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sellschaft et des entreprises de transport et de navigation transatlantique. C'est ainsi qu'elle a participé aux Tramways berlinois, à la compagnie Hambourg Amerika, au Norddeutscher Lloyd.

Elle s'est également intéressée à de très nombreuses banques et compagnies d'assurances, à des brasseries, à des aciéries et charbonnages, comme la Harpener, à des industries textiles, à des industries chimiques et raffineries, comme la fabrique de couleurs Frédéric Bayer et Cie, à des constructions de machines et industries métallurgiques, comme les usines Krupp d'Essen et la fabrique de locomotives Kraus et Cie, à des briqueteries, à des sociétés d'hôtels, à des distilleries et enfin à diverses entreprises, dont la Société de Dynamite Nobel.

La Diskontogesellschaft, qui paraît s'être surtout occupée d'entreprises de transport, comme la Hambourg Amerika, les tramways de Leipzig, le chemin de fer Varsovie-Vienne, la Société des Télégraphes de l'Est-Européen, s'est également intéressée à des mines et charbonnages comme la Gelsenkirchen, à des fabriques de machines comme la Berliner Maschinenbau, à des industries électriques comme l'Allgemeine Elektricitätsgesellschaft de Berlin.

La Dresdner Bank s'est particulièrement attachée aux industries textiles et chimiques, comme la fabrique de produits chimiques Heyden, à Dresde.

Elle s'est intéressée aussi à des mines et charbonnages comme ceux de la Sarre et de la Moselle, à des industries électriques comme l'usine d'électricité de Leipzig, à des sociétés de construction de machines, comme la Hartmann (Russie).

Sa quasi-associée, la Schaffhausens'cher Bankverein, s'est surtout attachée aux mines et houillères, et aux sociétés de construction de machines.

Enfin la Darmstädter Bank (Bank für Handel und Industrie) a puissamment aidé, comme son titre le promettait, l'industrie et le commerce allemands, mais sans se spécialiser.

Elle est intéressée dans des mines et charbonnages, dans des fabriques de machines, dans des industries électriques, dans des industries chimiques.

Il est aisé de voir, par l'aperçu que nous venons d'en donner,

A. TOME XXIII. 1908.

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l'appui important fourni à l'industrie par les banques allemandes.

Ces participations se sont accrues d'année en année et il était à prévoir qu'après avoir aidé puissamment l'industrie, une crise les atteindrait du jour où manifestement le capital circulant serait insuffisant à soutenir les entreprises nouvelles.

La crise dernière a été cependant en partie conjurée par les groupements de banques s'assurant entre elles une grande mobilité de capitaux, et il faut se réjouir que quelques petites crises, véritables soupapes d'échappement, soient venues à plusieurs reprises apporter un peu d'élasticité au marché allemand et lui épargner jusqu'ici la secousse qui a ébranlé les bourses américaines.

Mais l'attention a cependant été attirée par ce fait que les dépôts faits dans les banques allemandes pouvaient être dangereusement engagés sous forme d'avances au commerce ou à l'industrie.

La disparition en Allemagne des banques moyennes, la concentration des banques en véritables syndicats, l'insuffisance des bourses de négociation font d'autant plus apparaître le vice radical du système allemand.

On mêle les opérations fiduciaires représentatives des dépôts avec les opérations purement spéculatives.

Comme on l'écrivait encore tout récemment, la sagesse des banquiers ne saurait remédier à ce danger spécial.

Dès qu'une crise survient I et c'est le cas actuel les conséquences ne se limitent pas à telle ou telle entreprise, mais atteignent la généralité des affaires. Il n'existe pas dans les banques allemandes, contrairement à ce qui se passe en Angleterre et aussi en France dans nos établissements de crédit, de démarcation assez nette entre les dépôts et les affaires industrielles.

Les Allemands ont pensé répondre victorieusement aux objections graves qui leur étaient faites par la formation de cartels et par des alliances financières en dehors de l'Empire.

Mais ne peut-on craindre qu'une pareille concentration, qui finit

1. Cf. France économique et financière, 21 septembre 1907.

par aboutir à un monopole de fait, se retourne fatalement contre le capitaliste déposant?

Cette question du régime des dépôts fut fort discutée au Congrès de Hambourg, qui réunit, en 1907, huit cents représentants de banques allemandes.

Convient-il qu'une banque qui patronne et soutient financièrement des affaires industrielles soit également une banque de dépôts ? Une banque qui se livrerait aux deux opérations ne risque-t-elle pas de ne plus pouvoir garantir solidement les dépôts qui lui seront confiés? Et, particulièrement en ce qui concerne les banques allemandes, le double caractère qu'elles présentent ne constitue-t-il pas un danger, en dehors de toute préoccupation de théories. On peut se rendre compte, par ce seul énoncé de questions, de l'intérêt que présente le problème.

Il s'est d'ailleurs posé dans d'autres pays, notamment aux ÉtatsUnis et si la politique même des grandes banques françaises de dépôts n'a pas suscité de critiques à ce point de vue, il peut très bien se faire que nos banques locales aient, en poursuivant une politique plus active, à ne pas oublier ce que l'expérience allemande nous a enseigné.

Toujours est-il que la question se posa nettement à Hambourg et l'on ne se fit point faute de donner les exemples de la France et de l'Angleterre, où les banques de dépôts ne sont point des banques d'affaires.

Pour expliquer que le contraire se produise en Allemagne on allégua que c'est la nécessité des choses qui a conduit à cette sorte de cumul.

On a fait valoir qu'il ne pouvait y avoir place pour des banques s'occupant uniquement de dépôts pour la suffisante raison que la fortune publique n'était pas assez développée pour que les capitaux puissent être suffisamment rémunérés dans cette branche d'industrie.

Bien mieux, on représenta que les dépôts n'étaient pas en Allemagne des représentations d'économies ou des capitaux en quête d'emplois, mais plutôt des fonds de roulement, destinés au commerce. et à l'industrie.

Mais les banquiers allemands sont allés plus loin pour expliquer la politique suivie par eux.

On a dit, à Hambourg, que c'était une erreur de croire à une augmentation des risques par l'effet d'une fusion étroite des dépôts avec le portefeuille correspondant des valeurs industrielles.

Les banques allemandes, au dire des intéressés, seraient plus liquides que les banques anglaises. Alors que ces dernières accumuleraient dans leur portefeuille des valeurs difficiles à suivre et à surveiller, les banquiers allemands, au contraire, grâce à une profonde connaissance des affaires industrielles auxquelles ils s'intéressent, grâce également à la réglementation très précise des émissions, seraient fort bien placés pour sauvegarder les intérêts des déposants. Ces derniers, ajoute-t-on, seraient fort étonnés que leurs banquiers ne puissent leur rendre tous les services financiers qu'ils leur demandent.

Aussi les banquiers allemands répondirent-ils négativement à la question de savoir s'il fallait réglementer l'industrie des dépôts en banque et, de plus, ils affirmèrent que la nécessité de créer de plus petites banques de dépôts ne s'était pas encore fait sentir. Ils votèrent d'ailleurs une résolution que nous pouvons ainsi résumer : L'organisation des banques répond à la situation économique du pays et ne doit pas être modifiée.

Non seulement le besoin de banques de dépôts ne se fait pas sentir, mais outre que ces banques seraient dans l'impossibilité de se suffire, la publication périodique des bilans des sociétés par actions et le pourcentage des disponibilités affectées en couverture des dépôts, traites, reports, prêts, effets, etc., donnent toute satisfaction à ceux qui veulent contrôler la liquidité des dépôts et s'assurer de leur remboursement.

Dans de telles conditions, l'ingérence du législateur dans le sens d'une réglementation des dépôts ne pourrait qu'être désastreuse à la prospérité des banques et troubler profondément la vie économique de l'Allemagne.

Jusqu'ici, d'ailleurs, il n'est pas de grand État où on ait établi soit une réglementation légale, soit un contrôle administratif pour les banques qui réservent des dépôts.

Nous comprenons fort bien que les Allemands soient satisfaits d'un système qui leur a permis de développer considérablement leur industrie et leur commerce.

Et c'est en réalité l'appui qu'ont pu se donner les banques rattachées entre elles par des liens plus ou moins fermes qui a permis d'échapper en grande partie à une crise sérieuse.

En effet, les grandes banques se présentent dans de bien meilleures conditions que les petites banques locales.

On a pu, à l'occasion de faillites de banques de province, constater qu'il y avait des abus dans leur gestion.

Nous n'étudierons pas ici les banques locales allemandes. Nous l'avons fait ailleurs 1.

Nous ne pouvons cependant nous empêcher de rappeler le cas de la Marienburger Privatbank, dont le krach, en 1907, fit ressortir quelle disproportion existait entre le capital actions et réserves d'une part et les engagements d'autre part.

Le capital de cette banque était de 300,000 marks et les dépôts de 10 millions de marks.

Sans doute, c'est là une exception; mais des cas analogues se présentent dans les banques locales et d'une manière générale la disproportion entre les ressources et les engagements est beaucoup plus accentuée dans les banques locales que dans les grandes banques allemandes.

Au reste, la concentration se poursuit en Allemagne dans l'industrie de la banque.

Elle ne s'accomplit pas seulement comme en France par l'absorption des banques privées au profil des grands établissements de crédit2, mais par une concentration de force financière qui, en liant et unissant des groupes de banques, laisse cependant à chacune d'entre elles leur individualité propre.

Les établissements de crédit ont procédé en France comme les banques anglaises, par la création de succursales qu'elles érigeaient à la place des banques locales absorbées.

En Allemagne, les Instituts berlinois ont employé deux moyens. Ils ont également créé des succursales.

1. Cf. Barety, L'Évolution des Banques locales en France et en Allemagne, Paris, Rivière, 1908.

2. Cf. Barety, op. cit.

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