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Ternit fon luftre en voulant trop briller,
Et fe deffeche à force de f'enfler.

Toute fcience, enfin toute industrie
"Qui ne tend point au bien de la patrie,
„Ne fauroit rendre un mortel orgueilleux
"Que ridicule au lieu de merveilleux.
„Avec raifon le fens commun rejette
L'homme d'Etat qui veut être Poëte,
Et plus encor le Financier badin,
"Qui pour Rameau f'erige en Paladin,
„Et malgré lui confus de la mifére
De fe fentir ignorant dans fa fphére,
Ne fonge pas que c'eft encor l'outrer,
Que de favoir ce qu'il doit ignorer.
Fuyez fur-tout ces elprits téméraires,
"Ces écumeurs de dogmes arbitraires,
"Qu'on voit, tout fiers de leur corruption,
»Alambiquer toute Religion;

"

"

Du Pyrronisme applaniffant les routes, ,,En argumens habiller tous leurs doutes,, Et convertir, fubtils Sophistiqueurs,

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Leur ignorance en principes vainqueurs. "Il ne vous faut que des Sages dociles, "Aimés du Ciel, et fur la Terre utiles, Qui de l'honneur louablement jaloux,

"

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Puiffent répondre, et pour eux et pour vous.
"Quand vous aurez pour vous la voix des Sages,
Les fous bientôt y joindront leurs fouffrages."
De ces leçons que le bon fens dicta,

Qu'arriva-t-il! Le fils en profita.

De fes talens la beauté foutenue

D'un choix d'amis de vertu reconnue,
Lui fit braver de fes jours les plus verds
Tous les dangers à la jeuneffe offerts:
Le preferva de ces haines qu'attire
La dedaigneufe et mordante fatyre;
Toujours affable, et jamais refrogné,

Et, quant aux moeurs, fagement éloigné,

Dans tous les tems, même en font plus jeune âge,
Du cagotisme et du libertinage.

Beifp. Samml. 3. B

3

Auffi

20

J. B. Rout feau.

1

J.B. Rouf seau.

Auffi bientôt d'un foin officieux
La Renommée ouvrant fur lui les yeux
Prit la trompette, et de fa voix féconde
Fit tout-a-coup fur la fcéne du Monde
A fes vertus prendre un air de hauteur,
Qui l'y plaça comme premieur acteur,
Et vit enfin tous les rayons du Pere
Illuminer une tête fi chere.
Image fimple, emblême familier,
Qui concluant pour le particulier,
Peut pour le Prince également conclure;
Et lui montrer tout au moins en figure,
D'un grand renom quel eft le vrai chemin :
Qu'un Guide fage y conduit; et qu'enfin
De la Vertu, par l'exemple formée,
Naît la folide et ftable renommée.

Chau?

Chaulien.

haulieu.

Guillaume Unfrie de Chaulieu, geb. 1639, gest. 1720, behauptet noch immer einen vorzüglichen, klassischen Rang unter den leichten, gefälligen und scherzhaften Dich tern. Noch in seinem fpåten Alter suchte er sich durch dichtrische Phantasie und fröhliche Laune die Beschwerden des Lebens zu erleichtern; und wie sehr ihm das gelang, fieht man auch aus folgender, Epistel, worin er seinem Geifte die heiterste Aussicht jenseits dieses Lebens dffnet, und, wie er am Schluß derselben sagt, den kurzen Weg, den er noch zu wandeln hat, wenigstens noch mit einigen Blumen zu übers freuen sucht.

A M. LE CHEVALIER DE BOUILLON,

Eleve que j'ai fait dans la loi d'Epicure,

Difciple, qui fuis pas à pas

D'une Doctrine faine et pure,

Et les leçons et les appas;

Philofophe formé des mains de la Nature,
Qui fans rien emprunter de tes reflexions,
Prens pour guides tes paffions,

Et tous les plaifirs fans mefure,
Qui ne fis jamais de projets,

Que pour l'instant prefent, qui coule à l'avanture,
Et fachant au plaifir borner tous tes fouhaits,
Foule aux pieds la fortune, et ris de fon Empire:
Heureux libertin, qui ne fais

Jamais que ce que tu defires,
Et defires ce que tu fais;

Chevalier, c'est peu qu'au Temple

Je t'aïe appris comment dans la belle faifon,

Avec le talent de plaire,

Un homme fage doit faire

D'Amours et de plaifirs une douce moiffon:

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Chaulieu.

Mais il faut que mon Exemple,
Mieux qu'une Stoîque leçon,

T'aprenne à fupporter le faix de la vieilleffe
A braver l'injure des ans;

Te montre comme il faut

par

des amusemens

Arrêter pour quelques momens

La Volupté qui fuit, le plaifir qui nous laisse.
En vain la nature epuifée

1

Tâche à prolonger fagement

Par le fecours d'un vif et fort tempérament,
La trame de mes jours que les ans ont usée;
Je m'aperçois à tout moment

Que cette mere bien-faifante,

Ne fait plus d'une main tremblante,
Qu'étaïer le vieux Bâtiment
D'une machine chancelante.

Tantôt un deluge d'humeur,

De fucs empoisonnez inonde ma paupiere
Mais ce n'eft pas affez d'en perdre la lumiere,
Il faut encor que fon aigreur

Dans des yeux inutiles me forme une douleur,
Qui ferve à ma vertu de plus ample matiere.
La Goutte d'un autre coté

Me fait depuis vingt ans un tiffu de fouffrance:
Que fais-je en cette extrêmité!
J'oppofe encor plus de conftance
A cette longue adverfité,
Qu'elle n'a de perfevérance:

Et m'accoutumant à fouffrir
J'aprends que la patience

Rend plus legers les maux que l'on ne peut guérir.
Au milieu cependant de ces peines cruelles,
De nôtre trifte hiver, Compagnes trop fidéles
Je fuis tranquille et gai: Quel bien plus précieux
Puis-je espérer jamais de la Bonté des Dieux?
Tel qu'un rocher, dont la tête

Egale le mont Athos,

Voit à fes piés la Tempête
Troubler le calme des flots.
La Mer autour bruit et gronde;
Malgré fes emotions,

Sur

Sur fon front élevé regne une paix profonde,

Que tant d'agirations.

Et les fureurs de l'Onde

Chaulieu.

Refpectent à l'égal du nid des Alcyons.
Heureux qui fe livrant à la Philofophie,
A trouvé dans fon fein un azile affûré,
Contre des Préjugez, dont l'efprit enivré
De fa propre raifon lui-même se defie,
Et fortant des erreurs où le peuple eft livré,
Déméle autant qu'il peut les principes des chofes;
Connoit les noeuds fecrets des effets et des caufes;
Regarde avec mépris et la barque et Charon,
Et foule aux pieds les bruits de l'avare Acheron.

Mais c'est pouffer trop loin peut-être la fagefle:
J'aime mieux me prêter à l'humaine foibleffe,
Et de l'opinion refpectant le bandeau,

Croire voir les enfers, mais ne les voir qu'en beau.
Je laiffe là Minos et fon urne fatale,

Le rocher de Sifyphe, et la foif de Tantale
Et fans m'aller noircir de cent tourmens divers,
Tout ce qui f'offre à ma pensée

Ce ne font que des fleurs, des berceaux toûjours
verds

Et les champs fortunez de la plaine Elisée.

Là dans l'instant fatal que le fort m'aura mis,
J'espére retrouver mes illuftres amis,

La Fare avec Ovide, et Catulle et Lesbie,
Voulant plaire à Corinne, ou careffer Julie,
Chapelle au milieu d'eux, ce maitre qui m'apprit
Au fon harmonieux de rimes redoublées,
L'art de charmer l'Oreille et d'amufer l'Esprit
Par la diverfité de cént nobles Idées.

Quel fpectacle à mes yeux et quel plaifir nou

veau

Dans un bois d'Orangers qu'arrofe un clair ruisseau,
Je revois Seignelay, je rencontre Béthune,

Efprits fupérieurs, en qui la volupté

Ne deroba jamais rien à l'habileté,

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