Sivut kuvina
PDF
ePub

La malade part le lendemain pour retourner chez elle.

Assistaient à l'opération : MM. les professeurs Rochard et Fonssagrives, et les docteurs A. Dumas (de Cette), Mondot, Gayraud, Gosset, Cruveilher, Cambassédès, etc.

Réflexions.La lecture des six observations précédentes donne lieu à quelques considérations qui peuvent être résumées dans les conclusions suivantes :

1° Des fistules de diverses époques, récentes ou anciennes, depuis deux mois jusqu'à dix ans, ont pu être également et promptement guéries. L'existence de la fistule n'empêche pas les malades de faire des enfants, comme le prouve l'observation vi. J'ai vu des femmes dont le bas-fond de la vessie était entièrement détruit et dont les cavités vésicale et vaginale étaient confondues en un véritable cloaque, sans que cette disposition mît aucun obstacle à la fécondation et à l'accouchement.

2o Ces six fistules avaient des diamètres variables, depuis 1 jusqu'à 3 centimètres, ce qui n'a apporté aucune différence dans la rapidité de la guérison.

3o Elles étaient relativement simples. Pourtant, une d'elles avait subi précédemment deux tentatives d'opération, une autre avait sa lèvre postérieure rattachée au col par une forte bride, une autre était compliquée d'adhérences vaginales à l'arcade pubienne (condition très-défavorable) et d'engorgement chronique du col avec prolapsus, une autre ne put être opérée qu'en faisant porter la suture sur la lèvre antérieure du col utérin, et une autre s'accompagnait d'une tension de la paroi vaginale antérieure suffisante pour nécessiter une incision demi-circulaire au-dessus du méat.

4o Toutes ces malades, sauf une, ont été chloroformisées. Elles étaient toutes très-irritables, d'une sensibilité extrême, à l'exception de la dernière, campagnarde endurcie, dont les organes en bon état et la santé générale robuste s'alliaient à beaucoup de courage, à un ardent désir de guérison et à la ferme volonté de souffrir quelque douleur pour y arriver,

5o Pour toutes, la préparation à l'opération a consisté dans des bains de siége frais, des lotions et des fomentations vineuses avec du gros vin seul ou mélangé avec de l'huile ou avec un jaune d'œuf, pour combattre l'éruption produite sur la muqueuse génitale, les grandes lèvres, les cuisses, par le contact incessant de l'urine; des toniques francs, des amers, des ferrugineux, une bonne alimentation; enfin, une purgation la veille et un lavement le matin de l'opération.-Chez toutes mes malades, j'ai opéré lorsque les règles

étaient passées depuis cinq jours au moins et dix à douze jours au plus.

6° Toutes mes malades ont été placées sur le dos, très-renversées, dans cette position qu'on a appelée pelvi ou sacro-dorsale, et que je trouve généralement, sauf un très-petit nombre d'exceptions, bien préférable à la pronation latérale gauche ou droite de M. Sims, et surtout à la pronation abdominale, c'est-à-dire à la position. accroupie sur les coudes et les genoux, de M. Bozeman. Je signalerai, dans des observations ultérieures, les circonstances qui m'ont décidé à profiter des avantages que ces dernières positions peuvent donner.

7° Chez toutes mes malades, je n'ai eu à pratiquer qu'un avivement pur et simple, mais je l'ai fait toujours complet et régulier : complet, c'est-à-dire compremant toute la muqueuse; régulier, c'est-à-dire s'étendant circulairement à une distance de 7 à 10 millimètres du bord. Autant que possible, chaque côté a été disséqué en un seul lambeau, de manière à assurer la perfection de l'avivement et à donner la certitude qu'il ne restait sur la surface saignante aucun fragment de muqueuse. Je suis convaincu que cet avivement est indispensable; qu'il ne suffit pas de râcler la muqueuse et de la dépouiller de son épithélium, pour la faire adhérer aux parties avec lesquelles on l'affronte; enfin, qu'il suffit d'une toute petite surface négligée dans l'avivement et n'étant pas franchement saignante, pour empêcher la réunion de s'opérer.

8° De l'eau de Léchelle ou de la glace ont été plusieurs fois employées pour arrêter l'hémorrhagie. Du reste, il faut savoir attendre tout le temps qui est nécessaire pour voir cesser l'écoulement de sang, et affronter des surfaces presqu'à sec. Le temps ne fait rien à l'affaire, et bien qu'avec de l'habitude on puisse aller assez vite et raccourcir une opération ordinaire de fistule vésicovaginale à moins d'une heure, encore faut-il laisser entre les divers temps de l'opération les intervalles nécessaires. Surtout il ne faut pas se presser pour les points de suture on ne saurait les placer avec trop d'exactitude et de régularité, autant pour leur profondeur que pour les distances qui les séparent, leur correspondance sur les deux lèvres de la plaie, etc.

9o Les fils de chaque point de suture ont été simplement tordus. Jusqu'ici, même dans les cas compliqués, je n'ai pas eu l'occasion d'avoir recours à d'autres procédés de constriction. Le bouton de chemise de M. Duboué ne me paraît pas plus généralisable que le bouton de veste de M. Bozeman. Je ne voudrais pas qu'on défigurât

ma pensée et qu'on supposât que je cherche à déverser sur les choses un ridicule qui semble dériver des mots. Mais je tiens à affirmer que, tout en pouvant trouver dans des cas rares des applications exceptionnelles, ces complications si variées de la suture métallique simple sont, en principe, inutiles, pour ne pas dire nuisibles, et qu'en général on doit en débarrasser, dans ce cas particulier, le manuel opératoire, déjà bien assez encombré sans elles.

10° Sur six malades, il en est quatre chez lesquelles aucune sonde n'a été laissée à demeure; on s'est contenté de vider la vessie par le cathétérisme toutes les trois heures. Il n'est pas bon de rester plus longtemps sans évacuer l'urine, la vessie ne pouvant reprendre que peu à peu la capacité qu'elle a perdue, surtout si la fistule est ancienne. Du reste, quelques-unes de ces malades ont uriné toutes seules à plusieurs reprises, lorsque le besoin se faisait sentir, avant que je fusse arrivé auprès d'elles pour les sonder. Il n'en est résulté aucun accident; mais je crois qu'il vaut mieux éviter, par l'évacuation artificielle, les contractions vésicales. Chez deux malades, la sonde à demeure a été placée; mais elle a été ôtée par moments sans inconvénients, et supprimée définitivement de très-bonne heure.

11o Dans quelques cas, les règles sont revenues plus tôt qu'on ne devait les attendre, devançant de plus de quinze jours l'époque normale de leur retour; notamment chez la dernière malade, qui les a eues le troisième jour, pendant que les fils étaient en place. Cette condition, devant être considérée à priori comme défavorable au succès, n'a pourtant pas empêché l'adhérence de s'opérer et la guérison définitive de se produire avec rapidité.

12° Toutes les malades dont je viens de rapporter les observations ont pu partir avant quinze jours. Les fils ont toujours été enlevés du cinquième au dixième jour, généralement le sixième. J'ai attendu quelques jours avant de permettre aux malades de se lever, de peur de voir se déchirer, par suite de mouvements intempestifs, des adhésions récentes et d'une faible résistance. Dans le même but, j'ai eu toujours le soin de faire prendre à mes malades un peu d'huile de ricin ou un lavement huileux, pour éviter tout effort dans l'évacuation de la première garde-robe qui suit l'opération, et qui doit être retardée jusqu'au huitième jour, si c'est possible. Mais, lorsque les malades ne pouvaient pas rester ou n'offraient pas de contre-indication particulière nécessitant la prolongation de leur séjour auprès de moi, je n'ai pas craint de les laisser partir, comme on le voit dans la dernière observation, dix ou douze jours après

l'opération. Il n'y a pas, à cet égard, d'opération autoplastique qui donne des résultats immédiats plus parfaits et plus rapides.

CHIMIE ET PHARMACIE.

Pâte pectorale sans gomme arabique.
Par M. Stanislas MARTIN.

Certaines personnes ont une si grande répulsion pour la gomme arabique, qu'elles ne peuvent manger les pâtes médicamenteuses dont elle est la base. On peut obvier à cet inconvénient en leur faisant le bonbon dont voici la formule :

Amidon réduit en poudre...
Eau froide......

30 grammes.

50 grammes.

Mêlez, chauffez de manière à obtenir un mucilage compact. Versez cet empois dans une bassine plate, ajoutez-y 150 grammes de sucre blanc fondu dans 250 grammes d'eau; chauffez à feu nu, en agitant vivement, continuez à battre le mélange jusqu'à ce qu'en appliquant la spatule sur le dos de la main, la pâte n'y adhère pas ; on aromatise fortement avec de l'alcoolat de citron, d'oranges, de cédrat, ou avec du sucre vanillé, de l'eau distillée de fleurs d'oranger ou de feuilles de laurier-cerise, on peut remplacer tous ces aromates par une forte décoction de baume de Tolu. Si pendant cette opération la pâte prend un aspect grumeleux, on y ajoute un peu d'eau, elle redevient lisse et homogène; on coule cette pâte dans des moules en fer-blanc, on l'y étale au moyen d'une spatule; lorsqu'elle est presque froide, on la coupe en petits morceaux carrés qu'on roule dans du sucre en poudre grossière, ce sucre y adhère et imite une cristallisation.

L'amidon jouit de propriétés analeptiques, émollientes et calmantes; ce bonbon a un très-joli aspect et est d'un goût agréable; les malades l'acceptent avec plaisir. On peut le colorer en rose avec un peu de carmin; si on désire lui donner des propriétés plus actives, on lui ajoute les extraits, les teintures ou les poudres qui entrent dans les pâtes dites pectorales calmantes, béchiques, incisives ou laxatives; la pâte à l'amidon sera toujours facile à reconnaître avec celle dans laquelle il entre de la gomme arabique, si toutefois on essayait à en faire une substitution. La pâte d'amidon, dissoute dans de l'eau distillée, se colore en bleu avec la

teinture d'iode; la pâte faite avec la gomme précipite avec un sel de

fer.

BIBLIOGRAPHIE.

Traité pratique de l'inflammation de l'utérus, par M. J.-H. BENNET; traduit de l'anglais par M. PETER.

Le livre dont nous rendons compte aujourd'hui n'est pas un livre nouveau. La première édition fut publiée en 1845, et c'est la quatrième que M. Michel Peter a traduite en français. Ces éditions successives prouvent déjà que l'ouvrage de M. Bennet a été vivement apprécié des médecins anglais; c'est donc un véritable service que M. Peter a rendu à la science et à la pratique en facilitant par la traduction la lecture de ce livre aux médecins français.

L'ouvrage est divisé en deux parties: dans la première, l'auteur étudie l'inflammation de l'utérus et des organes annexes; dans la deuxième, il recherche les rapports de l'inflammation utérine avec les autres états morbides de l'utérus, fonctionnels et anatomiques.

M. Bennet décrit d'abord sommairement l'appareil utérin et ses annexes. Nous n'avons rien à dire de ce chapitre, si ce n'est que le traducteur, dont un grand nombre de notes prouvent à chaque instant le bon sens pratique et l'érudition, aurait pu indiquer à propos de l'ovaire, les travaux si remarquables de M. Sappey, qui ont totalement bouleversé nos connaissances sur ce sujet.

M. Bennet fait jouer un très-grand rôle à l'inflammation dans la pathologie utérine. Il semble que presque toutes les lésions dérivent de ce point de départ. Il décrit d'abord la métrite aiguë, la métrite chronique et la métrite interne. Puis il ne consacre pas moins de cent trente pages à l'inflammation et l'ulcération du col de l'utérus.

Deux chapitres nous ont vivement frappé : c'est l'inflammation et l'ulcération du col utérin chez les vierges, et les mêmes lésions pendant la grossesse. On peut dire que ces deux chapitres appartiennent à peu près en propre à l'auteur.

Les lésions du col de la matrice sont évidemment beaucoup plus fréquentes chez les femmes qui ont eu des enfants; elles existent cependant chez les jeunes filles vierges, causent de notables dérangements dans la santé générale et nécessitent une intervention active. Jusqu'aux travaux de Bennet, les auteurs les plus éclairés sur ces questions ne parlaient de ce fait qu'avec une certaine hésitation.

« EdellinenJatka »