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vail n'a pas obtenu à beaucoup près (à la fois à cause de la répartition des circonscriptions électorales et par le mode de votation) la représentation à laquelle lui donne droit le nombre de suffrages recueillis.

Or, quelques sacrifices que s'imposent les forces ouvrières, il n'est pas possible qu'elles réunissent les 50 ou 60,000 £ qu'il faudrait avoir chaque année.

C'est pourquoi cette question de l'indemnité parlementaire a pris une importance considérable et est une de celles sur lesquelles le Parti du Travail tenait à prendre position plus tôt.

L'ensemble des réformes que nous avons énumérées entraînerait des dépenses considérables, aussi les revendications ouvrières ontelles pour corollaire nécessaire la création de ressources financières nouvelles, et le Parti réclame la modification de l'assiette de l'impôt.

Le programme que nous venons d'exposer n'est pas défendu seulement par le Parti du Travail, et c'est aux mêmes mesures que s'attachent les Libéraux ouvriers. C'est là un des motifs pour lesquels il est permis de croire, qu'en dépit des affirmations de principe, il y aura entre eux entente sur le terrain pratique. Il ne faut pas oublier que les vieux Trade-Unionistes, par leur nombre et leurs ressources, constituent la force véritable du mouvement ouvrier. Et si, pour des raisons identiques, le Parti du Travail veut les entraîner dans une action que leurs convictions n'acceptent pas, ils se retireront. Les chefs du Parti du Travail le savent et il est probable qu'ils en tiennent compte, dans l'intérêt même des réformes qu'ils veulent faire aboutir. Et pour ces réformes tous les membres du Parti et Libéraux Ouvriers agiront de concert. La partie est trop belle pour les ouvriers pour qu'ils ne sachent pas en profiter. L'annonce seule des succès électoraux du Travail a amené le gouvernement à faire aux Unions une concession qu'elles réclamaient en vain depuis de lon

1. Années

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gues années. Les syndicats de fonctionnaires sont légaux, mais les Ministres s'étaient jusqu'ici refusés à traiter avec eux. Dès qu'il put se rendre compte qu'un parti ouvrier siégerait à Westminster, le Post-Master general fit savoir que dorénavant le Syndicat des agents des Postes traiterait avec l'Administration de toutes les revendications collectives. Et quelques jours après, aux Communes, le ministre, qui avait pris maladroitement position sur la nomination d'une Commission d'Enquête sur ces revendications, dut céder devant la volonté du Parti Ouvrier et des Conservateurs, et accepter que le nombre des membres de cette Commission fût porté de 5 à 9 et qu'ils fussent désignés, non par le gouvernement, mais par les whips des partis.

C'est encore le gouvernement qui, répondant au vou des Congrès, se résout à la journée de huit heures et au paiement des salaires trade-unionistes pour les travaux de la guerre et de la marine, ce que les ministres précédents déclaraient inadmissible.

La Chambre des Communes décide que les enfants des écoles seront nourris aux frais de l'État, et que les Municipalités seron autorisées, à cette fin, à prélever une taxe spéciale, et le ministre de l'Instruction publique, M. Birrell, introduit cette disposition dans l'Education Bill.

Enfin, toujours à l'instigation du parti ouvrier, les Communes votent à l'unanimité une motion décidant qu'une indemnité de £ 300 sera allouée à ses membres, et que les dépenses des returnings officers seront payées par l'État, et elle décide d'établir des retraites

ouvrières.

Sans doute, les deux dernières motions ne sont à l'heure actuelle qu'une affirmation de principe. Comme le fit observer le Chancelier de l'Échiquier, le Gouvernement n'a pas les ressources nécessaires pour qu'elles reçoivent leur effet. Mais elles ont son appui et l'on peut être assuré que les membres ouvriers lui rappelleront ses engagements et lui suggéreront les moyens d'y faire face. Ils ont affirmé que, libre-échangistes convaincus, ils n'hésiteraient cepennant pas à se prononcer contre le gouvernement s'il n'entrait pas dans la voie des réformes. A une autre occasion, on a rappelé à M. Asquith ses promesses de refonte de l'impôt et de taxation de la propriété non bâtie, et il n'a pu que reconnaître que c'était là la

solution de la question et s'engager à soumettre des projets dans ce sens au Parlement.

Ce ne sont là que les premières manifestations de l'influence reconnue au Parlement du Parti du Travail : il a, à son actif, une victoire dont nul ne songe à contester l'importance.

Dès les premiers jours de la session de la Chambre des Communes, le Parli du Travail s'est préoccupé des moyens de faire reconnaître, législativement cette fois, le statut dont les TradeUnions avaient joui en fait depuis trente ans.

On sait qu'elles réclamaient que le picketing fût défini et autorisé, que les actes commis au cours d'un conflit par une collectivité ne soient punissables qu'au cas où ces mêmes actes, émanant d'un seul individu, étaient punis par le droit commun, et enfin que l'arrêt de la Chambre des Lords, de 1901, fût annulé et que la Loi déclarât explicitement qu'en aucun cas une Trade-Uuion était pécuniairement responsable des dommages causés à des tiers.

Le Gouvernement déposa un bill donnant satisfaction aux Unions sur les deux premiers points, mais, au point de vue de la responsabilité civile, le texte distinguait entre les dommages volontairement causés, sur ordre du Comité exécutif, pour lesquels le principe posé par les Law-Lords était maintenu et les dommages causés par les membres des Trade-Unions, sans que leur Comité fût intervenu. Dans ce dernier cas, le texte du Gouvernement décidait qu'il ne pouvait y avoir lieu à dommages-intérêts.

Keir Hardie protesta au nom du Parti du Travail que le Bill ne donnait pas satisfaction aux intérêts dont il était mandataire, et comme les Ministres lui faisaient observer qu'il ne tenait qu'aux Unions de ne jamais voir se réaliser l'éventualité première, en confiant la direction des grèves à un Comité composé de membres n'occupant pas de fonctions rétribuées par l'Union, le leader du Labour Party, dans un beau mouvement oratoire, s'indigna des compromissions suggérées par le Gouvernement et de la tactique équivoque qu'il prenait.

«La classe ouvrière, dit-il en substance, veut une situation nette : elle entend que le Parlement dise sans ambiguïté s'il veut ou non donner satisfaction à ses revendications en supprimant explicitement, dans tous les cas, la responsabilité pécuniaire établie par

l'arrêt de 1901. Elle n'acceptera pas le moyen du Gouvernement qui, pour arriver au résultat souhaité, ne permet pas aux Unions de prendre la responsabilité de leurs actes. »

Sir Henry Campbell Bannermann, devant l'attitude énergique du Parti du Travail, capitula en se ralliant au texte explicite déposé par Keir Hardie et ses amis, déclarant qu'il n'y avait pas au fond de différence appréciable entre les deux textes et que, puisque celui du leader ouvrier était plus clair, le gouvernement n'hésitait pas à le faire sien.

Et à la fin de la session d'automne de 1906, la nouvelle loi syndicale fut votée par le Parlement sans que la Chambre des Lords eût tenté d'y apporter de modifications. C'est là pour le Parti du Travail un véritable triomphe : la loi nouvelle a dépassé les espérances mêmes de ses leaders. Il ne lui a pas suffi en effet de rendre aux Trade-Unions les avantages qu'elles avaient cru posséder après la loi de 1871, c'est un statut privilégié exorbitant du droit des associations qu'elle a établi pour elles.

L'Act de 1906 reconnaît en effet aux syndicats le droit de posséder sans limite et non seulement les affranchit de toute responsabilité civile pour les actes portant préjudice à des tiers, accomplis par eux ou leurs agents, mais il étend encore, exception unique au droit commun, le bénéfice de cette disposition à ceux de leurs membres qui ont été exécutés dans un intérêt collectif, même contre les ordres du syndicat.

C'est la caractéristique principale de cet Act, véritablement révolutionnaire, auprès de laquelle tous les autres avantages qu'obtiennent les Syndicats s'effacent.

C'est à peine si l'on songe que désormais la loi sanctionne expressément les actes de Picketing, dont elle donne une définition précise et élargie, pourvu qu'ils soient accomplis de manière paisible, qu'elle s'est refusée à limiter le nombre d'ouvriers composant les Pickets, qu'elle a supprimé le pouvoir d'interprétation des juges, en repoussant les mots « et de manière raisonnable » que l'opposition voulait introduire dans le texte et grâce auxquels les tribunaux auraient pu imputer aux Trade-Unions des faits d'intimidation qu'interdisent les dispositions encore en vigueur, les lois antérieures.

Enfin, la loi ne permet d'intenter aucune action contre ceux qui auront incité des tiers à rompre leur contrat de travail.

Après cette affirmation de sa puissance, les autres mesures dont la Représentation ouvrière a obtenu le vote paraissent de minime importance, et l'extension de la loi sur les accidents du travail ellemême aux catégories exclues en 1897 par le législateur mérite à peine d'être signalée.

En 1907, l'activité parlementaire du nouveau parti a paru se ralentir le sens pratique de ses chefs exige qu'ils n'aillent pas trop vite en besogne et les réformes qu'ils veulent faire aboutir ne sont pas encore assez mûres pour être imposées. Ils préparent les voies et c'est ainsi qu'on les a vus se rapprocher temporairement tout au moins des Libéraux ouvriers et même de l'aile radicale de la majorité dans la lutte engagée contre la Chambre des Lords qui paralyserait par son hostilité tous leurs efforts.

Cependant le Parti du Travail poursuit sa propagande dans le pays et récemment encore, à Colne Valley, son candidat M. Grayson, battait ses adversaires, un libéral et un conservateur.

Ces succès électoraux ont surtout une importance morale: ils montrent aux libéraux que la constitution du Parti du Travail n'a pas été due à des causes fortuites, et qu'ils doivent hâter le vote des réformes ouvrières, dont la plupart des radicaux sont d'ailleurs partisans, mais qu'ils ajourneraient peut-être en d'autres circon

stances.

C'est pour les syndicats une ère nouvelle qui commence.

Les ouvriers organisés ont pris conscience de leur puissance politique en Grande-Bretagne. Ils entendent désormais exercer au Parlement et dans le pays l'influence à laquelle leur nombre leur donne droit.

On les a obligés à sortir de l'inaction politique dans laquelle ils s'étaient volontairement renfermés. Ils n'y rentreront pas et lutteront pour l'évolution des privilèges dans ce pays traditionaliste et resté féodal par bien des côtés.

Et, comme le disait au lendemain des élections un journal' conservateur qui n'a pas peu contribué (encore qu'involontairement) à provoquer ce mouvement politique : «< Lorsque la Chambre des Lords rendit son fameux arrêt proclamant la responsabilité pécu

1. The Times.

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