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N° 350.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILLE.

(Extrait.)

Paris, le 19 août 1870.

Le prince de la Tour d'Auvergne m'a dit qu'à présent c'était un moment où la France ne pourrait avec dignité ni même avec honneur accepter aucune médiation. La France doit au contraire réunir toute son énergie pour chasser par ses propres forces l'envahisseur. On a insinué qu'elle avait tâché d'amener l'Autriche et l'Italie à venir à son secours. Cela est entièrement faux. Le concours actuel des circonstances était un de ceux qui rendait tout particulièrement inopportun et peu digne un appel à l'aide matériel d'une puissance étrangère. Il y a, continua le prince, deux conditions sur lesquelles la France doit absolument insister, quelle que soit la fortune de la guerre, elle ne consentirait jamais à une cession de territoire et insisterait sur le maintien de la dynastie.

Parlant en son nom personnel, il a à dire que si les armées françaises remportaient des succès signalés, il serait très-modéré. Tout ce qu'il demanderait serait qu'avec le concours de l'Europe un arrangement quelconque fut conclu, qui ferait cesser l'état d'antagonisme entre la France et la Prusse, qui avait amené la guerre et qui, en plaçant les choses sur un pied équitable et raisonnable, rendrait possible une paix durable, en mettant fin une fois pour toutes aux armements dangereux et ruineux, qui étaient si fatals à ceux qui y avaient recours et tenaient l'Europe dans un état chronique d'inquiétude et d'alarme.

N° 351.

LE CHEVALIER CADORNA AU COMTE DE GRANVILLE,

20, Hill Street, Berkeley Square, le 19 août 1870.

Monsieur le comte, je me suis empressé de communiquer à Son Excellence le chevalier Visconti Venosta la note que Votre Seigneurie m'a fait l'honneur de m'adresser, en date du 17 courant, par laquelle, en rappelant les déclarations faites par le Gouvernement italien de sa

stricte neutralité, et ses dispositions à conclure un accord pour le maintien de la neutralité dans la guerre qui malheureusement existe entre la France et la Prusse, elle a bien voulu m'autoriser à porter à la connaissance du Gouvernement de Sa Majesté le Roi que le Gouvernement de Sa Majesté la Reine, tout en croyant qu'il ne serait pas expédient pour les puissances neutres de prendre, au moins pour le moment actuel, un engagement formel et commun pour le maintien de la neutralité, est pourtant disposé à se mettre d'accord, et que même il le considère comme très-désirable, avec les autres puissances neutres, spécialement avec l'Italie, afin qu'aucune des parties contractantes du présent engagement ne puisse se départir de sa neutralité sans un échange préalable d'idées et sans s'informer réciproquement de tout changement de politique relatif à leur neutralité. Votre Seigneurie ajoutait que l'acceptation de cette proposition par mon entremise, dans la même forme qu'elle m'était faite, constituerait l'engagement entre les deux pays, sans qu'il fût nécessaire de l'enregistrer dans un acte plus formel.

En exécution des ordres que j'ai reçu de Son Excellence le chevalier Visconti Venosta, j'ai l'honneur de déclarer à Votre Seigneurie que le Gouvernement de Sa Majesté le Roi se félicite de la notification de la proposition sus-énoncée, laquelle atteint le but qu'il s'était proposé dès le commencement de la guerre. Il l'accepte par conséquent avec beaucoup de satisfaction, et il considère comme entendu et convenu qu'aucune des parties contractantes du présent engagement ne pourra se départir de sa neutralité sans un échange préalable d'idées et sans s'informer réciproquement de tout changement de politique relatif à leur neutralité.

La présente communication et la note sus-énoncée de Votre Seigneurie, du 17 courant, constituent l'engagement entre les deux pays sans qu'il soit nécessaire de l'enregistrer dans aucun acte plus formel. Je saisis, etc.

Signé C. CADORNA.

N° 352.

LE MARQUIS DE LA VALETTE AU COMTE DE GRANVILLE.

Londres, le 20 août 1870.

Monsieur le comte, un décret du Roi de Prusse, du 24 juillet dernier,

vient d'ordonner la création d'une marine volontaire.

D'après les dispositions de ce décret, il est fait appel aux particuliers pour se mettre, eux et leurs navires, à la disposition du Gouvernement. Le but à atteindre, le but apparent du moins, consisterait à attaquer et à détruire nos navires de guerre, et pour prix de ce service, des primes plus ou moins fortes, variant de 10,000 à 50,000 thalers, seraient accordées suivant l'importance des bâti

ments.

Le commerce maritime s'est ému de cette ordonnance, et nous n'avons pu que nous associer à des appréhensions que justifie le caractère anormal d'une institution qui paraît être, sous une forme déguisée, le rétablissement des corsaires.

En effet, quand on lit le décret avec attention, on remarque que les navires mis en réquisition sont des navires privés, et qu'une prime est acquise à l'équipage capteur : deux points de ressemblance frappante avec les corsaires.

D'autre part, pour que ces navires pussent être considérés comme navires de guerre au point de vue du personnel, il faudrait au moins qu'ils fussent commandés par des officiers de la flotte fédérale dûment commissionnés. Or, aux termes de l'ordonnance, ces officiers, comme les équipages, sont engagés par les soins des armateurs; il est vrai qu'ils reçoivent des brevets et portent l'uniforme, mais ils n'appartiennent point à la marine fédérale, puisqu'on promet de les y admettre plus tard, sur leur désir et en cas de services exceptionnels. Les équipages, formés par les armateurs, ne doivent évidemment pas être soumis à d'autres règles que celles qui sont édictées pour l'armement des bâtiments de commerce, et il pourrait s'ensuivre que la majorité des équipages et, dans certains ports, les officiers fussent étrangers, les puissances maritimes qui se sont fondues dans la Confédération du Nord n'imposant, pour la plupart, aucune condition à la composition des équipages. Bien plus, cet appel à l'initiative des particuliers constitue un encouragement à l'achat en pays étranger de navires susceptibles d'être ensuite transformés, avec plus ou moins de facilités, en bâtiments propres à l'attaque, suivant la pensée de l'ordonnance.

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Cette conséquence est d'autant plus grave que nous savons qu'on cherche à acheter en Angleterre et aux Etats-Unis des navires dans un but hostile.

Quant aux primes, le dixième de la valeur du bâtiment payé à ce titre par le Gouvernement prussien pourrait, à la rigueur, être considéré comme un prix de fret, et le remboursement de cette valeur, en cas de perte, comme une indemnité; mais il est expressément dit que les primes dépendant de la prise ou de la destruction de pavires

ennemis, selon le tarif annexé, seront versées entre les mains des armateurs, qui auront dû, lors de l'engagement, s'entendre avec leur équipage sur la part de prise à attribuer à ce dernier.

Cette clause établit d'une manière formelle le caractère essentiellement privé des opérations auxquelles est appelée à prendre part cette prétendue marine auxiliaire.

La Prusse, qui a eu soin de combiner les prescriptions apparentes de l'ordonnance de manière à pouvoir répondre aux critiques, prétendra probablement que ces prescriptions ne s'appliquent qu'à la capture des navires de guerre, et que, d'autre part, elle a proclamé au début des hostilités le respect de la propriété privée sur mer. Mais il n'est pas seulement question des bâtiments de guerre; l'ordonnance parle de navires à hélice, et il paraît évident que la force des choses, les entrainements de la guerre, porteraient inévitablement cette marine auxiliaire, quand même le but immédiat de son institution serait autre, à s'attaquer aux bâtiments marchands.

Les navires armés dans les conditions de l'ordonnance royale du 24 juillet sont donc de véritables corsaires, avec cette aggravation que le cautionnement, garantie habituellement exigée, ne leur est point imposé ici.

La Prusse ayant adhéré à la Déclaration de 1856, la création de cette prétendue marine auxiliaire paraît contraire aux engagements souscrits par elle, et nous devons signaler le fait aux puissances contractantes en nous réservant d'appliquer, s'il y a lieu, à ces nouveaux bâtiments telles mesures rigoureuses que comporte le droit de

guerre.

Nous serions reconnaissants au Gouvernement de la Reine de nous transmettre, le plus tôt possible, sa réponse à ce sujet.

Je suis, etc.

Signé LA VALette.

N° 353.

MESSAGE LU A L'OUVERTURE DE LA DIÈTE DE LA BASSE-AUTRICHE.

Le 20 août 1870.

Vu les événements graves qui, en ce moment, se passent en Europe, nous avons reconnu qu'il est de notre devoir de souverain de prendre

soin que les représentants légaux de notre monarchie se réunissent sans retard, et c'est dans ce but que nous avons convoqué toutes les diètes des royaumes et pays représentés au reichsrath. C'est pour nous un sujet de haute satisfaction de savoir que dans un moment aussi grave, où notre monarchie a plus que jamais besoin de la coopération générale et unanime de tous ses peuples, les représentants de notre archiduché d'Autriche sont réunis et pénétrés de ce patriotisme dévoué dont notre fidèle archiduché a mainte fois fait preuve.

Bien que sur le terrain des affaires intérieures des questions importantes attendent leur solution, et que notre Gouvernement ait toujours regardé comme un de ses premiers devoirs d'aplanir sur la base de la constitution les divergences d'opinion qui ont surgi, les représentants de notre cher archiduché d'Autriche, réunis à la diète, ne méconnaîtront pourtant pas que dans ce moment-ci il ne peut être question que de sauvegarder ces suprêmes intérêts communs consacrés par une histoire glorieuse du progrès collectif, desquels dépendent la puissance et la grandeur de notre empire.

Nous invitons donc la diète de notre archiduché d'Autriche à procéder sans retard aux élections pour le reichsrath, afin que nous puissions réunir autour de nous les représentants légaux de notre monarchie, dont la coopération constitutionnelle paraît d'une urgente nécessité.

Sur ce, nous présentons à la diète notre salut impérial.

N° 354.

LE CONSEIL FÉDÉRAL SUISSE A TOUS LES ÉTATS CONFÉDÉRÉS.

(Circulaire.)

Fidèles et chers confédérés,

Berne, le 20 août 1870.

Il est parvenu à notre connaissance un certain nombre de faits qui nous portent à croire que des influences étrangères se produisent dans le but de compromettre la position neutre de la Suisse.

On s'attache en même temps à répandre systématiquement à l'étranger le bruit mensonger et calomnieux que la population suisse favoriserait telle ou telle des parties belligérantes, et l'on publie en Allemagne que cette population sympathise pour la France; en France, pour la Prusse.

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