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plus profondes et les plus obscures de la nation. Ils sont contraints d'élever la voix, et les plus bruyants l'emportent. « Les socialistes, disait M. Hyndman peu après la conférence, veulent appliquer leurs idées, autant que possible, par les moyens légaux et pacifiques, mais plutôt que de continuer à subir le présent état de choses pendant encore trente ans, il vaudrait mieux employer la force pour supprimer notre faux système social1. »

Une conférence rassembla à Manchester, le 17 avril, les 140 délégués des 12 000 membres du parti social-démocrate (jadis Social democratie Federation). Nous ne trouvons plus ici les centaines de milliers de voix du Labour. La Société est petite. Elle ne rassemble que les purs parmi les purs. Après un débat de deux heures et demie, elle décida, le 19 avril, de repousser toute affiliation avec le Labour Party. M. Hyndman soutenait que s'ils pouvaient atteindre le parti du travail, ils en feraient, en un an, un parti socialiste militant. M. Quelch répondit «< Se rapprocher de l'Independent Labour Party, c'est avouer que nous nous sommes trompés durant sept ans. Allons-nous amener le drapeau rouge? »>

La 16 conférence annuelle de l'I. L. P. se réunit le 20 avril à Huddersfield. Les résolutions tinrent un assez juste milieu entre le modérantisme de la conférence de Hull et le radicalisme du S. D. P. La note fut donnée par le Président, M. Ramsay Macdonald, un des esprits les plus intéressants et une des figures les plus attachantes du nouveau parti dans le Parlement. Selon lui « les nécessités actuelles semblent demander que le Socialisme soit présenté comme une théorie rationnelle d'organisation sociale, et le devoir des socialistes est de transcrire cette théorie dans la politique du jour. Toute proposition pratique tendant à diminuer ou à supprimer les maux sociaux présuppose la venue de l'État socialiste. Dans cette tendance. vers le socialisme, le rôle de l'I. L. P. est double. Il doit rendre clair le sens de cette tendance et modeler la société sur ses exigences. Les socialistes doivent être des propagandistes comme St Jean-Baptiste et des politiques comme St Paul. Ils doivent poursuivre ces deux missions et ce serait un malheur pour le socialisme de ce pays si elles venaient à être séparées. »

Il est évident que, sous l'impulsion plus ou moins précise et généralement assez vigoureuse de ses affiliés, le parti parlementaire du travail esquisse une évolution vers la gauche et penche de plus en

1. Discours au Shaftesbury Theatre (26 avril 1908).

plus vers le socialisme. En même temps, il tend à s'unifier. On annonçait, le 2 avril, que les négociations engagées entre les deux groupes du travail à la Chambre des communes étaient sur le point d'aboutir. Les représentants du groupe Trade Unioniste et du groupe de l'Independent Labour s'étaient mis d'accord sur le principe, non de la fusion complète, mais d'une alliance qui laisserait à chaque parti son autonomie. Les deux groupes s'assembleraient en commun une fois par mois, marcheraient d'accord dans les discussions relatives aux questions du travail et ne se feraient pas d'opposition aux élections.

Enfin on apprit au mois de juin une nouvelle d'importance. La Fédération des mineurs de la Grande-Bretagne, à la suite d'une consultation de tous ses membres par la voie du scrutin, résolut de s'affilier au Labour Representation Committee, c'est-à-dire à l'I. L. P. pour tout ce qui toucherait à l'action parlementaire ou électorale. Jusqu'à présent, nous l'avons déjà dit, les députés des mineurs avaient ménagé leur indépendance. Ils votaient souvent avec le gouvernement et constituaient, avec les autres députés trade-unionistes non affiliés à l'I. L. P. le groupe du Liberal labour. Ils souffraient, disait-on, de leur soumission au parti ministériel et enviaient la liberté d'action de leurs confrères labourites. Leur résolution entraînera de graves conséquences: ils constituaient à eux seuls une bonne partie du groupe trade-unioniste, que leur départ laisse très affaibli1. Leur affiliation au parti socialiste est une manifestation d'une grande portée qui augmentera sensiblement l'autorité de celui-ci, mais il ne faut pas oublier que les députés mineurs n'abdiquent pas toute personnalité et qu'ils exerceront sans doute une influence modératrice dans le parti indépendant du Travail.

IV

Enfin le parti irlandais traverse une crise qu'il faut signaler. Je ne veux pas parler du singulier mouvement de Sinn Fein, tendant à supprimer la représentation irlandaise à Westminster pour consacrer l'argent qu'elle coûte au développement économique du pays2,

4. Les statistiques parlementaires de ce genre sont toujours difficiles à établir. Certains comptent 11 députés mineurs sur 25 trade-unionistes, d'autres en trouvent 15 sur 22. Leur départ réduira donc les trade-unionistes à un petit groupe d'une dizaine de membres.

2. Sinn Fein ne semble pas avoir obtenu dans l'opinion irlandaise un très vif succès. Il est du moins permis de le penser en considérant les résultats de

mais de l'antagonisme qui vient d'éclater entre les leaders nationalistes et le clergé catholique anglais. La fàcheuse loi sur l'éducation est encore la cause de ces difficultés. Elle a excité au plus haut point les passions des diverses églises et les évêques catholiques ont, à plusieurs reprises, prétendu mobiliser, contre les candidats qui la soutenaient, les électeurs irlandais de leur confession. C'était les soustraire à l'autorité de leurs leaders politiques. Ceux-ci protestèrent vigoureusement et proclamèrent les principes de l'unité du parti et de la prééminence du Home Rule dans la convention annuelle de l'United Irish League qui se réunit à Leeds au mois de juin. Sur une motion de M. D. Boyle tendant à condamner les tentatives de certaines organisations locales pour diviser les votes irlandais, M. J. Redmond prit la parole. Il déclara que la motion présentait une importance capitale. « La question posée est celle du maintien ou de l'extinction du mouvement national (irlandais) en Grande-Bretagne. C'est une question de vie ou de mort... Le mouvement national n'est pas un mouvement catholique... Il unit dans son ensemble des hommes de toutes les convictions et ceux qui voudraient le transformer en un mouvement simplement catholique répudieraient quelques-unes des plus belles pages de l'histoire nationale... Tout ce qui peut diminuer la puissance, le prestige et l'unité du parti irlandais affaiblit la défense des écoles catholiques... Cette défense est surtout, dans le parlement, une affaire de tactique, et des hommes qui ont vécu un quart de siècle dans la Chambre des communes et possèdent l'expérience des débats politiques sont beaucoup plus qualifiés pour l'entreprendre que n'importe quelles personnalités ecclésiastiques ou autres, moins expérimentées. Nous ne supporterons pas, autant que cela dépendra de nous, aucune action, par aucunes personnes, dans nos rangs ou en dehors, qui s'arrogeraient le droit de dicter leur vote aux électeurs irlandais dans toute crise qui puisse éclater. Des leaders politiques engageant les électeurs à voter dans un sens et des conseillers cléricaux insistant dans un autre sens, ce serait pour l'Irlande une situation fatale. »>

La résolution fut adoptée à l'unanimité.

M. CAUDEL.

Manorhamilton (Leitrim) où M. Dolan, son candidat, n'obtint que 1,157 voix contre 3,103 au candidat nationaliste.

1

CHRONIQUE DES
DES ÉTATS-UNIS

(1907-1908)

LES PARTIS POLITIQUES ET L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

I. La 1re session du 60o Congrès. - II. Le parti républicain. M. Roosevelt et la question du 3o terme. Les aspirants candidats: MM. Joseph J. Cannon; Ch. Waren Fairbanks; Knox; Cortelyou; Hughes; William H. Taft. La convention de Chicago, 16 juin. Les candidats : Taft et Sherman. Le programme du parti. La question de la représentation à la Convention nationale. - III. Le parti démocrate. La convention de Denver, 7 juillet. Les candidats: William J. Bryan et John W. Kern. Le programme du parti. IV. Les partis secondaires le parti populariste; le parti socialiste; le parti socialiste ouvrier; le parti prohibitionniste; le parti national indépendant et M. William R. Hearst. V. La campagne présidentielle le mouvement radical; le territoire de la lutte le centre-ouest; le vote des ouvriers; le vote des nègres. La publicité des dépenses électorales. L'élection du 3 novembre.

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I

Le souci de l'élection présidentielle a dominé durant tout le cours de cette année la vie politique américaine. Il a eu sa répercussion sur la vie économique, pesant sur le monde des affaires, et contribuant à ralentir la reprise de celles-ci, qui avaient été si profondément troublées par la violente crise financière de l'automne de 1907. Les travaux législatifs ont été, comme d'ordinaire, profondément affectés par la perspective de cette élection. Le 60° Congrès commençait en novembre sa 1re session. C'était sa longue session, qui se prolonge lorsqu'il est nécessaire jusque bien avant dans l'été, mais cette année, elle a été interrompue dès le 30 mai. Les chefs de partis voulaient être libres pour préparer la campagne électo

rale, et les membres de la Chambre des représentants avaient hâte de rentrer dans leurs circonscriptions pour surveiller leurs propres intérêts: les élections à la Chambre basse ont lieu tous les deux ans, et coïncident une fois sur deux avec l'élection présidentielle.

Sans tenir compte de ces préoccupations, le président, M. Roosevelt, avait proposé au Congrès, dans son message annuel, du 3 décembre 1907, un programme considérable. Parmi les nombreuses mesures dont il demandait l'adoption, les principales avaient pour objet le vote d'un amendement à la loi Sherman de 1890, en vue d'autoriser les compagnies de chemins de fer à conclure des ententes sous certaines réserves; une loi sur la circulation fiduciaire, pour donner à celle-ci une plus grande élasticité; une loi sur les accidents du travail, dans le domaine du pouvoir fédéral; l'adoption du principe d'une enquête obligatoire par le gouvernement fédéral dans les conflits importants entre patrons et ouvriers etc. Le peu de hâte du Congrès à satisfaire les désirs du président amena l'envoi d'un nouveau message le 30 janvier, puis de deux autres, le 25 mars et le 27 avril. L'insistance du président n'eut d'ailleurs pas raison de l'apathie du Congrès et surtout de la volonté arrêtée du speaker, M. Cannon, qui s'est toujours montré hostile aux mesures souvent d'allures radicales proposées par M. Roosevelt, de ne faire à cette session qu'une besogne modeste. La seule mesure importante adoptée par le Congrès est la loi Vreeland-Aldrich, qui autorise l'émission, dans les périodes de resserrement monétaire, par des associations composées d'au moins dix banques nationales chacune, de billets d'un caractère provisoire, garantis, sous des conditions spéciales, par des titres et le portefeuille commercial des banques. Le président avait demandé le vote de crédits suffisants pour la construction de quatre cuirassés du type le plus récent; il fit même de cette question l'objet d'un message spécial, le 14 avril. Mais le Congrès, insensible à ses objurgations, ne vota qu'un crédit de 10 millions de dollars, pour deux cuirassés seulement.

Les membres du Congrès ne portaient que peu d'intérêt à leurs travaux législatifs. Dès le mois de novembre, les intrigues avaient commencé au sein même des partis, entre les factions rivales, accaparant l'activité des chefs, pour assurer le triomphe de leur favori. Ces intrigues ont dominé la vie politique jusqu'au mois de juin, où les conventions nationales, par l'adoption du programme et l'élection des candidats, ont ouvert la seconde partie, la partie publique et

A. TOME XXIII.

1908.

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