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S'il eft vrai que ton coeur, fuivant fes doux trans

-ports,

N'aime, ne voit, n'entend, ne vit qu'en tes trefors,
J'ofe te conjurer, au nom de ton or même,

De vivre pour lui feul, en changeant de Syftême.
Loin d'enfermer ton Dieu, comme un Dieu malfai-
fant,

Déviens à fon égard un Hôte complaifant,

Permets lui de rouler dans des bornes préfcrites.
Pourvû que la prudence en marque des limites,
Ce Dieu retournera, chargé de nouveaux biens,
Comme Mentzel *) retourne au Camp des Autri-
chiens.

Tu vois la probité fouvent néceffiteufe,

Et, faute de fecours, en vain industrieufe;
Tu dois la fecourir; c'eft en la protégeant,

Qu'un riche avec honneur place bien fon argent.
Sois l'ame du Negoce; ouvre au Marchand ta
bourse,

Qu'il promene ton or du Midi jusqu'à l'Ourfe;
Que par toi des Manans, oififs ou pareffeux,
Faffent du Champ ftérile un terroir fructueux.
Transforme les Ruifleaux en Canaux, en Rivières ;
En Colomb fouterrain découvre des Minières;
Rends, en un mot, ton vice utile au Genre Humain,
Et, pour mieux t'enrichir, enrichis ton Prochain.

Je t'implore aujourd'hui, Mufe de Simonide,
Si jadis d'un Tyran inhumain et fordide,
Tu fis, dans Syracufe, un Prince vertueux,
Répand fur mes Ecrits ton feu miraculeux!
Ma vanité renonce au talent équivoque
D'un mordant Hipponax, d'un cruel Archiloque,
Leurs lauriers font affreux; je n'aspire aujourd'hui
Qu'au don de convertir l'Avare malgré lui.

B 6 5

Hâtons

*) Ce prétendu Baron, Colonel des Houffars au Service
de la Reine de Hongrie, brilloit alors dans les Gazet-
tes, en attendant l'honneur de vivre dans l'Hiftoire. Il
privoit la France de fept Partifans, tous gens de valeur,
et qui favoient leur métier.

von Bar.

von Bar.

Hâtons nous; vil pécheur, fouffre que je te traîne,
Pour l'honneur de ma Mufe, au bord de l'Hippo-
crène,

A grands coups d'afperfoir j'y veux t'exorcifer,
Et chaffer le Démon qui fçait te maîtriser.
Je connois la grandeur de ma noble Entreprise,
Je confens qu'on la marque au coin de la Sottife;
Mais, pourvû que j'arrache à ton coeur gangrené
Un acte généreux pour quelque Infortuné,
Que tu puffes goûter le plaifir ineffable
D'affranchir de fes maux un Etre miférable,
Harpagon, je triomphe, et par mes cris joyeux
J'annonce le miracle au public curieux.

Oui, le moindre Avant-gout des voluptés du Sage
Invite à la vertu l'Efprit le plus fauvage;

Un bienfait bien placé, par fes propres attraits,
Nous porte à redoubler nos dons et nos bienfaits.
Viens, pour te voir guérir de ta trifte infamie,
Des hôtes du pavé guerir la boulimie,
Sois le pere des Gueux; c'eft un titre fi doux,
C'est un emploi fi beau, qu'il les efface tous.
Si tu viens éprouver, Patron de la Canaille,
Le charme de nourrir un Pauvre fur la paille,
Bientôt naitront en toi ces tendres mouvemens,
Heureux avant-coureurs des nobles fentimens ;
Bientôt l'Humanité, cette lumière innée,
Saura déraciner ta léfine incarnée;

Soudain la Charité bannira de ton Coeur

Le lâche Amour du gain, pour y placer l'Honneur;
Et l'Honneur dirigeant ta vie et tes largeffes,
Nous verrons Harpagon digne de fes Richeffes.

Dorat.

Dorat.

Dorat.

-

S. B. I. S. 26. Viele seiner anmuthigften Gedich te, die nicht eigentliche Episteln find, unter andern das schdne Stück, Ma Philofophie, find ganz in der leichten, flüchtis gen Manier dieser Gattung geschrieben, die durch dieses Dichters Bearbeitung noch mehr Reiz und Interesse gewonnen hat. Vorzüglich aber haben seine eigentlichen poetischen Briefe von dieser Seite großes Verdienst. So tändelnd und kunfilos ihr Ton ist, so treffend find doch `manche einzelne Züge derselben, nicht bloß für Phantasie und Wig, sondern auch für Herz und Gefühl.

EPITRE A M. **

De ton agrefte folitude,
Je vais donc quitter le repos:
Adieu ces tranquilles berceaux,
Où je confacrois à l'étude

Des jours plus fereins et plus beaux;
Adieu cet inculte hermitage,

Coupé de limpides canaux,

Où la nature, un peu fauvage,
Sort d'une forêt de rofeaux,
Pour fourire aux vertus d'un fage.
Je ne verrai plus fur les eaux
Se jouer tes cygnes fidêles
Mêlant l'albâtre de leurs aîles
Au verd naiffant des arbriffeaux;
Je n'entendrai plus les marteaux,
Dans tes forges retentiffantes
Frappans des coups toujours égaux,
Soumettre aux flammes jailliffantes
Le plus indompté des métaux
Laffé des champêtres tableaux,
J'errois fous la voûte bruyante
Où Vulcain, d'une main ardente,

Lui

Dorat.

Lui-même attife tes fourneaux;
Souvant j'y devançois l'aurore;
Ah! peut-on voir avec ennui
Un feu pétillant et fonore
Chercher, dans le fer qu'il dévore,
Un aliment digne de lui:
Du métal vaincre la rudefle,
A cent formes l'affujettir,
D'un fil lui donner la foupleffe,
Ou le forcer de f'arrondir?
Ah! que dans nos plaines fertiles
Par lui nos focs foient façonnés!
Qu'il' fe courbe en ferpes utiles,
Par qui nos grains font moiffonnés !
Que pour le dieu de la tendreffe,
Il forge les heureux verroux,
Qui garantiffent des jaloux
L'amant et fa jeune maîtreffe:
Mais qu'il ne compofe jamais
Les gonds, les barreaux déteftables
De tous ces antres formidables,
Où la beauté dans les regrets
Abjure enfin ces voeux coupables
Qui nous dérobent fes attraits!
Qu'il n'arme point la barbarie
De ces cohortes de brigands
Qui courent prodiguer leur vie,
Pour défennuyer leurs tyrans;
Sous la hache du defpotisme
Ne tranche point notre deftin,
Et n'aille pas de fang humain
Baigner l'autel du fanatisme!

O mon ami! tels font mes voeux.

Toi, demeure dans cet afyle

Où fimple, obfcur et vertueux

De notre fafte puérile

Tu ris, en regardant les cieux.
Près de ta refpectab e mère,
Tu mets à profit tes beaux jours;

Та

Ta vie est un paifible cours
Qu'embellit le foin de lui plaire.
La raifon réglant tes defirs,
Ce cortège de la jeunesse,
Enchaine, aux pieds de la vielleffe
Tes paffions et tes plaifirs!
Tu peux, fans redouter le blâme,
Rendre compte de tes momens;
La nature enrichit ton ame
De ce qu'elle enleve à tes fens.
Pour moi, je ne fais quelle ivreffe,
Dispofant toujours de mon coeur,
Me laiffe eftimer la fageffe,

Et me fait courir à l'erreur;
Oui, déja tout mon fang bouillonne;
Les trésors parfumés des champs,
Des Céres les nouveaux préfens,
L'amitié même, hélas! pardonne,
Rien ne maîtrife les élans

D'un coeur qui toujours f'abandonne
A la foule de fes penchans;"
Rien ne me touche et ne m'arrête;
Il me faut un monde nouveau:
Ami, je reprends mon bandeau
Et cours affronter la tempête.
Je vais, dans mon aveuglement,
Errer de chimère en chimère;
Offrir un culte involontaire
Aux illufions du moment;
Achêter, par de longues peines,
Une étincelle de bonheur;
Crier liberté dans les chaînes,
Et rire au fein de la douleur;
Dans une pénible pareffe
Confumer chaque trifte jour,
Et fur tout livrer ma foibleffe
A tous les rêves de l'amour.

Dorat.

1

Ah!

3

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