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« Désireux de contribuer à une prompte solution de la question et d'éviter des malentendus au sujet du Zoulfagar, sommes disposés à abandonner aux Afghans le défilé qui part du Hériroud et traverse la première rangée des hauteurs bordant la rivière, de façon toutefois à ne pas couper et empêcher les communications entre les points situés du même côté de la frontière. » (Télégramme adressé par M. de Giers à M. de Staal en date du 16 mai (1).

Ce qui précède suffit pour démontrer qu'en donnant notre adhésion à la proposition du Gouvernement Britannique relative à l'échange du Zoulfagar contre le Pendjdé, nous n'avions point entendu comprendre dans les limites du territoire à céder aux Afghans la passe de Zoulfagar, au sujet de laquelle les informations nous faisaient complètement défaut, et qu'après avoir été éclairés sur la véritable portée de la proposition anglaise, nous n'avions consenti à abandonner la passe en question que dans des limites restreintes. Il en résulte qu'en déclarant au Parlement que le Gouvernement Impérial aurait promis au Cabinet Britannique de céder toute la passe aux Afghans, Lord Salisbury a attribué à notre promesse une interprétation qui se trouve en contradiction avec les communications adressées par M. de Giers à M. de Staal.

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Le Conseiller privé de Staal au Secrétaire d'Etat de Giers. (Reçu le 10 juillet 1885.)

Londres, le 6 (18) juillet 1885.

J'ai l'honneur de transmettre ci-joint à Votre Excellence une copie de la note que Lord Salisbury m'a adressée au sujet de la question de Zoulfagar.

Elle sert de réponse au télégramme que vous avez bien voulu m'adresser sous la date du 26 juiu (1).

Veuillez agréer, etc.

ANNEXE AU No 141.

STAAL.

Le marquis de Salisbury au Conseiller privé de Staal.

Foreing-Office, 17 juillet 1885.

J'ai appris avec regret par le télégramme de M. de Giers, que vous m'avez fait l'honneur de me communiquer le 9 courant, que le gouvernement russe n'est pas disposé à convenir que tout le passage de Zulfikar soit compris dans le territoire afghan.

J'ai déjà assuré Votre Excellence du sincère désir du gouvernement de Sa Majesté d'en venir à un arrangement qui puisse mettre fin à cette longue discussion relative à la frontière nord-ouest de l'Afghanistan d'une façon satisfaisante pour l'Angleterre et la Russie, ot de sa volonté d'en fiuir avec cette question dans l'esprit le plus amical.

Dans les observations que j'ai faites à Votre Excellence pendant notre conversation du fer courant, j'ai appelé votre attention sur les engagements que, s'appuyant sur les assurances du gouvernement russe, le gouvernement de Sa Majesté a pris sur ce point. C'est avec beaucoup de désappointement que j'apprends que cet examen n'a eu aucune influence sur le gouvernement russe, et que les négociations n'ont pas fait un pas de plus vers une conclusion salisfaisante.

J'ai à peine besoin de rappeler à Votre Excellence que le 16 avril dernier le gouvernement russe a signifié son accession à l'échange de Zulfikar contie

(1) V. le document no 124. (2) V. le document no 133.

Pendjeh, auquel cas, suivant les termes du télégramme de M. de Giers de cette date, « la frontière irait d'un point du Hériroud jusqu'un peu au nord du Zulfikar». Aucune réserve ne fut faite pour la partie du passage retenue par la Russie; rien ne fut dit relativement à l'intégrité des communications russes, et l'ancien gouvernement de Sa Majesté, se fiant à cet engagement, déclara à l'Emir que le passage de Zulfikar serait renfermé dans ses domaines.

La Gouvernement de Sa Majesté considère qu'il est lié par cette déclaration, et ne peut que penser que le Gouvernement russe est également lié envers lui par les termes du télégramme de M. de Giers du 16 avril.

Les difficultés relatives à l'interruption qu'on affirme devoir être apportée par la cession promise dans les communications entre les postes russes n'ont pas été soulevées jusqu'à une époque assez récente. Le Gouvernement de Sa Majesté n'admet pas que cette considération affecte aucunement la force de la promesse des Russes à l'administration précédente, et il ne peut lui assigner une valeur qui affaiblirait à un degré quelconque le droit des Afghans et la pleine possession du passage de Zulfikar que leur garantit cet engagement.

Quant aux autres points auxquels fait allusion le télégramme de M. de Giers du 8 courant, je conviens avec Son Excellence qu'on peut les laisser de côté pour le moment, et je veux seulement exprimer mon très sincère espoir que le Gouvernement russe donnera pleine valeur aux considérations que j'ai exposées d'une façon pressante dans cette note, et qui rendent impossible au Gouvernement de Sa Majesté d'abandonner les positions qu'il a obtenues. J'ai, etc.

SALISBURY.

No 142. Le Secrétaire d'État de Giers au Conseiller Privé

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de Staal.
(Télégramme.)

Saint-Pétersbourg, le 16 juillet 1883. Vous recevrez par courrier notre réponse à la note de Lord Salisbury du 17 courant. Quant à Zoulfagar, le prince Dondoukow Korsakow annonce qu'une carte de cette localité, dressée par nos officiers, va nous être envoyée, et qu'elle coïncide entièrement avec la carte de la Commission anglaise. GIERS.

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Le Secrétaire d'Etat de Giers au Conseiller privé
de Staal.

Saint-Pétersbourg, le 18 juillet 1885.

Par sa dépêche en date du 6 (18) courant (1), Votre Excellence a bien voulu nous transmettre une copie de la note qui lui a été adressée par Lord Salisbury au sujet de Zoulfagar.

M. le Principal Secrétaire d'Etat pour les Affaires étrangères déclare dans cette note que le gouvernement de Sa Majesté la Reine est résolu à poursuivre dans un esprit amical les négociations au sujet du tracé de la frontière nord-ouest de l'Afghanistan, et qu'il est sincèrement désireux d'arriver à un arrangement satisfaisant pour l'Angleterre et pour la Russie. Mais, en même temps, il y exprime les regrets qu'a fait éprouver au gouvernement de la Reine le refus du Cabinet Impérial d'admettre que la passe de Zoulfagar soit tout entière comprise dans le territoire afghan. Aucune réserve n'ayant été formulée dans notre télégramme du 4 (16) avril

(1) V. le document sub no 140.

au sujet de la partie de cette passe, que nous voudrions conserver, ainsi que relativement à l'intégrité des communications entre les postes russes, Lord Salisbury a cru pouvoir en conclure que cette circonstance impliquerait de notre part l'engagement d'abandonner à l'Afghanistan la passe tout entière; que le gouvernement de Sa Majesté la Reine aurait, par conséquent, été fondé de donner à l'Emir des assurances à ce sujet, et qu'il ne saurait admettre aujourd'hui que les considérations que nous avons cru devoir faire valoir ultérieurement, puissent porter atteinte aux droits de l'Emir résultant de l'engagement en question.

Nous avons pris acte avec satisfaction des intentions amicales du Cabinet Britannique, qui répondent entièrement aux dispositions conciliantes qui nous animent à son égard. Mais, d'autre part, nous ne pouvons pas nous empêcher d'exprimer à Lord Salisbury la surprise que nous a fait éprouver l'interprétation qu'il a cru pouvoir donner à nos engagements, ainsi qu'aux observations que nous avons été dans le cas de transmettre au Cabinet de la Reine au cours des négociations relatives au Zoulfagar.

Il n'est point dans les habitades du gouvernement Impérial de revenir sur des engagements contractés volontairement, et il nous semble qu'une étude plus attentive des communications échangées entre les deux Cabinets au sujet du Zoulfagar aurait suffi pour mettre Lord Salisbury en garde contre le jugement qu'il a cru pouvoir porter sur la ligne de conduite que nous avons suivie.

Votre Excellence se trouvant en possession de ces communications, je crois pouvoir me borner à en récapituler aujourd'hui les points les plus saillants.

Vous n'ignorez point que, suivant nos cartes, qui ne sont pour la plupart qu'une reproduction de la carte anglaise du général Walker, le nom de Zoulfagar s'applique à un point sur la rive gauche du Hériroud, sis en dehors du territoire qui fait l'objet de nos pourparlers avec le gouv. rnement de Sa Majesté la Reine, et qu'il a servi également à désigner la rive droite de la rivière depuis qu'un poste militaire russe a été établi sur cette rive. A l'époque où Lord Granville vous fit la proposition relative à l'échange du Zoulfagar contre le Pendjdé, nous ne nous trouvions pas encore en possession de la carte dressée par la Commission anglaise de délimitation; nous ne possédions aucune information sur les passes aboutissant au Hériroud, et nous avons par conséquent cru comprendre que la proposition anglaise ne pouvait concerner que la partie de la vallée de la rivière, où se trouvait notre poste. Dans votre télégramme du 2 (14) avril, dans lequel vous nous avez rendu compte de la susdite proposition, ainsi que dans le nôtre en date du 4 (16) du même mois, il n'avait été question que du Zoulfagar, et non de la passe qui porte le même nom. Le tracé que nous avions proposé dans ce dernier télégramme et qui, selon Lord Salisbury, impliquerait une adhésion à la cession de la passe toute entière à l'Afghanistan, ne saurait prêter aux conclusions que Son Excellence croit pouvoir en tirer. En proposant ce tracé, nous nous étions bornés à indiquer le point de départ de la frontière sur le Hériroud, ainsi que celui où elle devrait rejoindre Yegri-Gueuk en laissant Ak-Rabat au nord, et nous nous sommes abstenus de préciser la direction de la ligne de démarcation entre ces deux points, le défaut d'informations sur cette contrée nous ayant placés dans l'impossibilité d'émettre un avis à ce sujet.

Ce n'est qu'à la suite de votre télégramme du 4 mai que nous avons pu

relever que la proposition anglaise portait sur la passe de Zoulfagar, et c'est alors que nous nous sommes trouvés dans la nécessité d'aviser aux moyens de prévenir une délimitation qui, en assurant à l'Afghanistan une position stratégique d'une haute importance, pourrait interrompre et entraver les communications entre nos postes et nous placerait, par conséquent, dans l'impossibilité de veiller à la sécurité de notre propre territoire. Les réserves que nous avons cru devoir faire depuis, n'avaient point d'autre but.

Pour donner une nouvelle preuve des intentions conciliantes qui nous animent, nous n'avons pas hésité à promettre l'abandon à l'Afghanistan de la partie de la passe de Zoulfagar, qui traverse la première rangée des hauteurs bordant le Hériroud. Au besoin nous ne refuserions pas d'écarter encore plus vers l'est la limite du territoire à céder aux Afghans, mais, avant de contracter des engagements à cet égard, nous croyons devoir nous assurer qu'une telle déviation pourrait être admise sans préjudice aux intérêts dont la défense nous incombe. Nous ne serons en mesure do nous prononcer définitivement à ce sujet qu'après avoir été mis en possession des résultats des levés exécutés par nos officiers topographes, lesquels, conformément à des informations qui nous parviennent du Prince Dondoukow Korsakow, viennent de terminer leur tâche.

Nous aimons à espérer qu'après avoir pris connaissance de ces considérations. M. le Principal Secrétaire d'Etat pour les Affaires étrangères voudra bien reconnaître que le Cabinet Impérial n'a jamais eu d'autre pensée que d'arriver à une entente sur une frontière rationnelle et solide, propre à garantir la sécurité des deux côtés, et qu'il n'a jamais pris d'engagement contraire à ce principe.

Nous sommes d'ailleurs toujours prêts à nous concerter amicalement avec le gouvernement de Sa Majesté britannique sur les moyens pratiques d'assurer la réalisation de ce but.

Votre Excellence voudra bien donner lecture de la présente dépêche à Lord Salisbury et lui en laisser copie. Veuillez agréer, etc.

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GIERS.

Le Conseiller privé de Staal au Secrétaire d'Etat

de Giers.

Londres, le 22 juillet 1885.

M. Boutenew m'a exactement remis l'expédition que Votre Excellence a bien voulu m'adresser en date du 10 juillet. La notice jointe à l'une de ses dépêches (1) précise le point de vue adopté par le Cabinet Impérial dans la question de Zoulfagar, et constate, en même temps, le malentendu qui s'est glissé dans l'appréciation des faits servant de base à ce débat.

Me conformant aux instructions contenues dans le télégramme de Votre Excellence du 15 juillet, je me suis empressé de me rendre chez Lord Salisbury pour lui exposer encore une fois les considérations qui nous avaient guidés dans cette négociation, en m'appuyant à cet effet sur les arguments développés dans la notice en question.

Le Principal Secrétaire d'Etat suivit mes explications avec une attention soutenue. Il me dit qu'il se rendait parfaitement compte de la manière de

(1) Voir le document sub no 141.

voir du gouvernement Impérial; qu'il avait certainement des contre-propositions à faire valoir, mais qu'il préférait ne les formuler que lorsqu'il serait en possession de la réponse dont le télégramme de Votre Excellence m'a permis d'annoncer au Marquis la prochaine réception.

Au cours de notre entretien, Lord Salisbury est revenu encore à l'urgence qu'il y aurait de clore ce différend et d'épargner aux deux gouvernements des sacrifices en disproportion avec l'enjeu de la question restée en supens. J'ai en effet tout lieu d'ètre persuadé qu'il est sincèrement désireux de fermer au plus vite la question de délimitation afghane. Les paroles qu'il a prononcées récemment au banquet du Mansion-House ne laissent pas de doute à cet égard. « J'espère », a-t-il dit en s'adressant au Lord Maire et en parlant d'un avenir prochain, j'espère que la Russie et l'Angleterre avec les alliés, qui se groupent autour d'elles, se trouveront côte à côte en paix en se considérant avec une mutuelle estime ».

Veuillez, etc.

STAAL.

No 145. Le Conseiller privé de Staal au Conseiller privé
do Vlangaly.

Londres, le 26 juillet 1885. Me conformant aux instructions du Ministère Impérial, j'ai laissé copie à Lord Salisbury de la dépêche de M. de Giers portant la date du 18 juillet (1).

La lecture de cette pièce n'a pas donné lieu à un long entretien entre

nous.

Ainsi que j'ai eu l'honneur de le rapporter à Votre Excellence par le télégraphe, le Principal Secrétaire d'Etat de Sa Majesté britannique a été très sensible à la forme courtoise de cette communication. — IÎ m'a dit qu'il s'empresserait d'en donner connaissance à ses collègues pour se concerter avec eux. Le Marquis de Salisbury s'est félicité de pouvoir constater que la porte était restée entr'ouverte à un arrangement ultérieur. Mais, pour le moment, il pensait devoir attendre la réception par le gouvernement Impérial des cartes annoncées par M. le Prince Doudoukow Korsakow. Il espérait qu'à cette époque l'échange d'idées pourrait être repris entre les deux Cabinets.

Veuillez agréer, etc.

STAAL.

146. Le Conseiller privé de Vlangaly au Conseiller privé

de Staal.
(Télégramme.)

Saint-Pétersbourg, le 7 août 1885. D'après notre carte, le défilé de Zoulfagar se compose de deux parties qui traversent successivement les deux chaînes de hauteurs à peu près parallèles au Hériroud, désignées sous les noms de Gueuk-Guedouk et d'Agar. A partir de la tour en ruines, qui défendait autrefois l'accès occidental du premier défilé, ce dernier a une longueur de 5 verstes environ. Au sortir de ce défilé, la route traverse, sur une distance de 5 verstes environ, un pays très accidenté, et entre ensuite dans le second défilé qui a une

(1) V. le document sub n° 113.

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