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moyen d'assurer ce résultat serait de conclure un accord rapide et d'éviter tout éclat inutile.

ANNEXE B AU No 123.

Memorandum.

Le Gouvernement de Sa Majesté a pris en considération le Memorandum que M. de Staal a remis à Lord Granville le 31 courant, relative à la frontière proposée entre le Heri-Rud et l'Oxus.

Il semble ressortir de ce Memorandum que le Gouvernement russe n'est pas satisfait de la fixation de la ligne sur laquelle un accord s'était conclu à Londres de commun accord avec M. de Staal et M. Lessar, et pour laquelle l'Ambassadeur entreprit d'obtenir l'acceptation du Gouvernement russe.

Les points sur lesquels une modification est demandée sont les suivants : D'abord, en ce qui concerne Zulfikar, le memorandum ôte aux Afghans le passage que leur laissait cet accord et propose que la ligne, après avoir laissé le Heri-Rud un peu au nord du point marqué « Zulfikar-Pass » sur la carte anglaise, suive dans la direction est et sud les crêtes des hauteurs qui bordent la vallée du Heri-Rud et passe ensuite entre Ak-Robat et Soumé Kehrizi.

Deuxièmement, le point nord du Meruchak, où la frontière traverse le Murghab, devrait être fixé de façon à attacher autant que possible au territoire russe les terres cultivées par les Turcomans Sarik et leurs pâturages, au lieu de stipuler que cette ligne laisserait à l'Afghanistan Meruchak et ses dépendances. Troisièmement, le memorandum propose que la frontière est du Murghab soit tracée dans une zone entre les hauteurs indiquées sur la carte russe, qui bordent au nord et à l'ouest les vallées du Kaisor et du Sangalak, et les limites des terres cultivées de Maimeneh et d'And-Khoï, formant une partie du territoire afghan, et finisse à Khodja-Saleh. La délimitation des pâturages appartenant aux populations respectives doit être laissée aux commissaires et, au cas où ils ne pourraient s'accorder, il en sera référé aux Gouvernements.

Le memorandum finit en déclarant que si le Cabinet de Londres tenait à une extension des pâturages afghans sur les bords de Maimeneh et d'And-Khoi, et à une extension des limites du Zulfikar, de façon, cependant, à garantir le territoire russe contre les incursions de bandes qui pourraient prendre avantage de la passe, le Gouvernement russe consentirait à condition que Meruchak lui fût cédé et que la frontière fut fixée au nord du Bala Murghab.

Pour s'occuper tout d'abord du paragraphe dernier du memorandum, le Gouvernement russe semble avoir des appréhensions relativement aux intentions du Gouvernement de Sa Majesté sur les points auxquels se rapporte ce paragraphe. Notre Gouvernement n'a demandé aucune extension des pâturages afghans, mais seulement que les habitants de Maimeneh et d'And-Khoi dont l'accord de 1873 reconnut là possession à l'Afghanistan, ne fussent pas privés de leurs terres cultivées ou de ces pâturages de l'usage desquels ils jouissaient actuellement avant que l'occupation russe de Merv eût établi la tranquillité dans ces pays.

Pour ce qui concerne Zulfikar, notre Gouvernement ne réclame pas pour les Afghans autre chose que le droit de commander au passage qui va du Heri-Rud

à l'est.

Si la délimitation dans le projet d'accord pouvait être interprétée de façon à impliquer plus que celui-ci, il serait tout prêt à examiner un texte différent; mais une délimitation de Zulfikar qui ne garantirait pas aux Afghans le droit de commander le passage en question, rendrait l'arrangement sans valeur pour l'Afghanistan.

L'idée de céder Meruchak à la Russie et de fixer la frontière au nord de Bala Murghab ne pouvait être acceptée par le Gouvernement de Sa Majesté. La possession de cette place par l'Afghanistan est considérée par nous comme une

condition essentielle de l'arrangement, et il est d'accord avec les propositions faites par le Gouvernement russe, le 16 janvier.

Le Gouvernement de Sa Majesté convient avec le Gouvernement russe qu'il faut apporter beaucoup de circonspection à tracer la frontière. Il serait tout disposé à accéder aux modifications suivantes du projet dressé par M. de Staal et M. Lessar:

D'abord, en ce qui concerne Zulfikar, la frontière partira du Heri-Rud, un peu au nord du point marqué «< Zulfikar Pass » sur la carte jointe au protocole (carle anglaise), et suivra les crêtes des hauteurs bordant au nord le passage qui va du Heri-Rud à l'est, de façon à laisser l'Afghanistan commander les deux extrémités du passage en question ».

En second lieu, en ce qui regarde le point auquel le frontière doit traverser le Murgbab, le Gouvernement de Sa Majesté est prêt à tomber d'accord pour qu'on prenne « un point au sud du Meruchak, fixé de façon à laisser à la Russie les terres cultivées par les Saryks et leurs pâturages ».

Le principe, ainsi posé, est accepté comme équitable par le Gouvernement de Sa Majesté, il est bien entendu qu'il devra s'appliquer aux populations des deux côtés de la frontière. Il proposerait en conséquence pour la frontière est du Murghab la délimitation suivante qui obvierait aux difficultés causées par les doutes qu'ont soulevés les récentes levées de plans sur la position des hauteurs mentionnées dans la frontière proposée par la Russie le 16 janvier, et qui est contenue dans la rédaction de la convention.

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Appliquant le principe ci dessus aux Turcomans, sujets de la Russie, et aux sujets de l'émir d'Afghanistan, la frontière suivra une ligne située au nord de la vallée du Kaisor et à l'ouest de la vallée du Sangalak (Ali-i-And-khoi), et laissant And-Khoï à l'est, courra vers Khodja-Saleh sur l'Oxus.

«La délimitation des pâturages appartenant aux populations respectives sera abandonnée aux Commissaires.

«En cas de désaccord, cette délimitation sera fixée par les deux gouvernements en s'appuyant sur les cartes signées et dressées par les Commissaires. »

No 124.

Le Secrétaire d'État de Giers au Conseiller privé de Staal. (Télégramme.)

Saint-Pétersbourg, le 16 mai 1885. Reçu Votre expédition du 10 courant (1). Etant désireux de contribuer à prompte solution et éviter malentendus au sujet du Zoulfagar, nous sommes disposés à abandonner aux Afghans le défilé qui, partant du Hériroud, traverse la première rangée des hauteurs bordant la rivière, de façon toutefois à ne pas couper et empêcher les communications entre les points situés du même côté de la frontière. La ligne tracée par M. Lessar, sur la carte anglaise, depuis Hériroud par les points A et B, répond à cette proposition. Une ligne tracée par le point C couperait nos communications. Quant à la frontière, depuis le point A jusqu'à Yegri-Gueuk, Vous êtes autorisé à proposer le tracé qui suivrait autant que possible les crètes des collines en laissant Pistalik-Atek aux Afghans. Pour tout le reste, nous acceptons la dernière rédaction des propositions anglaises.

GIERS.

(1) Voir le document n° 123.

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Le Conseiller privé de Staal au Secrétaire d'Étal de Giers. (Télégramme.)

Londres, le 23 mai (4 juin) 1885.

Je viens de recevoir la réponse du Gouvernement Anglais à nos dernières propositions. Je la traduis littéralement : « En formulant proposition du 22 mai (1), l'objet du Gouvernement de Sa Majesté était d'assurer à l'Afghanistan l'entière possession de la passe de Zoulfagar. Le Gouvernement de Sa Majesté ne désire pas couper aucune communication existante entre les points sur le côté russe de la frontière. Il y a divergence d'opinions quant à ces communications, mais le Gouvernement de Sa Majesté n'objecterait pas à ce qu'on mit dans les instructions à la Commission de préserver autant que possible ces communications, sans préjudice du commandement de la passe par les Afghans (2). »

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STAAL.

Le Secrétaire d'État de Giers au Conseiller privé de Staal.

Reçu télégramme du 23.

(Télégramme.)

Saint-Pétersbourg, le 24 mai 1883.

Croyant devoir insister sur l'intégrité de nos communications, nous sommes d'avis que c'est à la Commission qu'il faudrait abandonner le soin de concilier ce principe avec les conditions auxquelles le Gouvernement de Sa Majesté Britannique voudrait subordonner la cession à l'Afghanfstan du Zoulfagar. GIERS.

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Le Conseiller privé de Staal au Secrétaire d'État de Giers.

(Télégramme.)

Londres, le 26 mai 1885.

Reçu Votre télégramme du 24. Lord Granville, auquel je l'ai communiqué, hésite à y voir acceptation des dernières propositions anglaises. Désirant éviter tout malendu à ce sujet, il vient de m'écrire pour me demander si le Cabinet Impérial entendait donner à sa réponse l'interprétation suivante : « Tout en donnant aux Commissaires instructions d'assurer autant que possible les communications existantes entre les points situés du côté russe de la frontière, la base des travaux des Commissaires serait de laisser le commandement de la passe de Zoulfagar aux Afghans. >> STAAL.

(1) Voir le document no 123.

(2) Voici le texte anglais de la lettre adressée par M. le Comte Granville à M. de Staal en date du 4 juin (23 mai), et à laquelle se réfère le télégramme ci-dessus.

In making the proposal of the 22-nd ultimo, the object of Her Majesty's Government was to secure the full possession of the Zulfikar Pass to Afghanistan. »

« Her Majesty's Government de not desire to cut any existing communications between points on the russian side of the frontier. There is a difference of opinion as to what these are, but Her Majesty's Government would not object to its being an instruction to the Commission to preserve as much as possible such communications without interferring with the command of the pass by the Afghans.

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No 128. Le Secrétaire d'État de Giers au Conseiller privé de Stall. (Télégramme.)

Reçu télégramme du 26.

Saint-Pétersbourg, le 27 mai 1883.

Nous concluons de la lettre de lord Granville qu'il maintient son point de vue antérieur au sujet du tracé de la frontière de Zoulfagar, qui n'est point conforme au nôtre. Nous trouvant dans l'impossibilité de subordonner l'intégrité de nos communications aux convenances des Afghans, nous devons nous borner à déférer à la Commission le soin de concilier ce principe avec les propositions anglaises. Veuillez vous expliquer dans ce sens avec lord Granville. GIERS.

N° 129.

Le Conseiller privé de Staal au Secrétaire d'Etat de Giers. (Télégramme.)

Londres, le 31 mai 1883. Ayant reçu Votre télégramme du 28 mai, j'ai cru devoir en développer le sens dans une lettre à lord Granville, qui vient de me répondre par note. Il s'engage à communiquer à son successeur notre point de vue, et constate en même temps que limite des exigences anglaises consiste à assurer aux Afghans possession de la passe de Zoulfagar, conformément aux arrangements convenus entre les deux Cabinets. STAAL.

N° 130.

Le Conseiller privé de Staal au Secrétaire d'Etat de Giers.
Londres, le 31 mai (12 juin) 1885.

Pour compléter mon télégramme de ce jour, je crois devoir joindre ici un extrait de la lettre que j'ai adressée à lord Granville pour lui faire part des décisions contenues dans le télégramme de Votre Excellence du 28 mai v. st., ainsi qu'une copie de la réponse que vient de m'adresser le Ministre Britannique.

J'ai pensé qu'il était utile, en écrivant au Principal Secrétaire d'Etat pour les Affaires étrangères, de développer le sens du télégramme en question, afin de ne pas laisser se produire de nouveaux malentendus dans cette question de Zoulfagar, qui avait soulevé des difficultés si inopinées.

Lord Granville et lord Kimberley m'assurent tous les deux que d'après les informations rapportées par le colonel Stewart et Sir P. Lumsden, qui viennent d'arriver à Londres, la passe de Zoulfagar ne présentait aucune solution de continuité à l'endroit où nous voudrions placer la frontière. Il se pourrait que des sentiers traversassent le dos de la montagne, mais nul passage, proprement dit, ne s'y trouvait. J'ai répondu aux Ministres Anglais que ce fait, s'il venait à se confirmer, était un argument de plus en notre faveur, vu que la Commission, dans ce cas, n'éprouverait aucun embarras à trancher la question.

Veuillez agréer, etc.

STAAL.

ANNEXE A AU No 130.

Le Conseiller privé de Staal au comte Granville.

(Extrait.)

Londres, le 29 mai (10 juin) 1885. Quant à la question de la délimitation afghane, les instructions télégraphiques reçues de M. de Giers me mettent en mesure de vous communiquer que le Cabinet Impérial ne se trouve pas à même de se rallier aux termes dans lesquels Votre Excellence a formulé la solution à donner au différend de Zoulfagar. Le Gouvernement Impérial accepte la proposition de déférer cette question à l'examen de la Commission. Mais il ne saurait admettre que l'intégrité des communications russes dans ces parages fût subordonnée aux convenances des Afghans. Les exigences que nous impose le soin de maintenir la liberté de ces communications ne pourraient être mises en regard des réclamations du Gouvernement de Sa Majesté Britannique quant à la définition du traité sur la base de l'importance stratégique de la passe de Zoulfagar, que sur le pied d'une parfaite parité. La tâche dévolue à la Commission de démarcation devrait donc consister à concilier ces exigences réciproques, et non à faire prévaloir les unes de préférence aux autres. Ce n'est qu'en se guidant de ce principe d'impartialité qu'on aboutirait à un règlement satisfaisant de la question qui divise en ce moment les deux Cabinets.

Veuillez agréer, etc.

STAAL.

ANNEXE B.

Le comte Granville au Conseiller privé de Staal.

Foreing-Office, 11 juin 1885. J'ai l'honneur d'accuser à Votre Excellence réception de sa communication d'hier.

Je ne manquerai pas de transmettre l'information qu'elle contient à mon successeur aussitôt qu'il sera désigné.

Pendant ce temps, le Gouvernement russe aura clairement compris que le but de notre demande est de garantir Zulfikar aux Afghans en échange de Pendjeh, arrangement auquel l'Empereur vous a autorisé à accéder le 16 avril. Cette autorisation fut donnée en réponse à la déclaration faite par lord Kimberley à notre entrevue du 14 avril, de laquelle se souviendra Votre Excellence, que la possession du passage de Zulfikar par l'Afghanistan était une condition sine qua non. J'aí, etc.

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GRANVILLE.

Le Conseiller privé de Staal au Secrétaire d'Etat de Giers.

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Le marquis de Salisbury, que je viens de voir, m'a dit que pour éviter de nouvelles complications, il tiendrait à clore le plus tôt possible les négo. ciations au sujet de l'affaire afghane. A cette fin il désirerait ne pas abandonner le différend au sujet du Zoulfagar à la Commission, mais le trancher tout de suite entre Cabinets. - Suivant le marquis de Salisbury, le Gouvernement Anglais, sur la base de ce qu'il considérait comme promesse définitive de notre part, a promis à l'Emir tout le défilé et ne pourrait aujourd'hui se rétracter en nous en cédant une partie. J'ai répondu que nous n'avons compris sous défilé Zoulfagar que celui qui traverse hauteurs

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