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versées les générations des fils de Han, soit, après les époques mythologiques (les 10 ki, âges, des historiens chinois) et légendaires (les cinq souverains) les temps des 22 dynasties, à partir de la fondation de l'empire (2 205 avant J.-C.) jusqu'à nos jours.

La compétence particulière de l'auteur se manifeste spécialement dans la partie relative au gouvernement et à l'administration. Après avoir énuméré les différents rouages du système à Pékin, où les «< Six Ministères >> traditionnels, Lou-Pou, ont été augmentés en 1903 d'un ministère du Commerce, et en 1904, d'un office de l'Instruction Publique, M. L. R. décrit l'administration provinciale qui n'est pas tout à fait uniforme, comme on sait, même dans la Chine propre. Parmi les dix-huit provinces ou Cheng, les unes ont à leur tête un gouverneur général ou vice-roi (Tsong-tou, vulgo, Tche-Kaï, les autres, seulement un gouverneur (Sian-fou, vulgo, Fou-t'ai). Puis il passe en revue les différents emplois existant dans chaque province, depuis ceux de Se-tao (receveur de Finances, grand juge, contrôleur de la Gabelle, contrôleur des grains), de Taotaï, intendant de circuit, de Hio-t'ai, Hio-Tcheng, examinateurs, etc., jusqu'aux postes de Tchai-jen (satellites de Tribunal, ou plutôt de Yamen) et de Ti-pao (sortes de gardes champêtres) en passant par les Eul-fou, Pou-tiny (assistants de préfets, sous-préfets, etc.). Il y a là un ensemble d'indications précieuses par leur abondance et leur sûreté, bien propres à éclairer plus d'une nouvelle arrivant de Chine, et plus d'un passage de récits des voyageurs. Je me bornerai à noter ici un point important parmi tous ces fonctionnaires, fort peu nombreux, en somme sont ceux qui sont nommés directement par le Gouvernement central. Un tableau général de l'Administration chinoise résume d'une façon synoptique, en les complétant dans certains cas, les renseignements donnés au cours de ce chapitre. De grandes dimensions (1 m. 0.55), comportant 53 colonnes verticales et 24 horizontales, il est renfermé dans une pochette à part. Les 24 colonnes horizontales correspondent aux 18 provinces de la Chine propre, plus celles de la Mandchourie et du Turkestan. Dans les pages traitant de la population, M. L. R. exprime l'avis que le caractère moral de la race chinoise (peut-être le pluriel eût-il été ici plus exact?) est encore plus difficile à déterminer, plus variable que les traits physiques. Au sujet de la langue, l'auteur nous dit, p. 334 : « Dans la plus grande partie du pays, on parle la langue chinoise... On appelle cette langue le mandarin ou le Koan-hoa. » Toutefois, on distingue le mandarin du nord, celui du centre, celui de l'ouest. Dans les provinces de l'E. et du S.-E., on parle divers dialectes (plus exactement diverses langues) se rapprochant plus ou moins du mandarin, en différant pourtant assez pour être incompréhensibles à un Chinois de pays mandarin. M. L. R. en énumère 8, parlés par des populations comprenant au total 83 millions d'individus.

La langue mandarine (Koan-hoa) est essentiellement une langue parlée : elle peut cependant être aussi employée par écrit. A côté et au-dessus d'elle existe, pour les lettrés, la langue écrite, ou langue classique, celle qu'ont

étudiée et approfondie, sans d'ailleurs sortir de France, les éminents sinologues qui ont nom Abel Rémusat, Stanislas Jullien, etc. Celle-ci comporte à son tour des distinctions et se divise notamment en style (Kou-wen et demi-style (wen-li). Un certain nombre de journaux et la plupart des livres d'études modernes sont rédigés en wen-li, mode d'expression de la pensée qui est compris à la lecture, sinon à l'audition, par les Japonais cultivés ainsi que par les lettrés annamites, coréens, etc. Enfin les Miao-tsé, les I.-kio, les Lolos, les Mossos ont leur langue et leur écriture propres, complètement différentes de la langue et de l'écriture chinoise. L'impression qui se dégage en somme de cette revue rapide des langues de la Chine propre, c'est que celle-ci, en réalité, ne fait bloc que pour qui se contente d'une étude superficielle. Finalement, on est amené plutôt à admettre que comme le monde dans son ensemble, la Chine est, à la fois, unité et diversité.

Bien d'autres points, dans ce livre riche d'observations intéressantes, de données bien contrôlées, mériteraient mieux qu'une simple mention en passant particulièrement les chapitres sur les religions, l'instruction, l'agriculture, les mines et l'industrie (à cet égard on aurait aimé à trouver quelques détails de plus, notamment en ce qui concerne les industries étrangères), les voies de communications. Mais il faut nécessairement se borner. Je souhaite seulement en avoir assez dit pour engager le lecteur qui prend, à un titre quelconque, intérêt aux choses d'Extrême-Orient, à recourir à l'ouvrage lui-même. Des listes bibliographiques étendues, composées sans aucun parti-pris d'exclusion systématique, portant sur les ouvrages français, anglais et allemands, sont placés à la fin de chaque chapitre des tables analytique et alphabétique, établies avec beaucoup de soin, un index des principaux termes géographiques chinois (avec les caractères à côté de la transcription française) achèvent de faire de ce volume un précieux instrument de travail.

ED. CLAVERY.

A. Bourguet.

Etudes sur la politique étrangère du duc de Choiseul. 1 vol. in-8, Paris, Plon.

Dans un ouvrage récemment paru, M. Bourguet nous avait fait connaitre les circonstances qui préparèrent le pacte de famille. Et il y avait trouvé l'occasion de mettre en valeur le talent diplomatique de Choiseul. Il reste fidèle à son héros, dans le présent ouvrage, qui n'est, à proprement parler, qu'un recueil d'articles. L'auteur nous en prévient: il procède méthodiquement; il enserre son sujet de travaux d'approche minutieux et bien noués. Chacune de ces études prépare une œuvre définitive et nous en fait déjà pressentir l'esprit. M. A. B. veut réhabiliter Choiseul. Qu'il nous parle de ses premières relations avec l'Autriche, après son arrivée au ministère, ou

de ses tentatives pour détacher la Hollande de l'Angleterre, ou de ses efforts pour nouer avec cette dernière des négociations de paix, à la Haye d'abord, avec M. d'Affry, puis à Londres avec M. de Bussy, c'est toujours le même homme qu'il nous montre soucieux de son devoir, de l'honneur de son maître et de la grandeur de son pays, habile à saisir les occasions, constant dans ses efforts, et d'un beau sang-froid quand les choses tournent mal. M. B. cite de longs passages de sa correspondance. Cela est fort bien fait. Rien ne peut rendre mieux le caractère, la pensée et la valeur de l'homme que ces pages alertes et bien raisonnées, qui font comme un manuel du bon sens et de l'honneur à l'usage des diplomates.

M. C.

Léon Douarche, docteur en droit, licencié ès lettres. Les Conventions relatives aux conditions du travail. Paris, Marchal et Billard.

La question du contrat collectif du travail est à l'ordre du jour dans nos assemblées législatives depuis que le gouvernement a déposé, en juillet 1906, un projet de loi sur ce sujet. M. L. D. a étudié ce problème sous ses différents aspects juridiques : la formation des conventions collectives; leurs effets et leurs sanctions. Son travail est précédé d'une bibliographie très complète, que consulteront tous ceux qui voudront écrire sur le même sujet. Un chapitre est consacré à l'histoire des conventions collectives, tant en France qu'à l'étranger. On y voit, par l'exemple de l'Angleterre, des ÉtatsUnis, de l'Allemagne, etc..., quel rôle bienfaisant jouent ces contrats dans la solution pacifique des conflits entre le capital et le travail.

L'objet du contrat collectif touche à une foule de questions: le taux du salaire, la limitation et la fixation de l'horaire du travail, le temps, le lieu et les modalités du paiement, les heures supplémentaires, le travail à la tâche et au temps. Les effets du contrat collectif doivent être, d'après M. L. D., la réglementation de la concurrence et la régularisation des prix. Les conventions collectives ont aussi des effets conciliants sur les grèves : elles ne sont pas un remède absolu, un traité de paix perpétuelle, mais elles contribuent à limiter et à solutionner les conflits.

L'auteur examine ensuite la portée des conventions collectives, les obligations qu'elles engendrent et les sanctions qu'elles comportent en cas de rupture.

A.

Georg Jellinek.

Berlin, O. Häring, 1 br.

Verfassungsänderung und Verfassungswandlung.

M. G. Jellinek s'est fait, dans les études de droit public, une place assez large pour que rien de ce qu'il écrit ne passe inaperçu. Il arrive à un moment de la vie savante où, après les patientes recherches de l'érudition

et les longs efforts des vastes ouvrages, on se recueille volontiers, pour condenser ses réflexions, et ramasser les résultats de ses expériences en quelques constatations précises. Cela donne à la fois plus et moins qu'un livre. On n'a plus, dans une œuvre de ce genre, le développement copieux, ni la documentation parfaite de l'œuvre de longue haleine; on y trouve, par contre, en quelques pages d'une allure libre et presque familière, des idées largement esquissées, qui vont chercher leurs points d'appui dans tous les coins de la science, et y jettent de larges traits de lumière. De semblables travaux n'apprennent rien de nouveau : ils font mieux comprendre ce que l'on savait déjà. En groupant des aperçus épars, ils font jaillir des révélations. Ils ramènent à la simplicité de deux ou trois faits fondamentaux les impressions des longs développements didactiques.

Nous trouvons quelques-uns des mérites de ce genre d'ouvrages dans l'opuscule de 80 pages que M. Jellinek a consacré à l'étude de la revision et de l'évolution des constitutions.

En voici le très bref résumé :

L'auteur signale dans l'introduction la nécessité, en Allemagne, d'études constitutionnelles ouvertes beaucoup plus dans le sens de l'observation politique, que vers le commentaire juridique. C'est sous l'impression de cette idée qu'il a poursuivi la présente étude. Il constate ensuite que les lois dites fondamentales ne sont pas, en réalité, dans un État quelconque plus solides que les lois ordinaires. Les unes comme les autres sont commandées par la nécessité. Si, en droit, une constitution ne peut être modifiée que par la loi, la coutume et, peut être, le juge, il en est, en fait, tout autrement. Un État a le droit absolu de changer sa constitution. On a vu, souvent, des révolutions opérer des transformations complètes. C'est le cas particulièrement en France, dont l'exemple prouve que l'abrogation des lois fondamentales n'entraîne pas forcément la disparition des principes qu'elles ont posés. Certains États, comme l'Amérique, ne touchent pas au texte primitif de leur constitution, mais y apportent, par adjonctions successives, des amendements; d'autres, comme l'Allemagne, ne se soucient même pas de maintenir la concordance entre leur acte fondamental et les lois successives qui y ont apporté des dérogations (p. 6). L'expérience a prouvé la faiblesse de ce qu'on appelle les garanties constitutionnelles. En fait, une constitution évolue constamment sous l'influence de multiples facteurs au nombre desquels il faut placer les règlements des assemblées (p. 9), les lois ordinaires, et l'interprétation des administrateurs et des juges (p. 14). Ces derniers jouent un rôle particulier dans le système constitutionnel américain dont l'Europe n'a pas toujours compris le mécanisme et s'est exagéré le mérite (p. 16-20). La nécessité et le fait accompli jouent dans l'évolution des constitutions un rôle prépondérant. On en trouve des exemples remarquables en Allemagne (p. 21-24). Une constitution se modifie suivant l'usage que chacun des pouvoirs fait de ses attributions. Se transforme-t-elle par le non-usage de l'une d'elles?

L'auteur opine pour la négative. Le facteur le plus puissant de la transformation est l'évolution lente qui modifie la constitution dans toutes ses parties et produit des résultats inattendus tel que, par exemple, la tendance actuelle des Assemblées à abdiquer entre les mains d'un Cabinet tout-puissant (p. 46). L'expérience nous montre partout une opinion singulièrement refroidie à l'égard du parlementarisme. Il en est de cette institution comme de beaucoup d'autres la théorie la représentait comme parfaite et l'usage en démontre la faiblesse (p. 62). Rien de plus fictif que l'idée de la représentation du peuple (p. 64). En fait, en dépit de la démocratisation, le prestige des chefs d'États (Édouard VII, Roosevelt) augmente sans cesse (p. 69). Mais, insuffisance ne veut pas dire disparition des Parlements. Que peut-on prévoir? Des articles de lois ne sauraient assurer le partage des pouvoirs. « Les vraies forces politiques se meuvent d'après leurs lois propres, qui agissent indépendamment de toute forme juridique. On voit

déjà, à côté des assemblées, s'élever de nouvelles forces politiques, la presse, les associations, qui prennent chaque jour une influence plus grande et réduiront peut-être un jour le Parlement au rôle de simple agent de transmission entre les deux seules forces naturelles et indestructibles de l'État le gouvernement et le peuple (p. 80).

:

On le voit M. Jellinek ne nous dit rien que nous ne sachions déjà, mais il dit mieux, et avec plus d'autorité ce que l'opinion et l'expérience nous font entrevoir depuis quelque temps déjà. Deux idées, dans cette œuvre, doivent surtout nous arrêter : d'abord, la nécessité, en Allemagne, d'orienter plus directement les études constitutionnelles vers l'observation des faits politiques; c'est la méthode dont M. Boutmy a tiré, chez nous, tant de profit et dont il a si bien prouvé la valeur. En second lieu, la constatation de l'insuffisance des principes à assurer, par leur seule vertu, le fonctionnement d'un système d'institutions; c'est l'introduction, dans l'étude du droit public, de la méthode d'observation purement objective et de la théorie de l'évolution.

M. CAUDEL.

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