devoir de ne rien changer aux observations de M. Anquetil, lors même qu'il ne partageait pas ses opinions, si ce n'est néanmoins qu'il en a supprimé quelques-unes qui, comme le dit lui-même M. Anquetil (tom. III, pag. 308), portaient trop l'empreinte du caractère d'un solitaire qui a peu vécu avec les hommes. Pour augmenter l'uti lité de l'ouvrage, M. de Sacy a cru devoir y joindre presque toutes les notes dont M. J. R. Forster, professeur d'histoire naturelle et de minéralogie, à Halle, avait enrichi sa traduction allemande du voyage du P. Paulini. Il y a ajouté les siennes propres, mais en petit nombre. Les premières sont indiquées par les lettres initiales du nom de M. Forster, J. B. F.; les secondes également par les lettres initiales du nom de M. Sylvestre de Sacy, S. de S.

A la fin du troisième volume, on a joint un mémoire sur la propriété individuelle et foncière dans l'Inde et en Egypte, que M. Anquetil avait lu dans les séances particulières de la classe de l'Institut, dont il était membre, et qu'il destinait à être placées à la suite de ses observations sur le voyage du P. Paulin.

Après ce détail très-essentiel, que nous a fourni l'avertissement des éditeurs, nous allons donner, non pas un extrait de ce voyage, qui, par sa forme pénible, ne nous en a pas paru susceptible, mais un très-rapide aperçu seulement des objets sur lesquels il roule.

Il est divisé en deux livres. Le premier livre l'est en dix chapitres. Dans le premier, le voyageur raconte son arrivée à la côte de Coromandel, et donne des détails déjà en grande partie connus, et aujourd'hui de peu d'intérêt, sur la ville de Pondichéry. Il en ajoute de nouveaux dans le second chapitre; et l'on peut y appliquer la même observation; mais on y trouve de plus, ainsi que dans le troisième chapitre, des détails géographiques et topographi

ques sur les royaumes de Mayssour et de Madura, sur le Tanjaour, le Marava et le Carnate. Dans le quatrième chapitre, le voyageur raconte la route qu'il tint par Covalam, Meliapour et Madras. Dans le cinquième, il donne quel ques notions sur les poids, les monnaies et les marchandises indiennes; et il ajoute de nouveaux détails à ceux dans lesquels il était entré dans le précédent chapitre sur Madras et Meliapour.

lin n'a pu recueillir que des qui-dire. Dans ces cinq chapitres, le P. PauDans les suivans, qui roulent en grande partie sur le Malabar, qui était le terme de sa mission et où il a résidé assez long-temps, il expose ce qu'il a bien ou mal vu par lui-même.

Le sixième chapitre renferme la description du Malabar.

offre des observations sur la navigation Le septième, purement scientifique, et le commerce des anciens Egyptiens, des Grecs et des Romains à la côte de' Malabar.

Le buitième roule sur la population, les mœurs, l'industrie et le gouvernement du Malabar.

Dans le neuvième, le voyageur expose l'état de la chrétieneté de ce pays, et il y ajoute une relation de la visite qu'il fit au roi de Travançor.

Le dixième chapitre, qui a plus d'in térét, a pour objet la zoologie du Malabar. Il y est traité des quadrupèdes, des oiseaux et des amphibies de cette contrée.

Le onzième chapitre est consacré au tableau de la mer, des fleuves, des ri vières, des poissons, des coquillages, serpens et des navires de l'Inde.

des

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hiéroglyphiques indiens; le neuvième, sur la division du temps, les fêtes et le calendrier dans l'Inde; le dixième, sur la musique, la poésie, l'architecture et les autres sciences des Indiens; le

onzième, sur la médecine et la botanique des Indiens. Le douzième et dernier chapitre, avec les détails du retour du voyageur et de son arrivée en Europe, renferme quelques renseigne

mens sur l'ile de Ceylan, sur les iles de France et de Bourbon, sur le cap de Bonne-Espérance et sur l'ile de l'Ascension.

On ne peut pas disconvenir que le voyage du P. Paulin ne renferme beaucoup de remarques utiles et de savantes recherches qui étonnent même. chez un missionnaire. C'est le favorable témoignage que, tout en relevant les nombreuses erreurs répandues dans l'ouvrage du P. Paulin, M. Anquetil du Perron a généreusement porté sur cet Quvrage, tant dans l'avertissement qui précède les observations, que dans le

cours de ces observations.

Je tâche, autant qu'il m'est possible, dit-il, de rendre justice à l'au• teur sans cependant pallier ses Malheureusement il a vu

erreurs.

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I

vol. in-12. Gauthier et Bretin. 2 fr. - 2 fr. 75 c.

L'Été du Nord, ou Voyage autour de la Baltique, etc.; par John Carr, etc...... 2 vol. in-8°. (Voyez pour le développement du titre, l'adresse et le prix, le deuxième cahier de notre journal 188.)

Errata. Dans les pages 115, 116 et 117 du quatrième cahier de notre Journal (1808), substituez partout le nom propre Carr au nom propre Corr.

Deuxième extrait.

Après avoir quitté le Danemarck en traversant le Sund, dont la largeur n'est que d'environ quatre mille anglais, M. Carr débarqua en Suède, près de la forteresse de Cronenbourg dont les batteries composées de 365 pièces de canon n'empêchèrent pas les amiraux Parker et Nelson de franchir le Sund. L'impatience qu'il avait de gagner Stokholm était bien secondée par la manière rapide dont on voyage en Suède, avec la précaution néanmoins d'envoyer toujours devant lui un courier pour faire préparer les chevaux, dont les paysans suédois sont obligés de tenir toujours pendant vingtquatre heures un certain nombre à la poste, ordre de choses fort oppressif et très-préjudiciable surtout à l'agriculture. Il faut se pourvoir d'alimens pour faire sa route; car les oeufs même sont une chose extrêmement rare dans le pays. Le voyageur s'y apperçut à-peine du printemps; et quoiqu'on fût au 17 juin, l'air du matin était très-frais et très-piquant. Le sol présente par-tout l'aspect de la solitude et la stérilité; c'est un rocher continuel de granit, hérissé de forêts de sapins. Les chaumières et même la plupart des maisons y sont construites en charpentes garnies

de mousse. La toiture est formée d'écorces de hêtre qui forment un lit de

gazon propre à être fauché. Le plancher des chambres est jonché de copeaux de jeunes pins qui exhaleut une odeur désagréable.

La population est très faible dans les provinces de Scanie et de Smaland. Il existe cependant quelques villes entre Flensberg et Stokholm; mais on est obligé de parcourir des forêts depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher, et d'y passer même la nuit. Ces forêts n'offrent par intervalle que quelques clavières où l'on a mis le feu aux arbres pour les exploiter, et dont les souches, vu l'inépuisable abondance de bois, restent sur la terre à hauteur d'appui. Dans tout ce pays, le villageois est mal vêtu et misérablement logé ; cependant le contentement et la santé 'éclatent sur sa physionomie.

Nordkoping est située dans l'Ostrogothie; c'est une grande et belle ville qui tient le premier rang après la capitale. Les toits des maisons couverts de gazon lui donnent un aspect de pauvreté et de misère, qui disparaît dans l'intérieur des logemens. La beauté de cette ville consiste principalement dans les eaux de la rivière de Motala, qui, vers le quartier où sont les manufactures, précipite son cours avec une extrême violence, et tombe sur des rochers en différentes masses brisées dont l'ensemble forme une superbe cascade. Cette ville renferme de nombreuses fabriques de drap, de papier, de cuivre et de fusils. Les montagnes qui entourent Nordkoping offrent une perspective qui ressemble aux vues de la Suisse. Du haut de leur sommet, on découvre des rochers d'une immense étendue, des lacs, des forêts de sapin et des hameaux disséminés au loin.

C'est le plus beau coup-d'œil que la Suède ait offert au voyageur.

La curiosité porta M. Carrà visiter une chaumière de ce pays. Il y vit de longues rangées de pain faits de seigle et d'or

-ge', de la largeur à-peu-près d'un pied, de l'épaisseur du doigt, et percés au milieu d'un trou à travers duquel on passe une ficelle pour les suspendre

au plancher. Les paysans ne cuisent qu'une ou deux fois par an. Dans les temps de stérilité, ils ajoutent à la farine un peu d'écorce de hêtre pulvérisée; ce qui donne au pain, dit le voyageur, une telle consistance qu'il faut des dents d'acier pour y mordre. Ces paysans s'occupent perpétuellément à tisser de la toile grossière, filer ou à carder du chanvre. Leur boisson, la bière, est d'une très faible qualité; mais, chose étonnante! on est sûr de trouver dans ces chaumières du sucre et du café. Les femmes portent des voiles de crêpe noir qui, pendant l'hiver, protègent l'œil contre la blancheur de la neige, et dans l'été contre les rayons du soleil réfléchis par l'âpre nudité des rochers. Toute la monnaie en circulation dans ce pays consiste en papier; le voyageur n'y vit qu'une seule pièce d'argent.

pos

On entre de ce côté à Stokholm par un faubourg pavé de grosses pierres inégales. L'Hôtel de France où le tillon conduisit le voyageur, et où personne ne parle français, était compose d'une file d'appartemens peu commodes. Les autres hôtels garnis de Stokholm sont aussi mauvais et en petit nombre. Après s'être reposé, il monta sur une éminence appelée le mont Moyse, située dans le faubourg du sud, d'où l'on découvre à vol d'oiseau cette belle et singulière ville qui a paru à M. Carr un peu plus grande que Bristol, et est située sur une petite portion de deux péninsules, et sur sept iles de granit baignées par un bras de la Baltique le lac Mælar et ses embranchemens.

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Les maisons des marchands du faubourg du midi, lesquelles font face aux vaisseaux en mouillage au pied même de ce quai, sont très élevées et sont construites dans le genre de l'architecture italienne. La plupart des hâtimens de Stokholm s'élèvent en amphithéâtre; ils sont construits en pierre et en brique, revêtus en plâtre, ou peints en janne-tendre. Le faite des couvertures de tuiles d'un brun-foncé; avec l'aspect environnant des rochers épars

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