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quelque parti qu'ils vinssent pourvu qu'ils fussent Italiens et Unitaires, pour sacrer Carducci... poète de la patrie... poète national de la troisième Italie..., unis, ne fût-ce qu'un jour, dans le besoin d'être et de faire enfin quelque chose.

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L'ACCORD ANGLO-RUSSE
ANGLO-RUSSE DU 31
DU 31 AOUT 1907

L'accord anglo-russe, signé le 31 août, publié le 26 octobre 1907, n'a été une surprise pour personne. Rarement, négociation internationale de cette importance a été traitée si ouvertement. L'opinion publique, préparée par d'habiles sondages, a pu suivre la marche d'une évolution qui s'est prolongée pendant deux années environ.

Nous disons deux ans. D'aucuns font remonter plus haut la genèse de la convention. Ils citent la fameuse campagne de « Calchas >> dans la Fortnightly Review, dont le premier article date d'octobre 1900. Ils veulent voir dans le rapprochement de la France et de l'Angleterre le point de départ de l'entente de la Grande-Bretagne et de la Russie. C'est pousser un peu loin le désir de concilier a posteriori l'alliance franco-russe et l'entente cordiale, deux combinaisons qui, à l'origine, semblaient passablement contradictoires. Qu'on se rappelle seulement les violentes critiques que souleva, à SaintPétersbourg, la convention du 8 avril 1904. Le traité Delcassé-Lansdowne apparaissait au lendemain de la déclaration de guerre japonaise, au début d'une crise que la Russie considérait, non sans raison, comme l'œuvre de la diplomatie britannique et la suite logique de l'alliance anglo-nipponne. Nos alliés rêvaient alors de consolider par les armes l'édifice si hâtivement élevé en ExtrêmeOrient. Certes ils ne songeaient pas à une liquidation de la politique d'expansion en Asie, en Asie centrale moins qu'ailleurs. Dira-t-on que les meneurs de la diplomatie britannique prévoyaient les futurs événements et tout le profit qu'ils pourraient en tirer? Bien informés de la force du Japon et des faiblesses de son adversaire, ils croyaient, sans doute, avoir ponté, cette fois, sur le bon cheval. Mais c'est une politique bien hasard e que celle qui repose uniquement sur le hasard des batailles. Le vrai est que, dès cette époque, les hommes d'État anglais étaient en éveil, prêts à

recueillir les fruits de leur habile manoeuvre et à tirer dans l'Asie centrale tout le parti possible des embarras russes.

Le premier indice d'un rapprochement apparaît en Angleterre après les défaites de Liao-yang et du Cha-ho, au moment de l'incident de Hull. La solution pacifique donnée à ce conflit est un symplôme significatif, qui se précise par l'intervention britannique en faveur de la paix. Moins apparente que l'action de Roosevelt, le rôle du cabinet de Saint-James a été plus efficace. Sa manifestation la plus éclatante a été le resserrement brusque des cordons de la bourse qui, au lendemain de Tsoushima, a enlevé au Japon toute possibilité de poursuivre la lutte. Quelques semaines plus tard, au commencement d'août 1905, le renouvellement de l'alliance anglojaponaise marquait le terme de la crise Orientale.

Dès lors le plan anglais est arrêté. L'intervention brutale de l'Allemagne dans la crise marocaine a achevé de le fixer. La rupture de l'équilibre européen, conséquence de la disparition momentanée du facteur russe est apparue pleine de périls. On a compris, à Londres, l'urgence de conjurer le danger. On a compris aussi le prix de cette heure où la Russie affaiblie par ses désastres se débat dans les affres de la révolution. Quelle meilleure occasion de régler avantageusement les différends asiatiques, de faciliter la concentration des forces de l'empire en Europe, tout en assurant pour de longues années la sécurité de l'Inde!

La sécurité de l'Inde! C'est depuis trente ans la préoccupation dominante des hommes d'État anglais. Certes, les opérations de Mandchourie ont montré combien sont chimériques les craintes de ceux qui attendent des soldats du tzar le renouvellement des exploits d'Alexandre. Il s'en faut pourtant que tous les enseignements de cette campagne soient également rassurants. Nulle part plus qu'en Angleterre on n'a rendu justice aux résultats extraordinaires. obtenus du transsibérien par les efforts du prince Khilkoff. Le transport et le ravitaillement de plus d'un million d'hommes par une seule ligne ferrée est un exploit dont la presse britannique a souligné la valeur. Si l'on réfléchit que la mobilisation russe dispose dans l'Asie Centrale, non plus d'une seule, mais de deux voies ferrées le Transcaspien et la ligne d'Orenbourg-Taschkent, que les ressources militaires britanniques sont restreintes, on comprendra

que l'on ait conservé en Angleterre, même au lendemain de Moukden, certaines appréhensions pour l'avenir de l'Inde. Ces inquiétudes se sont affirmées par l'insertion dans le second traité d'alliance japonaise d'une clause permettant de faire appel au concours des troupes nipponnes. Mais c'est un remède héroïque, presque pire que le mal. N'était-il pas infiniment préférable d'obtenir de la Russie affaiblie un arrangement convenable? Les avantages de ce plan ne pouvaient échapper à un souverain aussi averti qu'Édouard VII, à des diplomates de la valeur de lord Lansdowne et de sir E. Grey.

La manœuvre anglaise se dessine donc dès l'automne 1905. La première impression en Russie n'est pas très favorable. Les revers de Mandchourie ont bien amené une réaction anti-impérialiste, une lassitude des aventures. La gravité des troubles intérieurs recommande le recueillement. Mais la blessure est trop récente pour que ne soient pas encore très vives les rancunes contre la nation qui a déchaîné la crise. Puis, la roue tourne à Londres : les libéraux, très hostiles à l'autocratie russe, arrivent au pouvoir, le portefeuille des Affaires étrangères est bien confié à un impérialiste, sir E. Grey, que suivra la voie tracée par son prédécesseur, mais il faut attendre... C'est à Algésiras, que sont posés les premiers jalons, dans les conversations du comte Cassini et de sir A. Nicholson, qui vient d'être nommé ambassadeur à Pétersbourg. Puis, le comte Lamsdorff passe la main à M. Isvolsky, un élève de Lobanoff, un prudent qui, dans un long séjour à Copenhague a noué des relations étroites avec la diplomatie britannique. Son arrivée au pouvoir, en mai 1906, marque l'heure décisive de l'évolution russe. Dès lors, la partie s'engage sérieusement.

Bien des obstacles restent à surmonter. Les radicaux anglais, dont l'influence est prépondérante, résistent à l'idée d'une entente avec le gouvernement du tzar. Le fameux cri de sir H. Campbell Bannerman : « La Douma est morte, vive la Douma », traduit leur sentiment. Il faut ajourner une visite annoncée de la flotte anglaise à Cronstadt. Les défiances renaissent à Saint-Pétersbourg. Dans l'été 1906 tout paraît sur le point de se rompre. Cependant les artisans discrets qui se sont voués au succès de l'œuvre de rapprochement ne se découragent pas. Les fils se renouent. Les négociations

reprennent et se précisent. Quand Mouzaffer-ed-dine meurt, en janvier 1907, l'accord des politiques anglaise et russe en Perse est déjà virtuellement un fait accompli. L'évolution favorable des pourparlers engagés entre M. Isvolsky et M. Motono pour la liquidation des questions laissées en suspens par le traité de Portsmouth indique les progrès du rapprochement anglo-russe. On peut considérer l'affaire comme réglée quand, le 10 mai, éclate la nouvelle de l'accord franco-japonais. On traine les choses pour préparer l'opinion et éviter un éclat irritant à la Chambre des Communes. Et l'entente n'est annoncée qu'au lendemain de la séparation du parlement britannique.

de

Elle se présente sous la forme d'une déclaration générale, de trois conventions distinctes et d'un document annexe. Dans l'introduction, les deux contractants déclarent avoir décidé « de régler d'un consentement mutuel différentes questions touchant aux intérêts des deux États sur le continent asiatique » et avoir résolu conclure des accords destinés à prévenir toute cause de malentendu entre la Russie et la Grande-Bretagne au sujet des dites questions >>. Suivent trois conventions relatives à la Perse, à l'Afghanistan et au Thibet et une déclaration unilatérale de l'Angleterre relative au golfe Persique, exprimée dans une lettre de sir E. Grey à sir A. Nicholson. Les documents sont brefs, de rédaction claire. La conception générale et les tendances de l'accord se dégagent aisément d'un plan qui s'offre rationnellement à l'analyse.

Nous n'entreprendrons pas de résumer l'histoire de la rivalité. anglo-russe en Perse. Il faudrait remonter jusqu'aux dernières années du XVIIIe siècle. Une simple esquisse dépasserait les limites d'un article de revue. D'ailleurs, la crise aiguë dont le traité GreyIsvolsky marque, sinon la conclusion, du moins une étape importante, ne date guère de plus de vingt ans.

Jusqu'en 1885 la poussée russe en Asie se manifeste surtout vers l'est. C'est l'occupation du Turkhestan avec les campagnes de Tchernaïeff, de Romanowsky, de Kauffmann, de Skobeleff et l'audacieuse entreprise du Transcaspien lançant le rail à travers le désert, jusqu'à Merv et la frontière afghane. L'Angleterre, de son côté

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