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Le Chancelier de la Confédération prussienne, revenant sur sa première détermination, avait entretenu le roi Guillaume de la proposition recommandée par l'Angleterre; mais Sa Majesté l'avait déclinée. A l'appui de ce refus, le Chancelier alléguait la crainte d'une alliance éventuelle de l'Autriche avec les Etats du Sud de l'Allemagne, et les velléités d'agrandissement que pourrait avoir la France. Mais il mettait en avant surtout les préoccupations que lui inspirait, disaitil, la politique de la Russie, et s'engageait, à ce propos, dans des considérations particulières sur la Cour de Pétersbourg, que je préfère passer sous silence, ne pouvant me résoudre à reproduire des insinuations blessantes.

Telles sont les fins de non-recevoir que le comte de Bismarck opposait aux loyales et consciencieuses instances renouvelées itérativement par lord Clarendon, à la demande du Gouvernement de l'Empereur.

Si donc l'Europe est restée en armes, si un million d'hommes sont à la veille de se heurter sur les champs de bataille, il n'est plus permis de le contester, la responsabilité d'un tel état de choses appartient à la Prusse, car c'est elle qui a repoussé toute idée de désarmer, lorsque nous lui en faisions parvenir la proposition et que nous commencions par en donner l'exemple.

Cette conduite ne s'explique-t-elle pas d'ailleurs par le fait qu'à l'heure même où la France confiante diminuait son contingent, le Cabinet de Berlin organisait dans l'ombre la candidature provocatrice d'un prince Prussien?

Quelles que soient les calomnies inventées par le Chancelier fédéral, nous sommes sans crainte; il a perdu le droit d'être cru. La conscience de l'Europe et l'histoire diront que le Prusse a cherché la guerre actuelle, en infligeant à la France, préoccupée du développement de ses institutions politiques, un outrage qu'aucune nation fière et courageuse n'aurait pu accepter sans mériter le mépris des peuples. J'ai, etc.

Signé GRAMONT.

No 293.

M. GEO. H. YEAMAN A M. FISH.

Légation des États-Unis, Copenhague, le 5 août 1870.

Monsieur, en ce qui concerne la neutralité du Danemark dans le présent conflit entre la Prusse et la France, il s'est passé dernièrement ici deux faits d'un certain intérêt.

Le Gouvernement danois a interdit l'exportation de chevaux, ordre qu'il a parfaitement le droit de donner, simplement comme règlement de commerce, mais qui est manifestement en vue des nécessités possibles de la situation actuelle.

L'autre fait est l'arrivée dans cette capitale, il y a quelques jours, du marquis de Cadore, ancien ministre de France à Munich, résidence qu'il a quittée après que la Bavière a si promptement épousé la cause de l'Allemagne, et qui, d'après ce que l'on dit et croit généralement, arrive ici en qualité d'envoyé extraordinaire en mission spéciale auprès de ce Gouvernement.

Naturellement, une pareille visite en la circonstance a excité un très-grand intérêt et une très-vive curiosité dans les cercles politiques et diplomatiques. Mais bien peu de chose, et en réalité, rien n'a encore transpiré sur l'objet de sa visite. Il ne peut y avoir de doute qu'il a quitté Paris pour un objet important, et probablement muni d'instructions définies. Mais de tout ce qu'on a pu apprendre ici, il paraît avoir parlé et agi si peu, que cela a donné à supposer, qu'en arrivant ici il aura trouvé son programme changé ou modifié. La déclaration de neutralité du Danemark pourrait avoir à peine été connue officiellement, et peut-être non publiquement à Paris, lors de son départ, il a voyagé tout le temps de Cherbourg par mer et dans le temps qu'il a mis à arriver ici, le publication par le comte de Bismarck des propositions diplomatiques de la France relatives au sort de la Belgique et même la question des duchés pendante entre le Danemark et la Prusse peuvent avoir fait comprendre au cabinet de Paris qu'un effort sérieux et couronné de succès fait par la France pour entraîner le Danemark dans la guerre, pourrait coûter trop cher sous la fornie d'autres complications. Cela pourrait, en effet, entrainer l'Angleterre et la Belgique dans la guerre et donner encore une plus grande cause de mécontentement à la Russie. Naturellement, l'explication de l'inactivité apparente du marquis de Cadore ne repose que sur des conjectures, mais elle a quelque apparence d'être fondée. Tout en étant presque certain qu'il est venu ici pour un but important et défini, j'ai lieu de douter s'il est formellement ct officiellement accrédité auprès du Gouvernement danois, et je sais que jusqu'à hier au soir il n'était pas considéré comme tel par le Gouvernement et n'avait pas établi des rapports officiels avec lui.

Le sujet est devenu un dilemme intéressant et important pour corps diplomatique, d'autant plus que la plupart de mes collègues recommandent activement au Danemark les désirs de leurs propres gouvernements qu'il garde sa neutralité.

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N° 294.

ORDRE DU JOUR DU PRINCE FRÉDÉRIC-CHARLES.

Quartier général, Hombourg, le 6 août 1870.

Soldats de la deuxième armée vous mettez le pied sur le sol français. Sans aucune raison, l'empereur Napoléon a déclaré la guerre à l'Allemague, et son armée est notre ennemie. Le peuple français n'a pas été consulté, sur son intention de faire une guerre sanglante aux Allemands, ses voisins, par conséquent, nous n'avons aucun motif d'être ses ennemis.

N'oubliez pas de prouver aux habitants paisibles de la France que dans notre siècle, deux peuples civilisés, même à la guerre, savent respecter les droits de l'humanité.

Montrez aux Français que le peuple allemand est non-seulement grand et brave, mais aussi civilisé et généreux vis-à-vis de l'ennemi.

Signé: FREDERIC-CHARLES, prince de Prusse.

N° 295.

LE COMTE DE BEUST AU COMTE APPONYI, A LONDRES.

Vienne, le 6 août 1870.

J'ai reçu votre rapport du 1er de ce mois qui me transmet une copie de la dépêche adressée identiquement par lord Granville à Berlin et à Paris, au sujet de la reconnaissance de la neutralité belge.

Dans cette pièce, ainsi que dans le billet qui en accompagne l'envoi, lord Granville exprime l'espoir que le Gouvernement Impérial et Royal serait prêt à adopter la même ligne de conduite que le Gouvernement de Sa Majesté britannique.

Ayant participé au traité qui garantit la neutralité de la Belgique, le Gouvernement Impérial et Royal ne peut en principe que partager les vues du Gouvernement britannique à ce sujet.

En ce qui concerne toutefois la suggestion actuelle de l'Angleterre, nous devons nous borner à observer que, lord Granville ayant pris

cette initiative sans nous consulter, nous croyons devoir attendre l'accueil que ses ouvertures auront rencontré auprès des puissances belligérantes avant d'émettre une opinion.

Veuillez vous exprimer dans ce sens envers le principal secrétaire d'État qui voudra bien, je l'espère, vous tenir au courant du résultat de sa démarche.

Recevez, etc.

N° 296.

Signé DE BEUST.

M. D'ANETHAN, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE BELGIQUE, A SON COLLÈGUE LE MINISTRE DE LA GUERRE.

Bruxelles, le 6 août 1870.

Monsieur le ministre, la guerre qui se produit entre deux Etats voisins de nos frontières pourrait donner lieu à des éventualités qu'il couvient de prévoir.

Le territoire de la Belgique est inviolable de droit, aucune force étrangère ne peut prétendre à y pénétrer ou à le traverser malgré nous, et si une tentative de ce genre était faite, notre armée, se trouvant en cas de légitime défense, aurait à repousser l'agresseur par tous les moyens en son pouvoir.

Mais en dehors de ce cas qui, j'aime à le croire, ne se réalisera point, il faut peut-être s'attendre à voir soit des soldats isolés, soit des corps de troupes refoulés par l'ennemi jusque sur notre sol.

Laisser ces soldats ou ces troupes regagner leur patrie serait leur permettre de recommencer la lutte alors que, si notre territoire ne leur avait pas servi d'asile, ils eussent été faits prisonniers; ce serait donc indirectement augmenter l'armée de l'un ou l'autre des belligérants, contrairement aux obligations qui découlent de la neutralité.

En semblable occurrence, il faudrait désarmer, même par la force, les bandes qui chercheraient un refuge chez nous, interner les soldats et sous-officiers, et ne laisser circuler les officiers que s'ils donnent par écrit leur parole d'honneur qu'ils ne repasseront point la frontière.

Quant aux armes, elle ne pourraient être restituées qu'après la conclusion de la paix.

Je vous prie de vouloir bien donner aux chefs de corps des instrucions dans le sens des principes qui viennent d'être exposés et qui sont, du reste, conformes au droit des gens.

Signé: D'ANETHAN.

N° 297.

PROCLAMATION DE L'IMPERATRICE RÉGENTE.

Paris, le 7 août 1870.

Français,

Le début de la guerre ne nous est pas favorable; nos armes ont subi un échec; soyons fermes dans ce revers, et hâtons-nous de le réparer.

Qu'il n'y ait parmi nous qu'un seul parti, celui de la France; qu'un seul drapeau, celui de l'honneur national.

Je viens au milieu de vous, fidèle à ma mission et à mon devoir; vous me verrez la première au danger pour défendre le drapeau de la France.

J'adjure tous les bons citoyens de maintenir l'ordre. Le troubler serait conspirer avec nos ennemis.

Palais des Tuileries, 7 août, onze heures du matin.

Signé : EUGENIE.

(Suivent les noms des ministres.)

N° 298.

PROCLAMATION DU MINISTÈRE

Paris, le 7 août 1870.

Français, jusqu'à cette heure, nous avons toujours donné sans réserve toutes les nouvelles que nous avons reçues.

Nous continuons à le faire.

Cette nuit, nous avons reçu les dépêch es suivantes :

<< Metz, minuit et demi.

«Le maréchal Mac-Mahon a perdu une bataille; sur la Sarre, le général Frossard a été obligé de se retirer; cette retraite s'opère en bon ordre; tout peut se rétablir. »

ARCH. DIPL. 1871-1872 - 1.

Signé: NAPOLÉON.

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