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Après vérification les nombres ci-dessus indiqués ont été réduits ainsi que suit:

Scrutin sur le projet de résolution de MM. Paul Meunier et Trouin tendant à la publicalion d'un Livre jaune sur les relations avec le Vatican

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Allocation aux établissements français en Orient, en ExtrêmeOrient; Secours aux Ecoles

Séance du 29 janvier 1903

M. LE PRÉSIDENT. « Chap. 9. Allocations aux établissements français en Orient et en Extrême-Orient; secours aux écoles, 800,000 francs. »

Sur ce chapitre, trois amendements ont été présentés par 1o M. Dejeante et plusieurs de ses collègues ; 2o M. Gervais ; 3° M. Messimy.

Le premier amendement, signé par MM. Dejeante, Allard, Bouveri, Chauvière, Paul Constans, Jules Coutant (Seine), Delory, Dufour, Sembat, Thivrier, Vaillant et Walter, tend à la suppression du crédit relatif aux établissements et écoles religieux en Orient et Extrême-Orient.

La parole est à M. Dejeante.

M. DEJEANTE. Messieurs, il semble que la conclusion logique du rapport de notre honorable et sympathique collègue M. Dubief devait être pour ses amis politiques et pour la Chambre la suppression pure et simple des crédits affectés aux missions religieuses en Extrème-Orient. Aujourd'hui plus que jamais le parti républicain assume une lourde responsabilité. Depuis de longues années il a déclaré que son premier devoir consistait à réaliser l'affranchissement moral du peuple. La séparation des Eglises et de l'Etat, la laïcisation de tous les services de l'Etat, a été un de ses principes fondamentaux. J'ai donc le droit d'espérer que, si le parti républicain ne peut pas accomplir les réformes économiques que nous sollicitons, du moins il fera tout son possible pour arriver à cet affranchissement moral du peuple que nous réclamons avec lui. Or, messieurs, il faut bien en convenir, nous sortons d'une période électorale douloureuse et la lutte menée par le parti clérical a été extrêmement violente. Tous, vous connaissez, les attaques qui ont été dirigées et contre les républicains et contre la Républiqne, tous vous connaissez la campagne de dissamation, d'injure et de calomnie contre laquelle le parti républicain a eu à se défendre, et en dépit de laquelle le pays républicain lui-même, qui ne s'y est pas trompé, a donné une immense majorité au parti républicain.

Va-t-on encore auginenter la déception qu'ont fait certainement éprouver à tout le pays, les paroles qui ont été prononcées par M. le Président du Conseil lundi dernier ? Je ferais alors appel à la Chambre pour lui dire, en dehors

même des revendications ouvrières que nous avons le droit et le devoir de défendre moins que tous autres républicains qui en avaient fait le point principal de leur programme que cette thèse de la lutte contre l'esprit clérical, il n'appartient pas exclusivement aux ouvriers de la soutenir, que c'est également la tâche du parti républicain radical qui, depuis trente ans, a été le protagoniste de ces idées et qui est devenu maître des destinées de la République. Ce n'est donc pas nous qui devrions prendre cette initiative, et j'ai presque honte de le faire et d'être obligé de rappeler à ce parti républicain la ligne de conduite qu'il devrait suivre.

Ce n'est pas nous, je le répète, qui devrions défendre de semblables amendements. Tous les républicains devraient se lever et, les uns après les autres, soutenir avec la même énergie que je déploie moi-même, l'application de l'un des points de leur programme. J'ai presque honte de vous dire, à vous mes collègues républicains, que, là plus que partout ailleurs, vous avez la possibilité de réaliser sur un chapitre du budget les économies que réclament de vous vos adversaires et en même temps de faire cesser un scandale le mot n'est pas trop fort qui se passe en Extrême-Orient.

Ah! Messieurs, je voudrais pouvoir dire toutes les infamies commises par ces congrégations! Le rapport si documenté de notre collègue M. Dubief prouve assurément d'une façon indiscutable, la nécessité, pour une Chambre républicaine, de supprimer les crédits qui leur sont affectés. Depuis de longues années, quelques efforts ont été tentés en vue de laïciser, de franciser un peu l'enseignement français donné dans les pays étrangers; malheureusement, je dois le dire, ceux qui ont pris l'initiative de ces efforts n'ont pas toujours rencontré auprès des représentants du Gouvernement le concours qu'ils méritaient.

Il faudrait à tout prix revenir à cet esprit de laïcisation, à cet esprit républicain qui fait totalement défaut dans nos rapports avec l'étranger. Seules les congrégations restaient maîtresses. Elles sont maîtresses dans nos ambassades, elles sont maîtresses dans nos consulats et partout ce qu'elles disent et organisent reçoit l'appui du Gouvernement, alors que malheureusement les quelques citoyens dévoués qui se rendent en Orient ou en Extrême-Orient à leurs risques et périls, au lieu de rencontrer la sympathie et les encouragements qu'ils méritent, ne rencontrent que la haine et la guerre qui leur est faite.

Ce qui se passe en Extrême-Orient, vous l'avez su par l'admirable rapport que nous a fait notre collègue M. Dubief, et par le rapport du général Voyron. Vous connaissez maintenant d'une façon officielle la cause de soulèvement qui a provoqué cette guerre épouvantable de Chine et les conséquences désastreuses qui pourront en résulter pour notre pays. Disons très loyalement que nous avons le devoir de chasser les marchands du temple qui, en Chine, n'ont fait que voler et spéculer. Ces congrégations n'ont été que de véritablepirates d'affaires !

Dans ces pays d'Extrême-Orient, on a donné aux congrégations tous les moyens de voler la population, d'être les maîtresses absolues dans ces pays. Et, je vous le demande une fois de plus, si on permettait aux Chinois

de faire ce que font en Chine les moines, les congrégations, ne seriez-vous pas les premiers à être des Boxers, et des patriotes pour défendre votre pays? Disons que nous ne voulons pas plus de missionnaires catholiques en Chine que nous ne voulons de missionnaires chinois maîtres dans notre pays. Quand on songe que les fonds distribués aussi généreusement par la République ne le sont qu'à des œuvres étrangères et surtout antipatriotiques! J'ai ici une note parue dans le Temps qui fait connaître quels sont les hommes auxquels vous distribuez si généreusement l'argent de la République française. Sont-ils français eux-mêmes? Non ! Ils sont d'abord romains, et ne deviennent français que lorsqu'ils passent à la caisse, car la meilleure preuve de leurs sentiments antifrançais, elle est dans la nomination de leurs généraux.

En effet, voici les généraux que les différentes congrégations nomment à leur tête : Les carmes déchaussés ont pour général un nommé Meyer, Allemand; les dominicains ont un nommé Fruhwert, Allemand également; les capucins ont un nommé Andermatt, Suisse-Allemand; les frères SaintJean-de-Dieu ont un nommé Gasser, Allemand; les bénédictins ont un Belge; enfin, les franciscains ont pour général de leur ordre, Flemming, un Irlandais. M. LASIES. - Eh bien ! et l'internationalisme?

M. DEJEANTE. A l'internationalisme du peuple vous ne donnez pas de subvention, aux congrégations cosmopolites vous donnez des millions! Et puis, l'internationalisme du peuple ne combat pas la République, et la République la traite en ennemie, alors qu'elle subventionne ses véritables ennemis. Au contraire, ce sont les congrégations internationalistes qui provoquent le plus les guerres intérieures et extérieures.

Indépendamment des sommes que vous accordez à ces congrégations ennemies de la République et de la patrie française. je viens de vous en donner la preuve ! vous accordez également des subventions

à toutes les missions des capucins espagnols et italiens, Vous en accordez pour l'entretien des chapelles dans tous les pays, à Stockholm, à Gênes, à Calcutta, à Londres, à Vienne, partout! Mais je vous en prie, songez qu'il y a des Français qui, actuellement meurent de faim, qui n'ont pas de quoi reposer leur tête, et vous élevez des chapelles dans les pays étrangers pour sauvegarder quoi? les sentiments religieux des compatriotes qui ont pu se rendre dans ces pays. Est-ce que les malheureux qui produisent durant toute leur vie ne sont pas plus dignes d'intérêt que ceux qui vont s'établir à l'étranger.

Je demande donc la suppression de ce crédit. Je m'en rapporte d'ailleurs aux paroles prononcées par M. le Président du Conseil, non pas celles qu'il a prononcées lundi dernier, mais le 17 octobre dernier. M. le Président du Conseil en terminant son discours, s'adressait à la majorité et lui disait : « Nous sommes au tournant de nos destinées nationales. La République périra si elle faiblit devant les congrégations.

« La forme gouvernementale pourra bien subsister encore, mais le principe de vie et de progrès qui doit l'animer l'aura définitivement abandonnée.....

...

(( Les fauteurs de ces agitations ont pressenti notre ferme volonté d'arrêter net les progrès de cette invasion monacale.

« Il se sont rendu compte que nos premiers actes n'étaient qu'une sorte de prélude nécessaire à l'œuvre capitale que la démocratte attend de ses représentants. »

Eh bien ! je demande aujourd'hui au Gouvernement si, alors qu'il chasse de France ces congrégations, il accordera encore des millions à celles qui se rendent à l'étranger? Je dis que cela ne se peut pas ! et j'espère que la Chambre ne le permettra pas.

M. LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Pour les mêmes raisons que j'ai

eu l'honneur d'exposer maintes fois à la Chambre, et à cause des mêmes intérêts nationaux, je prie la Chambre de vouloir bien maintenir ses précédentes décisions et de ne pas prendre en considération l'amendement de notre honorable collègue.

Contrairement à l'affirmation de M. Dejeante, notre protectorat s'exerce de moins en moins en faveur d'étrangers. Comme toutes choses, il a évolué avec le temps, et tout en gardant son caractère universel...

M. MESLIER. Catholique.

M. LE MINISTRE. « Catholique » veut dire universel, mon cher collègue. M. MESLIER. Précisément.

M. LE MINISTRE. ...il tend de plus en plus, a cause de la prépondérance croissante des éléments purement français, à ne s'exercer que pour les Français et à leur bénéfice exclusif.

La base sur laquelle il repose s'élargit tous les jours. Ce sont ces fondations diverses et nombreuses dont nous avons fait, à Mytilène, confirmer et reconnaître l'existence légale, en stipulant des garanties pour leur développement.

Ce sont ces hôpitaux de plus en plus nombreux, de plus en plus desservis par des Français, et où des populations qui y trouvent des soins et des remèdes pour leurs malades pauvres apprennent à aimer et à respecter le nom de la France.

Ce sont ces écoles, au nombre de plus de trois cents, de plus en plus dirigées par des Français, et où près de 100.000 enfants ils n'étaient pas 50.000 il y a cinq ans apprennent aujourd'hui notre langue, s'imprègnent de notre civilisation et forment une riche pépinière où les Français d'initiative viendront prendre demain des auxiliaires pour leurs entreprises.

L'année dernière, j'établissais à cette tribune que ces entreprises sont telles aujourd'hui en Orient que, nous donnant le premier rang au point de vue industriel, le premier rang au point de vue financier, le second au point de vue commercial, elles assurent à la France une situation générale que l'on peut s'efforcer d'égaler, mais qu'il dépend de nous qu'on ne dépasse pas ! On peut me croire quand je dis que je m'applique à la consolider. D'autre part, je suis convaincu qu'on nous fait injure quand on nous suppose capables de nous diminuer nous-mêmes et de défaire nous-même, de nos propres mains, l'œuvre séculaire que la République a la gloire d'avoir fortifiée et qui constitue pour ce pays un élément précieux à la fois d'influence morale et de prospérité matérielle.

M. Marcel SEMBAT.

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J'ai déposé un amendement sur le même chapitre, mais je crois que la Chambre me permettra de traiter les deux questions en

même temps pour abréger le temps de cette discussion comme le demandait M. Doumer.

Tout à l'heure, lorsque je suis monté à la tribune au sujet de l'ambassade du Vatican, nos collègues de droite constataient avec une ironie trop légitime que je n'avais guère d'espoir d'obtenir satisfaction. C'est à moi maintenant de me tourner vers eux. Il me semble que sur la question des missions nous commençons à nous serrer d'un peu plus près et que nous vous avons déjà porté certains coups assez sensibles. Nous allons continuer cette année-ci, si vous le voulez, en faisant remarquer à la majorité républicaine qu'il s'agit là d'un problème constamment posé devant elle, et dont chaque discussion précise davantage les termes.

Vous l'avez trouvé devant vous, ce problème, à l'occasion de la guerre de Chine, qui vous montrait ce que peut coûter financièrement et moralement le protectorat des Chrétiens dans l'Extrême-Orient, qui nous montrait à quelle solidarité vous étiez acculés par votre protectorat des missionnaires. Nous l'avons abordé également lors de la question de l'emprunt chinois.

M. Ribot, l'autre jour, dans le discours qu'il a prononcé dans la discussion générale du budget, vous parlait de cet emprunt.

Mais ceux d'entre vous qui siégaient dans la dernière Chambre se rappellent les discussions auxquelles il a donné lieu à la tribune. Au nom du parti socialiste et du parti républicain, nous avertissions les républicains, aussi bien dans la commission du budget qu'à la tribune, de ce qu'on faisait. Nous leur demandions de ne pas permettre que jamais les indemnités réclamées par les missionnaires, dont vous connaissez maintenant les actes, pussent être un jour payées par les paysans français.

Voilà ce que nous vous demandions. Un homme a fait cette besogne avec un courage digne de tous les éloges : c'est notre ami Hubbard. Bafoué par toute la droite, suspecté par une partie de la gauche qui l'accusait de ne pas être assez complaisant pour le ministère et de n'accepter pas assez vite et assez facilement le projet d'emprunt, M. Hubbard, au nom de la Commission du budget nous avertissait en disant : « On prétend qu'il ne s'agit que d'un emprunt qui ne grossira pas notre dette publique, prenez garde !..... »

Il faut bien reconnaître aujourd'hui que M. Hubbard avait raison. Par le mécanisme de cet emprunt que nous avons voté, un jour peut venir où les agriculteurs, les cultivateurs, les paysans de France auront à supporter les indemnités réclamées par les jésuites, par les missionnaires à la suite des faits d'Extrême-Orient.

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Ainsi, après la responsabilité morale viennent les responsabilités financières et c'est pourquoi je disais que de plus en plus se précise la question du protectorat français en Extrême-Orient.

Un autre élément contribue beaucoup à apporter de la précision à ce débat. Au début, je l'avoue, notre opposition était à la fois très violente et très théorique; nous protestions au nom d'un principe que nous maintenons toujours et qui nous paraît toujours une base suffisante d'action. Nous disions que la République ne doit pas à la fois pourchasser les congrégations en France et imposer aux Chinois les moines dont elle ne veut pas. Mais M. le Ministre nous répondait comme il vient de le faire à la tribune : 3o SÉRIE. TOME LXXXV.

ARCH. DIPL. 1903.

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