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La deuxième partie est consacrée à la crise hongroise. L'auteur y fait défiler, après un tableau fort intéressant des antécédents de la Hongrie contemporaine, du rôle de la noblesse et du développement de la nation magyare, une série de vues prises à des dates diverses depuis l'ouverture de la orise. Cette méthode a l'avantage de multiplier les documents, les éléments d'information dans une question fort complexe où il est singulièrement difficile de démêler les courants qui entraînent vers l'avenir parmi les remous multiples des agitations présentes. Mais elle ne va pas sans laisser le lecteur souvent perplexe et quelque peu désorienté, s'il n'est pas encore instruit des affaires magyares, au milieu de ce bouillonnement d'idées et de passions, de cette variété de problèmes et de faits imprévus et de ce luxe de déclarations d'hommes en vue et en désaccord. Ici, il ne suffit pas de lire, il faut étudier.

La troisième partie contient des esquisses historiques d'une grande clarté et d'un grand intérêt sur la Serbie et sur la Bulgarie, une récente enquête sur les rapports de ces deux états et sur leur action en Macédoine, un chapitre enfin sur la transformation du Monténégro en état constitutionnel et les premières difficultés qui en résultent.

Dans la quatrième partie, M. René Henry dresse la carte des intérêts et des convoitises qui se heurtent dans les vastes régions de l'Asie occidentale, appauvries par l'incurie turque. Il montre l'importance des voies ferrées et pour la Turquie et pour les Puissances européennes, les avantages que l'Allemagne espère du chemin de fer de Bagdad, l'hostilité que rencontre cette entreprise en Russie et en Angleterre, les solutions diverses qui pourraient hâter l'achèvement d'une œuvre incontestablement utile, en conciliant les oppositions et en prêtant, sous conditions, le concours des capitaux français à l'exécution des lignes commencées par les Allemands.

L'entrée en scène des Jeunes Turcs, l'inauguration du régime constitutionnel dans l'empire ottoman viennent d'introduire dans la question d'Orient des facteurs nouveaux, dont le contre-coup ne saurait manquer de retentir des monts de Bohême au golfe Persique et même au delà. Toutes les conditions de la politique européenne risquent d'en être affectées. Si le nouveau régime s'affermit, il y aura lieu d'en mettre au point les inévitables répercussions. Ce sera sans doute, pour M. René Henry, l'objet d'études nouvelles dont l'intérêt ne serait pas moindre que celui de ses études antérieures.

C. D.

Arthur Girault. Principes de colonisation et de législation coloniale. Troisième édition, revue et augmentée. Paris, Larose et Tenin, éditeurs, 1908, 3 vol. in-8.

Quand un travail scientifique ou doctrinal atteint rapidement sa troisième édition, il devient généralement oiseux d'en rendre compte encore et d'en refaire l'éloge. Mais M. Girault ne se borne pas à réimprimer simplement ses Principes de Colonisation, au fur et à mesure que les tirages successifs s'épuisent il les remanie à chaque fois, les améliore et les augmente tant

et si bien que ce n'est point répéter simplement des choses déjà dites que de profiter de chaque occasion pour signaler les mérites de cet excellent

ouvrage.

L'édition qui vient de paraître forme trois volumes au lieu de deux. L'Algérie et la Tunisie en remplissent un, à elles seules, et l'ensemble contient si je ne me trompe, plusieurs centaines de pages de texte nouveau. C'est dire avec quel soin l'auteur a retravaillé son œuvre pour la remettre exactement au courant et c'est dire aussi qu'il a continué de faire preuve de la très scrupuleuse conscience qui a tant contribué à son légitime succès. De fait, le livre n'a point essentiellement changé et, s'il s'est développé, ses caractères généraux demeurent les mêmes, comme ses tendances. Touchant celles-ci, certaines réserves continuent d'être permises. On peut craindre, notamment, que M. Girault ne manifeste en faveur des principes d' assimilation une sympathie quelque peu trop forte. Inutile, toutefois, de s'apesantir sur ce point. En effet, bien que l'auteur des Principes de Colonisation ait tenu à ce que son travail fût très nettement doctrinal, il a su comprendre pourtant que les doctrines, en pareilles matières, ne pouvaient être absolues. Tandis que nombre d'autres s'appliquent à l'oublier, il a constamment marqué que la colonisation est chose extrêmement complexe, infiniment délicate étant perpétuellement obligée de se plier, sous peine d'échec, à des circonstances toujours changeantes. Non content d'expliquer et de commenter, avec une clarté parfaite, l'organisation générale et les législations particulières de nos colonies, il a pris soin de dégager les conditions parmi lesquelles cette organisation s'est développée et ces législations ont pris naissance. Il a donc fait une large place à l'histoire, et de cela je ne puis, naturellement, que lui savoir un gré particulier. Et pourtant je serais tenté aussi de formuler quelques objections au sujet de la partie historique, bien que sur certains points, la troisième édition me paraisse s'accorder mieux avec mes idées particulières que ne faisaient les précédentes. Ainsi pour expliquer la politique suivie par la monarchie de juillet à l'égard des possessions françaises du Nord de l'Afrique politique dont les conséquences se sont prolongées bien après 1848, il eût été bon, je crois, d'indiquer comment les ministres de Louis-Philippe se sentirent rapidement gênés par l'article de la Charte qui avait soumis les colonies au régime des lois. Ainsi encore les documents très formels conservés aux Archives de la Guerre me paraissent ne pas permettre de partager l'opinion de M. Thureau-Dangin, suivie par M. Girault, et suivant laquelle le gouvernement aurait hésité plusieurs années avant de se décider à garder définitivement Alger. Mais sur ces détails ou sur d'autres analogues, je m'en voudrais d'insister. Leur importance est minime et je les indique en passant, simplement parce qu'il convient de ne point se contenter de louanges banales ou de formules vagues en parlant d'un livre qui occupe dans notre littérature coloniale une place exceptionnelle.

Et c'est là ce qu'il importe surtout de ne pas oublier. A l'encontre de tant d'autres, l'ouvrage tient beaucoup plus que son titre ne promet. Il est d'abord un traité juridique. Il est aussi un livre d'histoire des plus sérieux, dont la documentation, pour n'avoir tenu compte que des imprimés, ne s'en trouve pas moins très ample et sûre. Il présente enfin, et par la com

binaison même de ces deux éléments, un tableau d'ensemble de tout ce que la France a fait aux diverses époques et continue de faire pour gouverner, administrer, et exploiter ses colonies. Nul de ceux qui s'intéressent aux choses coloniales, à quelque titre que ce soit, ne saurait donc se dispenser de le consulter.

CHRISTIAN SCHEFER.

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Léon Baréty, docteur en droit, diplômé de l'École des Sciences politiques. L'évolution des banques locales en France et en Allemagne. Paris, Librairie des Sciences politiques et sociales. Marcel Rivière, 1 vol. in-18, 191 p. M. Léon Baréty, s'inspirant de l'affirmation de M. Paul Beauregard : « La banque locale est, dans l'intérêt de tous, indispensable », s'est proposé d'étudier la constitution des banques locales en France et en Allemagne, — puis, par une analyse de l'évolution économique, de nous faire entrevoir l'avenir possible de ces institutions.

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La question des banques locales est intéressante à plusieurs titres, et c'est avec une certaine satisfaction que cette nouvelle étude sera accueillie pour les travaux économiques.

M. Baréty espère le maintien des banques locales. Notre intime conviction est que ces deux organisations (les sociétés et les banques locales) se complètent, sont destinées à vivre côte à côte et peuvent simultanément rendre des services au commerçant, à l'industriel et au capitaliste. » Il ne suffit pas d'affirmer, et après avoir défini la banque locale et son rôle, M. Léon Baréty nous fait faire un tour en Allemagne, où il passe en revue, successivement, la fortune mobilière, la concentration des banques, les crises de 1901 et de 1907, les émissions, le Congrès de Hambourg, la réforme des petites banques et les groupements des banques allemandes. Mais ce qui nous intéresse le plus après ce détour en Allemagne, ce sont les remèdes à conseiller aux banquiers pour maintenir leur prospérité «< côte à côte avec les puissantes sociétés de crédit. D'après M. Baréty, le banquier doit placer des valeurs mobilières, se moderniser, participer au fonctionnement du syndicat des banquiers de province, tout en restant le confident sûr de l'industriel ou du commerçant.

Dans sa conclusion M. B. essaye de dégager les tendances de l'évolution actuelle des banques. Il y a, en France et en Allemagne, tendance à la concentration des banques.

Quant aux modes:

En France, les banques locales privées ont tendance soit à disparaître, soit à se transformer en sociétés anonymes, ou à devenir agences ou succursales d'établissements de crédit ou de banques plus importantes.

En Allemagne, les banques privées ont tendance à entrer dans la sphère d'influence d'un établissement plus puissant en général, d'une des six grandes banques berlinoises, soit qu'elles en deviennent succursales ou fédérales, soit qu'elles lui accordent une participation ou une part d'intérêt... »

F. L.

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G. Lecarpentier, avocat à la Cour d'appel. Le commerce international. 1 vol. in-16 de 110 pages. Bibliothèque des sciences économiques et sociales, Marcel Rivière, Paris, 1908.

Dans ce petit volume, que M. Millerand qualifiait récemment de « petit chef-d'œuvre », M. Lecarpentier résume avec la plus grande clarté les théories du libre-échange et de la protection, et les adaptations de ces théories économiques aux réalités du commerce international.

I le fait avec une parfaite objectivité et donne à chaque argument adverse sa pleine force. Après une revue rapide des applications historiques de l'un ou l'autre système, il conclut qu'« en fait chaque état est libre-échangiste ou protectionniste dans la mesure où il y a ou du moins croit y avoir intérêt. Ensuite il expose le mécanisme des différents moyens employés pour protéger le commerce national, le système du tarif unique, du double tarif autonome, des tarifications spécifiques ou ad valorem, des moyens employés pour importer à bon compte les matières premières, admission temporaire, drawbacks, etc.

Mais quel que soit le régime adopté, M. Lecarpentier estime qu'un état doit s'efforcer de développer son commerce d'exportation. Il expose donc ce qui a été fait en France dans les dernières années, pour aider les exportateurs: Conseil supérieur du commerce, Moniteur officiel du commerce, Office national du commerce extérieur, Conseillers du commerce intérieur, corps d'attachés commerciaux auprès des grandes légations. I indique ensuite les institutions qui existent à l'étranger, entre autres le système des syndicats ou agences d'exportation et les groupes d'expansion commerciale créés en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Hongrie, les musées commerciaux, les Bourses du commerce extérieur. Il y a là une foule de renseignements utiles non seulement à des législateurs, mais aux commerçants eux-mêmes qui par leur initiative pourraient réaliser un grand nombre de ces améliorations.

L'ouvrage se termine par une étude statistique et critique du commerce des principaux pays dans les plus grands pays du monde. C'est un manuel clair, alerte et persuasif.

J.-P.-ARMAND HAHN.

Ouvrages envoyés à la rédaction.

P. BAUDIN, P. LEROY-BEAULIeu, MilLERAND, ROUME, J. THIERRY, E. ALLIX, J.-C. CHARPENTIER, H. de PEYERIMHOFF, P. de ROUZIERS, D. ZOLLA. Les forces productives de la France. (Conférences organisées à la Société des anciens élèves de l'École des Sciences politiques). F. Alcan, 4 vol. in-18, 252 p. ALBERT CALEB, docteur en droit, privat-docent à l'Université de Genève. Du régime des capitulations en Turquie par rapport à la Bulgarie. 1 broch., 48 p. LOUIS DELPÉRIER. Les colonies de vacances. (Préface de M. E. Cheysson de l'Institut). Lib. V. Lecoffre, 1 vol. in-32. PAUL GAULTIER.

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L'idéal moderne: la

question morale, la question sociale, la question religieuse. Hachette et Cie, 1 vol. in-18.

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can, éditeur, 1 vol. in-18, 350 p. BERNARD LAVERGNE. Le régime coopératif. A. Rousseau. 1 vol. in-8, 560 p. RAYMOND LAZARD.

Michel Goudchaux (1797-1862), son œuvre, sa vie politique. F. Alcan, 1 vol. in-8, 683 p.

ANDRÉ LIESSE, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, et à l'École des Sciences politiques. — Portraits de financiers (Ouvrard, Mollien, Gaudin, baron Louis, Corvetto, Laffite, de Villèle). F. Alcan, 1 vol. in-16. MARCEL MARION. La vente des biens nationaux pendant la Révolution, avec étude spécial des ventes dans les départements de la Gironde et du Cher. H. Champion, 1 vol. in-8, 448 p.

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LOUIS MARLIO, ingénieur des Ponts et Chaussées, docteur en droit. La politique allemande et la navigation intérieure; 2e éd., L. Laron et L. Tenin, 1 vol. in-18.

Le propriétaire-gérant: FÉLIX ALCAN.

Coulommiers. - Imp. PAUL BRODARD.

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