de 0 fr. 77 pour les femmes et de 0 fr. 50 pour les enfants 1. Les sous-préfets, consultés en 1847 par le gouvernement, ont, les uns signalé une augmentation de salaires depuis 1830, les autres déclaré qu'il n'y avait pas eu augmentation. II Pour la seconde moitié du XIXe siècle, le ministère de l'Agriculture fournit des moyennes générales du salaire agricole en France en 1862, en 1882, en 1892. Celui des maîtres valets a augmenté de 29 p. 0/0 de 1862 à 1882 et de 6 p. 0/0 seulement de 1882 à 1892; celui des journaliers, qui, l'été, avait augmenté de 12 p. 0/0, a quelque peu diminué de 1882 à 1892 sous l'influence de la baisse du prix des produits de la terre '; mais, depuis 1896, il y a eu de nouveau augmentation. Salaires des ouvriers non nourris et gages des domestiques 3. Un concours de l'Académie des sciences morales et politiques en 1908 a fait connaître l'accroissement depuis soixante ans du salaire agricole dans dix-sept régions de la France. En additionnant, d'une part, tous les gages à l'année des domestiques de ferme, hommes et femmes, et les salaires à la journée qui sont compara 1. Les dossiers de cette enquête sont aux archives de la Chambre des députés. Nous en avons donné une analyse détaillée dans l'Histoire des classes ouvrières el de l'industrie depuis 1789, p. 259, et Appendice, p. 300 et suiv. 2. Cette baisse du salaire du journalier est même contestée par des agronomes. Voir La grève, les salaires et le contrat de travail, par M. Zolla, p. 75 et 77. 3. M. Zolla a recueilli quelques données dans des fermes dont les comptes étaient régulièrement tenus. Près de Pithiviers, le premier charretier, 400 francs en 1856-1861, 750 francs en 1881-1891; le quatrième charretier, 130 francs et 200 francs; la première servante, 250 francs et 400 francs, sans changement depuis 1881. Autres exemples: près de Chateau-Thierry, en 1874, le premier charretier, 500 francs en 1874, 600 francs en 1882, 660 franes en 1892; dans les Ardennes, l'ouvrier agricole non nourri, 2 francs en 1850, 3 fr. 50 en 1835, 3 fr. 60 en 1895; à Flancourt (Somme), le domestique de ferme, 210 francs en 1845, 500 francs en bles il y a une soixantaine d'années et aujourd'hui dans ces mémoires, puis en calculant leur rapport pour 0/0 aux deux époques, on obtient un résultat qui, sans avoir la prétention d'être la moyenne de la France, fournit un indice d'augmentation. Ce résultat est pour le salaire journalier un doublement et pour les gages annuels un peu plus qu'un doublement 1. On peut remonter par delà 1850 au moyen de quelques statistiques particulières. Par exemple, M. Risler a indiqué comme salaire de l'ouvrier non nourri dans l'Aisne 2 francs de 1840 à 1860 et 3 fr. 50 de 1875 à 1884. M. Blaise des Vosges a donné dans le Bas-Vendomois 1 fr. 50 à 1 fr. 75 pour les journaliers en 1836 et 2 fr. 50 à 3 francs en 1878. M. E. Chevalier a constaté dans une ferme de l'Oise prise comme type 220 francs par an pour un premier charrelier, 96 francs pour un homme de cour,, 1 franc pour un journalier en 1834, et pour les mêmes fonctions 600 fr., 400 fr., 2 fr. 50 en 1884 3. La hausse des salaires ruraux est due en partie à l'accroissement de la richesse agricole, en partie à l'émigration vers les villes. Elle a exercé une influence sur l'adoption des machines par les cultivateurs en même temps que l'emploi des machines, laissant des journaliers sans travail, a contribué à l'émigration. III La statistique des salaires industriels est plus riche. Les professions sur lesquelles on possède les renseignements les plus précis depuis le commencement du XIXe siècle sont celles du bâtiment à Paris. En exprimant par 100 la moyenne de leurs salaires en 1806, date initiale, on trouve les rapports suivants : 100 en 1806, 148.3 en 1852, 187.8 en 1862, 193,3 en 1873, 252 en 1880, 271.1 en 1900. Ces salaires sont donc pour le moins une fois et demie plus forts en 1900 qu'au début du siècle. Les maçons, par exemple, gagnaient en douze heures 3 fr. 90 en 1806; en 1900-1903 ils gagnent en dix heures 8 francs. Le taux diffère d'une spécialité à l'autre; par exemple en 1903, on trouve 1 fr. 14 l'heure pour les 1. Pour le détail de ces salaires voir le rapport de M. Levasseur sur le concours pour le prix Léon Faucher de 1908. Comptes rendus des séances et travaux de l'Académie des sciences morales el politiques, 1908. 2. Voir Les Salaires au XIXe siècle, par E. Chevalier. ravaleurs, 0 fr. 80 pour les menuisiers et les maçons, 0 fr. 60 pour les terrassiers, 0 fr. 50 pour les garçons maçons. Il différait à peu près dans les mêmes proportions en 1806. Les mines de houille fournissent annuellement une statistique du salaire moyen journalier de leurs ouvriers: en 1844 (commencement de cette statistique) 2 fr. 09, en 1872 3 fr. 35, en 1903 4 fr. 531. Le gain annuel moyen s'est élevé à 531 francs en 1850, à 174 francs en 1870, et à 1161 en 1895, à 1309 en 1906. La production totale des combustibles dans les mines de houille a augmenté parallèlement au nombre des ouvriers jusque vers 1877 et plus rapidement que ce nombre depuis cette date, probablement à cause du perfectionnement de l'outillage. Par suite, le salaire moyen journalier des ouvriers n'a pas eu une progression aussi rapide, surtout depuis 1875, mais il a subi moins de variations d'une année à l'autre que le total de la production. Le ministère du Commerce a publié en 1853 et de 1871 à 1887 les salaires dans les chefs-lieux de département d'après les renseignements des maires, renseignements simplement approximatifs. Le salaire moyen a été trouvé de 3 fr. 82 à Paris et de 2 fr. 04 dans les autres chefs-lieux en 1853, de 4 fr. 61 et 2 fr. 70 en 1875, de 5 fr. 34 et 3 fr. 17 en 1887 d'où, depuis le début, une augmentation de 66 p. 0/0 en province et de 57 p. 0/0 à Paris 2. En 1891-1893 l'Office du travail a procédé à une enquête sur les salaires et la durée du travail qui a porté sur 471 800 personnes appartenant presque toutes à la grande ou à la moyenne industrie. Le taux moyen général qu'il a trouvé par ses calculs est de 4 fr. 20 pour les hommes, à savoir 6 fr. 15 dans le département de la Seine et 3 fr. 90 dans les autres départements. Ces moyennes sont la résul 1. Une des compagnies les plus importantes, celle de Lens, donne comme salaire annuel les chiffres suivants : 1 1869-70 1900-1901 1906-1907. (AIDES COMPRIS) DU FOND DE Une augmentation à peu près semblable est constatée dans les autres exploitations minières. 2. En prenant pour point de départ l'année 1872 représentée par 100, on trouve jusqu'en 1887 une augmentation de 16 p. 0/0 en province et de 21 à Paris. tante de groupes échelonnés depuis 1 franc et moins jusqu'à 15 francs et plus; mais les quatre cinquièmes des cas ne s'éloignent guère de plus d'un quart au-dessus ou au-dessous de la moyenne générale. Cette enquête a constaté que le travail était en général mieux rémunéré dans les grands ateliers que dans les petits 1. Or, le nombre des grands ateliers augmente par suite de la concentration de certaines industries. Une autre enquête de l'année 1901 sur le salaire dans les chefslieux de département que la Direction du travail a publiée sous le titre de Bordereaux des salaires a allongé la période d'observation et donné comme salaire moyen de quarante-deux professions à Paris 6 fr. 37 en 1896 et 6 fr. 93 en 1901, et en province 3 fr. 85 en 1896 et 3 fr. 92 en 1901. En comparant les deux dates extrêmes, 1853 et 1901, on trouve que, le salaire de 1901 étant représenté par 100, celui de 1852 le serait par 50 doublement en un demi-siècle. La Direction du travail a continué à recevoir des maires et des conseils de prudhommes des renseignements avec lesquels elle a composé le tableau suivant du salaire moyen dans les chefs-lieux de département (moins Paris): 1. En province le salaire moyen était de 4 fr. 45 dans les établissements occupant plus de 1000 ouvriers, de 3 fr. 55 dans les établissements occupant de 499 à 100 ouvriers, de 3 francs dans les établissements occupant moins de 25 ouvriers. La durée de la journée est (à Paris au moins) plus courte en général dans les grands établissements que dans les petits. 2. Nombres proportionnels des établissements industriels classés d'après leur importance: Les mines de houille, les usines de fer-blanc, les hauts fourneaux, les aciéries, les fabriques de phosphore, de porcelaine, de bougies sont les établissements dans lesquels la concentration a été le plus prononcée de 1896 à 1901. 3. Cette moyenne générale de 4.20 est établie sur les salaires de 44 professions En combinant ces éléments avec d'autres données il a été dressé dans l'Annuaire statistique de la France (1906) l'échelle suivante d'indices du taux moyen du salaire en France1 de dix en dix ans depuis le commencement du XIXe siècle. Ces diverses échelles d'accroissement doivent être considérées, ainsi que nous l'avons dit, comme de simples approximations, puisqu'elles résultent non de dénombrements, mais de renseignements partiels. Elles sont toutefois aussi rapprochées que possible de la réalité. Or, elles font voir : 1° accroissement général de dix ans en dix ans; 2o accroissement qui a été très lent de 1806 à 1840 et même jusqu'à 1850 (l'industrie était alors sous un régime ultra-protectionniste); 3° accroissement qui est devenu rapide de 1850 à 1880 (l'industrie a été pendant cette période sous un régime douanier libéral); 4° accroissement qui s'est ralenti depuis 1880, concordant avec la baisse de prix des marchandises en gros (le régime protectionniste s'est reconstitué pendant cette période); 5° reprise d'un mouvement ascendant plus accentué depuis 1900 et même un peu auparavant 2. Il y a, en résumé, plus que doublement depuis le commencement du XIXe siècle. IV Les éléments dont se composent ces moyennes générales sont très divers. exercées dans 183 villes. Voici la moyenne spéciale de quelques professions en 1906 tisserands 3'.21, terrassiers 3.51, cordonniers 3.74, tailleurs d'habit 4'.39, serruriers 4.40, maçons 4'.43, peintres en bâtiment 4'.41, menuisiers 4′.45, ébénistes 4.66, imprimeurs 4.87, horlogers 4'.92, forgerons 5'. 1. L'échelle a été dressée d'après les salaires des houillères, ceux des trois enquêtes de 1840-45, 1860-65 et 1891-93, ceux de la petite industrie dans les chef-lieux de département. 2. Comme exemple d'augmentation durant ces dernières années citons les aciéries de Longwy, industrie prospère, dans laquelle les manœuvres gagnaient au moins 3 francs en 1890 et 3 fr. 52 en 1905, les mouleurs 2 fr. 55 et en 1890 4 fr. 95 en 1905. |