Sivut kuvina
PDF
ePub

von Bar.

Tu verras la douleur du Peuple au désespoir
De ne point éviter l'horreur de te revoir.

Mais quoi? du Monde entier l'eftime univer

felle,

Au prix d'un Ecu blanc, à tes yeux n'eft plus belle!
Chercher des fentimens dans les coeurs des Mam-

mons,

Hélas! dans un brochet c'eft chercher des poumons.
L'infamie et l'Enfer, felon toi, font dans doute
Deux vains Epouvantails, qu'un foible Elprit re-
doute;

Le Diable, que tu crains, Poltron, c'eft le Voleur,
C'est lui qui te condamne aux tourmens de la peur.
Confeffe encore ici que par une injustice,

Qui chez tous les humains éfcorte l'avarice,
Nul ne peut t'approcher, que ton coeur foupçon-

neux

N'y penfe découvrir un Larron dangereux.
Toujours tu te crois dupe, en croyant l'honnête
homme

Un Héros de Théatre, un fpécieux Fantôme;
Tu n'as jamais conçu, comment un Esprit fain
Peut être fcrupuleux fur la façon du gain.
Ce maudit préjugé te rend intolérable,

Te rend hargneux, brutal, cruel, inexorable,
Toujours craintif et craint. . . . il n'est point de Gou-
jat,

Qui devroit avec toi vouloir changer d'état.
Sois du moins convaincu, que fi la Providence
Ne confervoit tes jours par la Toute - puissance
Quelque Affaffin, vengeur du public maltraité,
Nous convaincroit bientôt de ta mortalité.
Et qui fçait, Harpagon, fi quelque Milérable
Déja contre ton fein n'aiguife un fer coupable?
Peut-être que le Ciel, las de te protéger,
Aujourd'hui t'abandonne à qui veut le venger;
Songe qu'un coup fatal, f'il t'arrache la vie,
T'arrache encor les fruits d'une longue industrie.

1

S'il eft vrai que ton coeur, fuivant fes doux trans

ports,

N'aime, ne voit, n'entend, ne vit qu'en tes trefors,
J'ofe te conjurer, au nom de ton or même,
De vivre pour lui feul, en changeant de Systême.
Loin d'enfermer ton Dieu, comme un Dieu malfai-
fant,

Déviens à fon égard un Hôte complaifant,
Permets lui de rouler dans des bornes préfcrites.
Pourvû que la prudence en marque des limites,
Ce Dieu retournera, chargé de nouveaux biens,
Comme Mentzel *) retourne au Camp des Autri-
chiens.

Tu vois la probité fouvent néceffiteuse,
Et, faute de feçours, en vain induftrieuse;
Tu dois la fecourir; c'eft en la protégeant,
Qu'un riche avec honneur place bien fon argent.
Sois l'ame du Negoce; ouvre au Marchand ta
bourfe,

Qu'il promene ton or du Midi jusqu'à l'Ourfe;
Que par toi des Manans, oififs ou pareffeux,
Faffent du Champ ftérile un terroir fructueux.
Transforme les Ruiffeaux en Canaux, en Rivières ;
En Colomb fouterrain découvre des Minières;
Rends, en un mot, ton vice utile au Genre Humain,
Et, pour mieux t'enrichir, enrichis ton Prochain.

Je t'implore aujourd'hui, Mufe de Simonide,
Si jadis d'un Tyran inhumain et fordide,
Tu fis, dans Syracufe, un Prince vertueux,
Répand fur mes Ecrits ton feu miraculeux!
Ma vanité renonce au talent équivoque
D'un mordant Hipponax, d'un cruel Archiloque,
Leurs lauriers font affreux; je n'afpire aujourd'hui
Qu'au don de convertir l'Avare malgré lui.

[ocr errors]

Hâtons

*) Ce prétendu Baron, Colonel des Houffars au Service de la Reine de Hongrie, brilloit alors dans les Gazettes, en attendant l'honneur de vivre dans l'Hiftoire. Il privoit la France de fept Partisans, tous gens de valeur, et qui favoient leur métier.

1

von Bar.

von Bar. Hâtons nous; vil pécheur, fouffre que je te traîne, Pour l'honneur de ma Mufe, au bord de l'Hippocrène,

A grands coups d'afperfoir j'y veux t'exorcifer,
Et chaffer le Démon qui fçait te maîtrifer.
Je connois la grandeur de ma noble Entreprise,
Je confens qu'on la marque au coin de la Sottile;
Mais, pourvû que j'arrache à ton coeur gangrené
Un acte généreux pour quelque Infortuné,
Que tu puffes goûter le plaifir ineffable
D'affranchir de fes maux un Etre miférable,
Harpagon, je triomphe, et par mes cris joyeux
J'annonce le miracle au public curieux.

Oui, le moindre Avant-gout des voluptés du Sage
Invite à la vertu l'Efprit le plus fauvage;

Un bienfait bien placé, par fes propres attraits,

À

Nous porte à redoubler nos dons et nos bienfaits.
Viens, pour te voir guérir de ta triste infamie,
Des hôtes du pavé guerir la boulimie,
Sois le pere des Gueux; c'eft un titre fi doux,
C'est un emploi fi beau, qu'il les efface tous.
Si tu viens éprouver, Patron de la Canaille,
Le charme de nourrir un Pauvre fur la paille,
Bientôt naitront en toi ces tendres mouvemens,
Heureux avant coureurs des nobles fentimens ;
Bientôt l'Humanité, cette lumière innée,
Saura déraciner ta léfine incarnée;

Soudain la Charité bannira de ton Coeur

Le lâche Amour du gain, pour y placer l'Honneur;
Et l'Honneur dirigeant ta vie et tes largeffes,
Nous verrons Harpagon digne de fes Richeffes.

Dorat.

Dorat.

Dorat.

S. B. I. S. 26.

Viele feiner anmuthigsten Gedich te, die nicht eigentliche Episteln sind, unter andern das schdne Stück, Ma Philofophie, find ganz in der leichten, flüchtiz gen Manier dieser Gattung geschrieben, die durch dieses Dichters Bearbeitung noch mehr Reiz und Interesse gewon nen hat. Vorzüglich aber haben seine eigentlichen poetischen Briefe von dieser Seite großes Verdienst. So tåndelyd und kunstlos ihr Ton ist, so treffend sind doch manche einzelne Züge derselben, nicht bloß für Phantasie und Wiz, sondern auch für Herz und Gefühl.

EPITRE A M. **

De ton agrefte folitude,
Je vais donc quitter le repos:
Adieu ces tranquilles berceaux,
Où je confacrois à l'étude

Des jours plus fereins et plus beaux;
Adieu cet inculte hermitage,

Coupé de limpides canaux,

Où la nature, un peu fauvage,
Sort d'une forêt de rofeaux,
Pour fourire aux vertus d'un fage.
Je ne verrai plus fur les eaux

Se jouer tes cygnes

fidêles

Mêlant l'albâtre de leurs aîles
Au verd naiffant des arbriffeaux;
Je n'entendrai plus les marteaux,
Dans tes forges retentiffantes
Frappans des coups toujours égaux,
Soumettre aux flammes jaillissantes
Le plus indompté des métaux
Laffé des champêtres tableaux,
J'errois fous la voûte bruyante
Où Vulcain, d'une main ardente,

Lui

[merged small][ocr errors]

Lui-même attife tes fourneaux;
Souvant j'y devançois l'aurore;
Ah! peut-on voir avec ennui
Un feu pétillant et fonore
Chercher, dans le fer qu'il dévore,
Un aliment digne de lui:
Du métal vaincre la rudefie,
A cent formes l'assujettir,

D'un fil lui donner la foupleffe,
Ou le forcer de f'arrondir?

Ah! que dans nos plaines fertiles
Par lui nos focs foient façonnés!
Qu'il fe courbe en ferpes utiles,
Par qui nos grains font moiffonnés !
Que pour le dieu de la tendreffe,
Il forge les heureux verroux,
Qui garantiffent des jaloux
L'amant et fa jeune maîtreffe:
Mais qu'il ne compofe jamais
Les gonds, les barreaux déteftables
De tous ces antres formidables,
Où la beauté dans les regrets
Abjure enfin ces voeux coupables
Qui nous dérobent ses attraits!
Qu'il n'arme point la barbarie
De ces cohortes de brigands
Qui courent prodiguer leur vie,
Pour défennuyer leurs tyrans;
Sous la hache du defpotisme
Ne tranche point notre destin,
Et n'aille pas, de fang humain
Baigner l'autel du fanatisme!

O mon ami! tels font mes voeux,

Toi, demeure dans cet afyle

Où fimple, obscur et vertueux

De notre fafte puérile

Tu ris, en regardant les cieux.
Près de ta refpectab e mère,
Tu mets à profit tes beaux jours;

Ta

« EdellinenJatka »