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Soit en ressources personnelles ou fournies par des tiers, les banques avaient à la fin de 1906 l'administration d'une somme totale de 25 milliards, soit une augmentation de 2200 millions de marks. sur 1905.

Ces chiffres donnent une idée de la puissance financière des banques allemandes et de son développement.

Y a-t-il lieu d'envisager une continuation de cet accroissement? Nous y croyons pour notre part. L'Allemagne vient de traverser une crise financière. Ses banques ont résisté fort bien à une secousse assez forte. On n'a pas eu à observer les défaillances auxquelles certains s'attendaient peut-être.

La crise, il est vrai, ne pourra être jugée qu'avec le recul du temps, qui seul permettra d'avoir des renseignements exacts sur l'intensité des difficultés rencontrées par les banques allemandes. Les grandes banques se sont soutenues entre elles et le public allemand a fait preuve, somme toute, d'assez de sang-froid.

Mais peut-être peut-on se demander si cette aide mutuelle et cette attitude des capitalistes allemands auraient suffi sans l'appui prêté aux banques allemandes par la finance étrangère.

Quelle a été l'importance de cet appui, et est-ce principalement la France qui a secouru l'Allemagne de ses capitaux. Ce sont là des questions très controversées, qui ne peuvent obtenir de réponse aujourd'hui.

Quoi qu'il en soit, la crise de 1907 a eu cet excellent résultat de faire apparaître en pleine lumière les vices du système et elle a incité à une certaine prudence.

L'Allemagne ne possède pas un capital monétaire aussi considérable que la France et n'a pas pour compenser cette infériorité une règlementation rationnelle du chèque et la pratique des virements qui font la force du crédit en Angleterre.

Ce sont là des inconvénients' qui sont apparus, et il est mené en ce moment même une grande campagne de presse en Allemagne en vue d'obtenir une législation du chèque appropriée aux besoins de la circulation 2.

1. Raffalovich, Le Marché des Capitaux en Allemagne, Economiste français, 4 janvier 1908.

2. Cf. Dr Siegfried Buff, Zur Populariesierung des Schukverkehrs in Deutschland, Münchner Neueste Nachrichten, 7 août 1907.

D'autre part, la législation sur les marchés à terme a paru trop restrictive et un projet de loi actuellement déposé par le gouvernenement au Reichstag va donner plus de libéralité à la spéculation.

La crise actuelle aura eu cet excellent résultat de faire apparaître certaines réformes nécessaires, et leur exécution sera saluée avec satisfaction par tous les économistes.

Est-ce à dire que l'avenir s'annonce radieux! Certes non. Nous allons entrer dans une période de liquidation et déjà les banques d'émission ont abaissé leurs taux d'escompte.

Mais dans un pays comme l'Allemagne, où le développement industriel s'est fait d'une façon extrêmement rapide, où l'audace des capitaux est extrême, où les banques sont très actives, il faut s'attendre de temps à autre à quelques secousses.

Ges crises partielles sont d'ailleurs nécessaires, elles donnent de salutaires avertissements et constituent des soupapes de sûreté contre l'éclatement que serait une crise considérable.

LEON BARETY.

CHRONIQUE DES QUESTIONS OUVRIÈRES

(1907)

Suivant notre plan ordinaire, nous diviserons la présente Chronique en deux parties principales: 1° Mouvement ouvrier proprement dit; 2° Action des pouvoirs législatif et réglementaire en ce qui concerne les ouvriers.

I

Les faits relatifs au mouvement ouvrier proprement dit feront l'objet de quatre chapitres : 1° Statistique des organisations syndicales ouvrières; 2° Grèves en 1906; 3° Mouvement ouvrier en 1907 (A. Grèves; B. Agitation pour l'application de la loi du 13 juillet 1906, sur le repos hebdomadaire; C. Les syndicats de fonctionnaires; D. Le mouvement syndical, les congrès socialistes (Nancy et Stuttgart) et le congrès anarchiste (Amsterdam); E. Relations syndicales internationales); 4° Associations ouvrières de production.

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La Direction du travail n'a pas publié, en 1907, une nouvelle édition de son Annuaire des syndicats professionnels; mais le Bulletin de l'Office du travail a donné, dans son numéro de novembre, un résumé général de la situation des syndicats professionnels à la date du 1er janvier. Nous extrayons de ce document les renseignements suivants :

Le 1er janvier 1907, il existait 5,322 syndicats ouvriers, comptant 896,012 membres, soit une augmentation de 465 syndicats et de 60,878 membres par rapport à l'année précédente. Le total ci-dessus comprenait 79,260 femmes, dont 25,145 dans le département de la Seine.

Les syndicats mixtes, au nombre de 154 (au lieu de 140 en 1906), réunissaient 30,698 membres, soit 2,520 de plus qu'en 1906.

Les syndicats ouvriers se groupaient, au nombre de 3,675, comprenant 752,362 membres, en 187 unions ou fédérations, dont 54 dans le département de la Seine.

Parmi ces unions, 131 bourses du travail (soit 6 de plus qu'au 1er janvier 1906) réunissaient 2,586 syndicats et 455,790 ouvriers.

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Au cours de l'année 1907, la Direction du travail a publié la Statistique des grèves et recours à la conciliation et à l'arbitrage survenus pendant l'année 1906.

En 1906, le nombre des grèves a été de 1,309, celui des grévistes en chiffres ronds) de 438,500, et celui des journées chômées de 9,438,600. Par rapport à l'année précédente il y a eu augmentation du nombre des grèves, du nombre des grévistes et du nombre des journées chômées (respectivement 830, - 177,700,- 2,746,700).

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L'accroissement considérable du nombre des grèves en 1906, liton dans la préface du volume, s'explique dans une certaine mesure par le grand nombre de conflits auxquels ont donné lieu les demandes de diminution de la journée de travail formulées par les ouvriers à l'occasion du 1er mai. Ces grèves........ ont été au nombre de 295, atteignant 12,585 établissements, soit 64.08 p. 0/0 du total dès établissements atteints par des grèves en 1906, fournissant 202,500 grévistes, soit 48.18 p. 0/0, et 3,571,000 jours chômés, soit 37.82 p. 0/0. Les grèves du 1er mai font, dans la Statistique, l'objet d'un historique spécial dont il sera parlé plus loin.

Le compte rendu donne une classification des grèves par grandes catégories professionnelles (industries textiles, travail des métaux, etc.); mais, «en rapprochant le nombre des grévistes du nombre total des ouvriers occupés dans les différents groupes professionnels, on obtient une série de rapports qui permettent d'apprécier d'une façon plus exacte l'importance des divers mouvements grévistes >>. Le nombre d'ouvriers, sur 1,000, qui se sont mis en grève en 1906, a été (en chiffres ronds) de 475 dans les mines, de 315 dans les usines métallurgiques, de 278 dans la construction, de 162 dans les industries polygraphiques, etc.

Dans 1,003 grèves, sur 1,309, les ouvriers étaient, en tout ou en partie, membres du syndicat de leur profession; 16 syndicats (dont 1 syndicat jaune) ont été constitués au cours des grèves ou immédiatement après; 1 syndicat a disparu en conséquence d'une grève.

Les syndicats ou fédérations de syndicats ont assuré des secours à leurs adhérents (et parfois aux grévistes non syndiqués) dans 128 grèves, dans 115 desquelles (dont 66 concernant les industries polygraphiques) ces secours ont pris la forme d'une allocation régulière en argent. Dans 3 grèves, qui ont duré respectivement 3, 2 et 1 jour, le salaire intégral du temps de grève a été versé aux ouvriers; dans une grève de 15 jours et dans une grève de 23 jours, les ouvriers ont reçu leur salaire de 8 et 20 jours.

Les principaux motifs des grèves ont été les suivants : 1° demandes d'augmentation de salaire, seules ou associées à d'autres demandes, 797 grèves (près de 61 p. 0/0 du nombre total) avec 301,100 grévistes (plus de 68.5 p. 0/0); 2o demandes de diminution de la durée du travail journalier, 383 grèves, la plupart se rattachant au mouvement du 1er mai; 3° questions de personnes (demandes de réintégration d'ouvriers congédiés ou demandes de renvoi d'ouvriers et de contremaîtres), 295 grèves (22.5 p. 0/0); etc.

Voici maintenant les résultats : réussites, 278 grèves (31,150 grévistes); transactions (ou réussites partielles), 539 grèves (253,260 grévistes); échecs, 490 grèves (154,000 grévistes).

L'application de la loi du 27 décembre 1892 sur la conciliation et l'arbitrage a été, au cours de l'année 1906, constatée dans 302 différends, soit une proportion de 23.07 p. 0/0 (au lieu de 29.64 p. 0/0 en 1905). Sur ce nombre, l'initiative du recours à la loi a été prise 141 fois par les ouvriers, 8 fois par les patrons, et 6 fois par les patrons et les ouvriers réunis; dans 147 grèves le juge de paix est intervenu d'office.

Quant à la tentative de conciliation elle-même, elle a été repoussée 119 fois, dont 100 fois par les patrons, 3 fois par les ouvriers, et 16 fois par les deux parties.

Grèves se rattachant au mouvement du 1er mai 1906. - Le mouvement pour la diminution du temps de travail dont le centre a été la date du 1er mai a donné lieu à 295 grèves (dont 121 en avril, 136 en mai, etc.), comme il a été dit plus haut. La Statistique les divise en trois groupes, suivant qu'elles ont eu pour objet l'obtention de la journée de 8 heures, de la journée de 9 heures (ou de la semaine anglaise) ou

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