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moitié des conducteurs de cuivre, pour transporter le même courant électrique. Quant aux chances de rupture de ces nouveaux fils ou conducteurs, il ne faut point s'en préoccuper, car, pour un même poids, ils seront beaucoup plus résistants que les fils de cuivre; par suite en peut s'assurer une résistance équivalente en économisant très sensiblement sur le poids. En présence de ces résultats, il est naturel que dès maintenant les États-Unis possèdent une longueur totale de plus de 800 kilomètres de conducteurs électriques en alu'minium, pour distribuer une puissance de 65.000 chevaux fournie par des stations électriques.

Nous pourrions ajouter que, si l'aluminium est, sous cette forme, en train de se substituer partiellement au cuivre, à d'autres égards il remplace partiellement le plomb et l'étain. Non seulement en effet il permet ces soudures sans « soudure » dont nous avons parlé; mais encore il est employé couramment aujourd'hui pour remplacer ces fameux papiers d'emballage en étain, dont il se fait une consommation formidable vraiment dans le monde; les nouveaux papiers d'aluminium ne sont pas entièrement constitués de ce métal, mais bien de papier ordinaire recouvert d'une couche d'aluminium. Cela ne fait du reste que donner plus d'élasticité au nouveau produit, qui est sans doute appelé à faire disparaitre presque complètement le vieux et coûteux papier d'étain, coûteux, surtout étant donnés les prix atteints par le métal dont on le fabrique.

DANIEL BELLET.

ANALYSES ET COMPTES RENDUS

Capitaine d'Ollone. La Chine novatrice et guerrière. Lib. A. Colin,

1 vol. in-18.

Voici encore un volume dans la série nombreuse qui traite de la Chine. Le capitaine d'Ollone a cherché à comprendre le pays où il était envoyé en mission et il a eu l'idée fort juste de rattacher le présent au passé; si l'idée est juste, elle n'est pas neuve, même en ce qui touche la Chine, les écrits d'Ed. Biot, de De Groot, d'Abel Rémusat, du P. Amiot (je cite au hasard) cherchent toujours l'origine des institutions et des idées modernes dans ce qui est connu de l'antiquité. Seulement les ouvrages des sinologues, vivants ou morts, sont restés dans le cercle des spécialistes; la civilisation de la Chine forme un ensemble si vaste, si indépendant de l'Occident, nonobstant de nombreuses connexions, qu'elle n'a pu encore être exposée, de façon à peu près adéquate, aux yeux du grand public, voire des «< honnêtes gens ». Le capitaine d'Ollone n'a pas tenté un exposé général; en cherchant à montrer le lien entre les mouvements actuels de la Chine et les faits de sa longue histoire, il a volontairement limité son champ visuel à quelques directions, à quelques percées dans un ensemble trop touffu, les relations étrangères, les religions, l'aristocratie, l'armée, etc. Encore eût-il gagné peut-être à se borner davantage, il eût pu défricher un champ restreint au lieu de jalonner une route si vaste et il eût alors échappé sans doute à des obscurités, à un certain décousu, à des redites, qui naissent d'un plan un peu flottant. Tel qu'il est, ce volume prêtera matière à réflexion au lecteur qui veut s'enquérir de la Chine; les rapprochements fréquents avec l'histoire occidentale, la brièveté de certaines formules (ainsi : Louis XI chinois, il supprima les grands vassaux, la grande muraille constituait une route stratégique incomparable) piquent l'attention s'il naissait de là quelque curiosité intelligente, quelque dégoût pour les idées rebattues et non vérifiées, l'auteur aurait rendu un service.

Une des thèses présentées, c'est la mobilité, l'esprit d'adaptation de la race chinoise, en opposition avec l'immobilité dont nous avons fait un dogme. Je n'ai pas attendu ce jour pour signaler dans le passé reculé ou recent les vicissitudes de quelques institutions, pour imaginer à l'avance ce que serait pour les affaires publiques l'intervention des classes commerçantes, ou seulement l'intérêt manifesté par elles. Mais il faut bien constater

que, pour avoir évolué, la forme de la famille a été toutefois depuis l'origine singulièrement plus fixe qu'en Occident; que l'aristocratie lettrée des mandarins sous les Han offre plus d'un trait commun avec celle des derniers siècles et que, si dans l'intervalle l'influence de cette classe a subi des éclipses, cependant le mandarinat s'est reconstitué d'après des principes analogues aussitôt que les obstacles momentanés ont disparu. Il faut noter aussi que depuis le XVIe siècle jusqu'à la fin du XIXo, et cela malgré la conquête mantchoue, les cadres de la société n'ont pas bougé, les classes sont restées immuables, les individus mêmes ne passant de l'un à l'autre que d'après des coutumes consacrées et prévues; certes, il y a eu auparavant de grands bouleversements sociaux; mais la période dont je parle est la seule dont l'Europe ait eu connaissance directe et d'après laquelle se soient modelės ses concepts. Avec ces restrictions, j'admets toutefois cette thèse; mais je ne saurais adopter l'avis de M. d'O. quand il dit, si je le comprends bien, qu'historiquement il n'y a pas de Chine, que la Chine, pas plus que l'Inde n'est ni un pays ni un peuple, qu'elle est un tout complexe (p. 237). Complexe, certes; souvent morcelé, d'accord; comprenant sur son territoire des races diverses qui, même après des siècles d'union, ne peuvent encore s'entendre sans interprètes, cela est vrai. Mais au-dessus de tout cela il y a une civilisation commune, des aptitudes pratiques, des arts, une littérature, une écriture (monument raffiné et splendide, non pas «< grimoire indéchiffrable », p. 196), un concept de la vie, qui forment un tout, qui ont évolué ensemble, qui sont consacrés par le souvenir de trente siècles d'histoire : la conscience de cette unité dans le passé et dans le présent, quand même les associations d'idées et la liaison des intérêts ne se présenteraient pas aux Chinois comme aux Occidentaux, peut bien suffire pour former une nation. M. d'O. croit à une dislocation plus ou moins prochaine je ne me hasarderai ni à approuver ni à combattre cette prophétie.

Je ne signale pas quelques erreurs ou quelques faits insuffisamment établis1, préférant discuter les idées; j'aurais aimé, je dois toutefois le dire, que l'auteur eût fait revoir les noms propres par quelque sinologue, qui aurait du moins mis de l'unité dans la transcription: il aurait ainsi évité la confusion des systèmes graphiques divers 2.

MAURICE COURANT.

1. P. 53, les escadres mongoles à Ceylan et à Madagascar; p. 62, la soumission de la Mongolie aux Ming; p. 31, les Japonais en Corée au Il' s. a. C.; p. 29, le meurtre de Tshin Chi hwang-ti, etc.

2. Sons semblables en italiques; liéou v. you, ouéi v. wei, chao v. tchang, hsang v. si v. hi, tsoung v. hong, etc.

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L. Richard. Géographie de l'Empire de Chine (Cours supérieur). 1 vol. in-12 de xv+564+ xxII pages. Chang-Haï, Imprimerie de T'ou-sè-wė,

1905.

Voici un livre en français sur la Chine, qui nous vient de Chine. Il y a là semble-t-il un fait assez intéressant et assez rare en même temps, pour mériter d'être signalé pour lui-même. Mais d'autres raisons recommandent le nouveau volume à notre attention.

L'auteur, M. L. Richard, de la Société de Jésus, attaché depuis plusieurs années en qualité de professeur, au Collège de Zi-ka-Wei, près de ChangHaï, possède outre la connaissance de la langue, une expérience assez longue déjà des hommes et des choses de Chine. Il a donc par là un avantage marqué sur la plupart de ceux qui ont entrepris avant lui de nous faire connaitre la nature physique, l'organisation politique et administrative du grand empire jaune.

A vrai dire, comme l'indique le titre, il s'agit ici d'un ouvrage nettement scolaire; d'ailleurs, l'auteur le déclare avec franchise, dès sa préface : « Plusieurs plans s'offraient à nous, également bons... Nous avons choisi celui qui nous a paru le plus favorable pour l'enseignement méthodique à des élèves chinois. » De là, de nombreuses divisions et subdivisions, se répétant d'une manière identique de chapitre en chapitre, le numérotage des principaux paragraphes, les entêtes d'alinéas en caractère gras, etc. Mais le livre n'en reste pas moins appelé à rendre bien des services à tous ceux qui dans la métropole s'intéressent à l'Extrême-Orient. C'est ce que je voudrais essayer de montrer par la rapide analyse qui va suivre.

Après une introduction de sept pages où sont esquissés les résultats actuels des recherches scientifiques touchant la formation géologique du sol de la Chine et les origines de la population présente du pays, la description des dix-huit provinces de la Chine propre occupe, dans le livre I, 9 chapitres établis suivant le plan ci-après qui, comme il vient d'être dit, se reproduit invariablement pour chaque province : Superficie, nombre des habitants. Le nom. Les limites. La capitale. Autres préfectures. Aspects et caractéristiques. Constitution géologique. Relief. Climat. Hydrographie. Faune et flore. Richesses agricoles. Richesses minérales. Population. Langue. Villes et centres principaux. Industrie et commerce. Voies de communication. Ports ouverts.

Le livre II est consacré aux pays dépendants de la Chine ou récemment séparés Mandchourie (ou Mantcheou), la Mongolie (ou Mong-Kou), le Turkestan ou Nouveau Territoire (Sin-Kiang), le Tibet (ou Si-Ts'ang), la Corée (Han Kouo) et enfin Formose (ou Taiwan). Le même plan, que pour les dix-huit provinces, se retrouve ici, quelque peu abrégé cependant.

En dehors de cette description générale du Céleste Empire province par province, ou pays par pays, des chapitres spéciaux, dans le livre I, traitent à part des vallées du Pei-ho et du Hoang-ho (I, section 1), du Yang-tse-Kiang et du Hoai-ho (I, sect. 11), du Si-Kiang et des rivières côtières du Fou-Kien

et du Tché-Kiang (I, sect. 1), faisant connaître notamment pour chaque bassin, les caractéristiques, la constitution géologique, le relief, le climat, l'hydrographie. Je citerai par exemple ce passage consacré au Hoai-ho, dit communément la Hoai... « Il suit dans la province (du Ngan-Hoai) une direction de S.-O.-N.-E. et se jette dans le lac Hong-Tché. Il recevait jadis une partie des eaux de Hoang-ho, par le Cha-ho qui est encore son affluent le plus important. Le Hoai-ho a de 150 à 400 mètres de large et est sujet à des crues violentes qui brisent souvent ses digues de la rive gauche et inondent le pays voisin. Comme lui, la plupart des ses affluents sont navigables, mais il leur manque des canaux pour les unir entre eux, canaux jadis creusés, dit-on, par le grand Yu, comblés depuis, malheureusement. >> Après avoir donné, au sujet du même fleuve, des indications à peu près semblables, le Chinese Empire, volume publié dernièrement à Londres sous les auspices de la China Zuland Mission, rappelle que le grand Yu fut un ministre d'État, qui vécut sous le règne de Yao en 2357-2255 avant J.-C. Yu devint lui-même empereur (2205-1198). La région du cours inférieur de la Hoai, ainsi que celle des bords du lac Hong-tché, fait partie de l'aire où la famine a le plus cruellement sévi l'hiver dernier 1. Dans la section IV du livre I (pp. 232-279) sont étudiées séparément, les côtes, dont le développement, depuis le Tchéli jusqu'au Koang-Tong a été évalué, d'une façon générale, et sans tenir compte de toutes les sinuosités, à 3 500 kilomètres. « Il faudrait plus que doubler ce nombre, dit à ce sujet M. L. R., si l'on voulait suivre la côte dans ses nombreuses indentations et encore sans faire mention des côtes de ses îles 2. » Après avoir décrit la nature des côtes (dont il n'existe en Chine que deux types principaux, la côte d'alluvions et la côte granitique), l'auteur donne au sujet des marées, du régime des vents, des cyclones, typhons, etc., des détails précis résumant les observations de l'Observatoire de Zi-ka-weï, célèbre dans tout l'Extrême-Orient. Je signalerai, notamment, p. 239, un diagramme montrant la variation annuelle du vent à Shanghaï de novembre à janvier, la brise souffle du N.-N.-O. la plus grande excursion à l'O. est en décembre. Juillet donne la résultante la plus sud. C'est en somme le résumé du régime des moussons.

La section suivante (v du livre I) est celle qui, sans doute, est destinée à être la plus utile et la plus intéressante pour les lecteurs en Occident. Elle se rapporte spécialement au gouvernement et à l'administration de l'empire de Chine, à l'état de sa ou plutôt de ses populations ainsi qu'à son développement économique. Elle se termine par un résumé historique présentant un tableau en raccourci, mais clair et exact, des périodes qu'ont tra

1. V. les Trades Returns des Douanes Maritimes chinoises pour 1906. Part. II, vol. II, Yangtze Ports; carte du district de la famine, jointe au rapport sur le commerce de Tchinkiang (p. 217).

2. Développement des côtes de France: 2 800 kil. (dans la Corse, 490 kil.), du Japon, îles principales: 10 239 kil.

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