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L. Richard. in-12 de XVIII

1905.

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Géographie de l'Empire de Chine (Cours supérieur). 1 vol. 564+ xxII pages. Chang-Haï, Imprimerie de T'ou-sè-wè,

Voici un livre en français sur la Chine, qui nous vient de Chine. Il y a là semble-t-il un fait assez intéressant et assez rare en même temps, pour mériter d'être signalé pour lui-même. Mais d'autres raisous recommandent le nouveau volume à notre attention.

L'auteur, M. L. Richard, de la Société de Jésus, attaché depuis plusieurs années en qualité de professeur, au Collège de Zi-ka-Wei, près de ChangHaï, possède outre la connaissance de la langue, une expérience assez longue déjà des hommes et des choses de Chine. Il a donc par là un avantage marqué sur la plupart de ceux qui ont entrepris avant lui de nous faire connaitre la nature physique, l'organisation politique et administrative du grand empire jaune.

A vrai dire, comme l'indique le titre, il s'agit ici d'un ouvrage nettement scolaire; d'ailleurs, l'auteur le déclare avec franchise, dès sa préface: « Plusieurs plans s'offraient à nous, également bons... Nous avons choisi celui qui nous a paru le plus favorable pour l'enseignement méthodique. à des élèves chinois. » De là, de nombreuses divisions et subdivisions, se répétant d'une manière identique de chapitre en chapitre, le numérotage des principaux paragraphes, les entêtes d'alinéas en caractère gras, etc. Mais le livre n'en reste pas moins appelé à rendre bien des services à tous ceux qui dans la métropole s'intéressent à l'Extrême-Orient. C'est ce que je voudrais essayer de montrer par la rapide analyse qui va suivre.

Après une introduction de sept pages où sont esquissés les résultats actuels des recherches scientifiques touchant la formation géologique du sol de la Chine et les origines de la population présente du pays, la description des dix-huit provinces de la Chine propre occupe, dans le livre I, 9 chapitres établis suivant le plan ci-après qui, comme il vient d'être dit, se reproduit invariablement pour chaque province : Superficie, nombre des habitants. Le nom. Les limites. La capitale. Autres préfectures. Aspects et caractéristiques. Constitution géologique. Relief. Climat. Hydrographie. Faune et flore. Richesses agricoles. Richesses minérales. Population. Langue. Villes et centres principaux. Industrie et commerce. Voies de communication. Ports ouverts.

Le livre II est consacré aux pays dépendants de la Chine ou récemment séparés Mandchourie (ou Mantcheou), la Mongolie (ou Mong-Kou), le Turkestan ou Nouveau Territoire (Sin-Kiang), le Tibet (ou Si-Ts'ang), la Corée (Han Kouo) et enfin Formose (ou Taiwan). Le même plan, que pour les dix-huit provinces, se retrouve ici, quelque peu abrégé cependant.

En dehors de cette description générale du Céleste Empire province par province, ou pays par pays, des chapitres spéciaux, dans le livre I, traitent à part des vallées du Pei-ho et du Hoang-ho (I, section 1), du Yang-tse-Kiang et du Hoai-ho (I, sect. II), du Si-Kiang et des rivières côtières du Fou-Kien

- et du Tché-Kiang (I, sect. 1), faisant connaître notamment pour chaque bassin, les caractéristiques, la constitution géologique, le relief, le climat, l'hydrographie. Je citerai par exemple ce passage consacré au Hoai-ho, dit communément la Hoai... « Il suit dans la province (du Ngan-Hoai) une direction de S.-O.-N.-E. et se jette dans le lac Hong-Tché. Il recevait jadis une partie des eaux de Hoang-ho, par le Cha-ho qui est encore son affluent le plus important. Le Hoai-ho a de 150 à 400 mètres de large et est sujet à des crues violentes qui brisent souvent ses digues de la rive gauche et inondent le pays voisin. Comme lui, la plupart des ses affluents sont navigables, mais il leur manque des canaux pour les unir entre eux, canaux jadis creusés, dit-on, par le grand Yu, comblés depuis, malheureusement. >> Après avoir donné, au sujet du même fleuve, des indications à peu près semblables, le Chinese Empire, volume publié dernièrement à Londres sous les auspices de la China Zuland Mission, rappelle que le grand Yu fut un ministre d'État, qui vécut sous le règne de Yao en 2357-2255 avant J.-C. Yu devint lui-même empereur (2205-1198). La région du cours inférieur de la Hoai, ainsi que celle des bords du lac Hong-tché, fait partie de l'aire où la famine a le plus cruellement sévi l'hiver dernier 1. Dans la section IV du livre I (pp. 232-279) sont étudiées séparément, les côtes, dont le développement, depuis le Tchéli jusqu'au Koang-Tong a été évalué, d'une façon générale, et sans tenir compte de toutes les sinuosités, à 3 500 kilomètres. « Il faudrait plus que doubler ce nombre, dit à ce sujet M. L. R., si l'on voulait suivre la côte dans ses nombreuses indentations et encore sans faire mention des côtes de ses îles 2. » Après avoir décrit la nature des côtes (dont il n'existe en Chine que deux types principaux, la côte d'alluvions et la côte granitique), l'auteur donne au sujet des marées, du régime des vents, des cyclones, typhons, etc., des détails précis résumant les observations de l'Observatoire de Zi-ka-weï, célèbre dans tout l'Extrême-Orient. Je signalerai, notamment, p. 239, un diagramme montrant la variation annuelle du vent à Shanghaï : de novembre à janvier, la brise souffle du N.-N.-O. la plus grande excursion à l'O. est en décembre. Juillet donne la résultante la plus sud. C'est en somme le résumé du régime des moussons.

La section suivante (v du livre I) est celle qui, sans doute, est destinée à être la plus utile et la plus intéressante pour les lecteurs en Occident. Elle se rapporte spécialement au gouvernement et à l'administration de l'empire de Chine, à l'état de sa ou plutôt de ses populations ainsi qu'à son développement économique. Elle se termine par un résumé historique présentant un tableau en raccourci, mais clair et exact, des périodes qu'ont tra

1. V. les Trades Returns des Douanes Maritimes chinoises pour 1906. Part. II, vol. II, Yangtze Ports; carte du district de la famine, jointe au rapport sur le commerce de Tchinkiang (p. 217).

2. Développement des côtes de France: 2 800 kil. (dans la Corse, 490 kil.), du Japon, îles principales: 10 239 kil.

versées les générations des fils de Han, soit, après les époques mythologiques (les 10 ki, âges, des historiens chinois) et légendaires (les cinq souverains) les temps des 22 dynasties, à partir de la fondation de l'empire (2 205 avant J.-C.) jusqu'à nos jours.

La compétence particulière de l'auteur se manifeste spécialement dans la partie relative au gouvernement et à l'administration. Après avoir énuméré les différents rouages du système à Pékin, où les «< Six Ministères >> traditionnels, Lou-Pou, ont été augmentés en 1903 d'un ministère du Commerce, et en 1904, d'un office de l'Instruction Publique, M. L. R. décrit l'administration provinciale qui n'est pas tout à fait uniforme, comme on sait, même dans la Chine propre. Parmi les dix-huit provinces ou Cheng, les unes ont à leur tête un gouverneur général ou vice-roi (Tsong-tou, vulgo, Tche-Kaï, les autres, seulement un gouverneur (Sian-fou, vulgo, Fou-t'ai). Puis il passe en revue les différents emplois existant dans chaque province, depuis ceux de Se-tao (receveur de Finances, grand juge, contrôleur de la Gabelle, contrôleur des grains), de Taotaï, intendant de circuit, de Hio-t'ai, Hio-Tcheng, examinateurs, etc., jusqu'aux postes de Tchai-jen (satellites de Tribunal, ou plutôt de Yamen) et de Ti-pao (sortes de gardes champêtres) en passant par les Eul-fou, Pou-tiny (assistants de préfets, sous-préfets, etc.). Il y a là un ensemble d'indications précieuses par leur abondance et leur sûreté, bien propres à éclairer plus d'une nouvelle arrivant de Chine, et plus d'un passage de récits des voyageurs. Je me bornerai à noter ici un point important parmi tous ces fonctionnaires, fort peu nombreux, en somme sont ceux qui sont nommés directement par le Gouvernement central. Un tableau général de l'Administration chinoise résume d'une façon synoptique, en les complétant dans certains cas, les renseignements donnés au cours de ce chapitre. De grandes dimensions (1 m. × 0.55), comportant 53 colonnes verticales et 24 horizontales, il est renfermé dans une pochette à part. Les 24 colonnes horizontales correspondent aux 18 provinces de la Chine propre, plus celles de la Mandchourie et du Turkestan. Dans les pages traitant de la population, M. L. R. exprime l'avis que le caractère moral de la race chinoise (peut-être le pluriel eût-il été ici plus exact?) est encore plus difficile à déterminer, plus variable que les traits physiques. Au sujet de la langue, l'auteur nous dit, p. 334 : « Dans la plus grande partie du pays, on parle la langue chinoise... On appelle cette langue le mandarin ou le Koan-hoa. Toutefois, on distingue le mandarin du nord, celui du centre, celui de l'ouest. Dans les provinces de l'E. et du S.-E., on parle divers dialectes (plus exactement diverses langues) se rapprochant plus ou moins du mandarin, en différant pourtant assez pour être incompréhensibles à un Chinois de pays mandarin. M. L. R. en énumère 8, parlés par des populations comprenant au total 83 millions d'individus.

La langue mandarine (Koan-hoa) est essentiellement une langue parlée : elle peut cependant être aussi employée par écrit. A côté et au-dessus d'elle existe, pour les lettrés, la langue écrite, ou langue classique, celle qu'ont

étudiée et approfondie, sans d'ailleurs sortir de France, les éminents sinologues qui ont nom Abel Rémusat, Stanislas Jullien, etc. Celle-ci comporte à son tour des distinctions et se divise notamment en style (Kou-wen et demi-style (wen-li). Un certain nombre de journaux et la plupart des livres d'études modernes sont rédigés en wen-li, mode d'expression de la pensée qui est compris à la lecture, sinon à l'audition, par les Japonais cultivés ainsi que par les lettrés annamites, coréens, etc. Enfin les Miao-tsé, les I.-kio, les Lolos, les Mossos ont leur langue et leur écriture propres, complètement différentes de la langue et de l'écriture chinoise. L'impression qui se dégage en somme de cette revue rapide des langues de la Chine propre, c'est que celle-ci, en réalité, ne fait bloc que pour qui se contente d'une étude superficielle. Finalement, on est amené plutôt à admettre que comme le monde dans son ensemble, la Chine est, à la fois, unité et diversité.

Bien d'autres points, dans ce livre riche d'observations intéressantes, de données bien contrôlées, mériteraient mieux qu'une simple mention en passant particulièrement les chapitres sur les religions, l'instruction, l'agriculture, les mines et l'industrie (à cet égard on aurait aimé à trouver quelques détails de plus, notamment en ce qui concerne les industries étrangères), les voies de communications. Mais il faut nécessairement se borner. Je souhaite seulement en avoir assez dit pour engager le lecteur qui prend, à un titre quelconque, intérêt aux choses d'Extrême-Orient, à recourir à l'ouvrage lui-même. Des listes bibliographiques étendues, composées sans aucun parti-pris d'exclusion systématique, portant sur les ouvrages français, anglais et allemands, sont placés à la fin de chaque chapitre des tables analytique et alphabétique, établies avec beaucoup de soin, un index des principaux termes géographiques chinois (avec les caractères à côté de la transcription française) achèvent de faire de ce volume un précieux instrument de travail.

ED. CLAVERY.

A. Bourguet.

Études sur la politique étrangère du duc de Choiseul. 1 vol. in-8, Paris, Plon.

Dans un ouvrage récemment paru, M. Bourguet nous avait fait connaitre les circonstances qui préparèrent le pacte de famille. Et il y avait trouvé l'occasion de mettre en valeur le talent diplomatique de Choiseul. Il reste fidèle à son héros, dans le présent ouvrage, qui n'est, à proprement parler, qu'un recueil d'articles. L'auteur nous en prévient: il procède méthodiquement; il enserre son sujet de travaux d'approche minutieux et bien noués. Chacune de ces études prépare une œuvre définitive et nous en fait déjà pressentir l'esprit. M. A. B. veut réhabiliter Choiseul. Qu'il nous parle de ses premières relations avec l'Autriche, après son arrivée au ministère, ou

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de ses tentatives pour détacher la Hollande de l'Angleterre, ou de ses efforts pour nouer avec cette dernière des négociations de paix, à la Haye d'abord, avec M. d'Affry, puis à Londres avec M. de Bussy, c'est toujours le même homme qu'il nous montre soucieux de son devoir, de l'honneur de son maître et de la grandeur de son pays, habile à saisir les occasions, constant dans ses efforts, et d'un beau sang-froid quand les choses tournent mal. M. B. cite de longs passages de sa correspondance. Cela est fort bien fait. Rien ne peut rendre mieux le caractère, la pensée et la valeur de l'homme que ces pages alertes et bien raisonnées, qui font comme un manuel du bon sens et de l'honneur à l'usage des diplomates.

M. C.

Léon Douarche, docteur en droit, licencié ès lettres. Les Conventions relatives aux conditions du travail. Paris, Marchal et Billard. La question du contrat collectif du travail est à l'ordre du jour dans nos assemblées législatives depuis que le gouvernement a déposé, en juillet 1906, un projet de loi sur ce sujet. M. L. D. a étudié ce problème sous ses différents aspects juridiques la formation des conventions collectives; leurs effets et leurs sanctions. Son travail est précédé d'une bibliographie très complète, que consulteront tous ceux qui voudront écrire sur le même sujet.

Un chapitre est consacré à l'histoire des conventions collectives, tant en France qu'à l'étranger. On y voit, par l'exemple de l'Angleterre, des ÉtatsUnis, de l'Allemagne, etc..., quel rôle bienfaisant jouent ces contrats dans la solution pacifique des conflits entre le capital et le travail.

L'objet du contrat collectif touche à une foule de questions: le taux du salaire, la limitation et la fixation de l'horaire du travail, le temps, le lieu et les modalités du paiement, les heures supplémentaires, le travail à la tâche et au temps. Les effets du contrat collectif doivent être, d'après M. L. D., la réglementation de la concurrence et la régularisation des prix. Les conventions collectives ont aussi des effets conciliants sur les grèves : elles ne sont pas un remède absolu, un traité de paix perpétuelle, mais elles contribuent à limiter et à solutionner les conflits.

L'auteur examine ensuite la portée des conventions collectives, les obligations qu'elles engendrent et les sanctions qu'elles comportent en cas de rupture.

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M. G. Jellinek s'est fait, dans les études de droit public, une place assez large pour que rien de ce qu'il écrit ne passe inaperçu. Il arrive à un moment de la vie savante où, après les patientes recherches de l'érudition

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