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mission sanitaire, telle qu'on voulait l'organiser, eût travaillé de concert avec le Bureau médical, et progressé sans obstacle dans sa mission philanthropique. Mais à ce moment décisif, et avant que le secrétaire de la guerre eût apposé sa signature au décret autorisant officiellement la Commission sanitaire, il survint un événement qui menaça sérieusement de disloquer et même de ruiner tous les plans.

Il a été mentionné incidemment que le docteur Wood agissait à ce moment comme chirurgien-général et chef du Bureau médical. Son supérieur, le chef en titre du service médical, était le docteur Lawson, auquel une maladie prolongée avait interdit le travail. Sa mort, depuis longtemps prévue, rendit la place vacante. Le docteur Finley, qui venait immédiatement après le docteur Lawson par ordre d'ancienneté, remplaça le docteur Wood comme chef du Bureau médical.

Cette complication nouvelle, qui pour quelque temps arrêta toutes les négociations pendantes, ne découragea point le comité, ne refroidit point son ardeur. Les documents qui avaient été rédigés, et au moyen desquels on comptait donner au comité une existence semi-officielle, furent arrêtés in transitu cntre le secrétariat de la guerre et le Bureau médical. Le nouveau chirurgien-général avait, pour routine ordinaire, la même superstition que le pourvoyeur médical en chef de New-York; il était aussi

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convaincu et aussi déterminé que celui-ci à ne pas permettre qu'une chose quelconque, aussi insignifiante qu'elle fût, s'accomplît autrement que par lui et son bureau. Après un mois de cette attente inutile «<qui fait languir le cœur » et le fait désespérer parfois, les délégués réussirent en partie à gagner le secrétaire de la guerre à leurs vues. Même alors, le chirurgien-général invalida partiellement l'autorisation accordée, en y ajoutant une clause qui limitait l'action de la Commission aux troupes de volontaires. Les officiers de l'armée dite régulière regardant depuis un temps immémorial avec un mépris suprême les miliciens, la stipulation ci-dessus mentionnée a peut-être été inspirée par le désir peu déguisé de livrer les volontaires à la merci d'une Commission qui, le chirurgien-général en était persuadé, serait incapable de rendre le moindre service.

CHAPITRE III

PREMIERS TRAVAUX DE LA COMMISSION SANITAIRE.

Organisation du bureau de la Commission sanitaire. Relations avec le Bureau médical de l'armée. Système d'approvisionnements. Nomination d'inspecteurs sanitaires. Mesures prises pour obtenir la coopération complète du Bureau médical. — Nomination du docteur Hammond à la place de chirurgien-général de l'armée. Concentration des efforts et des ressources. Vente de Chicago.

Depuis le jour où le comité s'était adressé au ministère jusqu'au 9 juin 1861, date de la signature du décret d'autorisation par le secrétaire de la guerre, huit semaines s'étaient écoulées. Le président donna son approbation officielle le 13 juin, et la Commission sanitaire fut enfin légalement constituée; en même temps le plan d'organisation avait été examiné et approuvé par le secrétaire de la guerre.

Le caractère bien connu des vingt-deux membres composant la Commission était un gage suffisant du succès qui l'attendait. Le président et principal agent exécutif était le révérend docteur William Bellows, savant théologien, qui pouvait parler avec autorité

au nom des philanthropes du pays. Le secrétaire général était M. Frédéric Olmsted, homme de grande expérience, doué d'un remarquable talent d'organisation et d'un esprit très-pratique. Parmi les militaires, l'un était le chef d'état-major du général Scott, commandant en chef de l'armée des ÉtatsUnis; un second était l'un des fonctionnaires actifs du Bureau médical; un troisième était à la tête du commissariat; deux autres avaient été préalablemen! employés au secrétariat de la guerre; un sixième avait servi à l'étranger; un septième jouissait d'une certaine réputation scientifique; un huitième, alors employé au secrétariat de la guerre, était un médecin habile, d'une expérience spéciale; et les autres membres, qui appartenaient à la vie civile, n'étaient pas moins éminents et distingués, chacun dans sa partie.

Le document officiel issu du ministère donnait à l'institution nouvelle le titre de : Commission sanitaire d'enquête et d'avis sur les intérêts hygiéniques des troupes des États-Unis. Aux termes de l'autorisation, la Commission avait pour objet d'instituer des recherches sur les règlements et les usages militaires ayant rapport à l'hygiène des recrues et des soldats en activité de service, d'étudier la condition sanitaire des volontaires et les moyens de maintenir

A Sanitary Commission of inquiry and advice in respect of the Sanitary Interests of the United States forces.

ou de rétablir leur santé, d'assurer le bien-être général des troupes et leur bon état de service, de veiller à ce qu'il y eût des cuisiniers, des infirmiers et des ambulances en nombre suffisant, etc. Le document officiel ajoutait que la Commission serait libre de rédiger tels règlements qui lui sembleraient convenables au sujet du mode d'enquête, et qu'après approbation du secrétaire de la guerre, ces règlements seraient fixés comme devant servir de guide général dans les recherches. En outre, la Commission était invitée à entrer en correspondance avec le ministère et le Bureau médical pour leur rendre compte des résultats de son enquête, et leur communiquer de temps à autre les observations et conclusions qui lui paraîtraient importantes.

Ainsi qu'il était facile de le prévoir par l'attitude qu'avait prise le chef du Bureau médical, il n'y avait pas à espérer une grande cordialité de relations entre les deux institutions, l'ancienne et la nouvelle. Très-certainement, la faute n'en fut point à la Commission, dont les membres, ayant conscience de la délicatesse de leur position et de l'inévitable jalousie dont ils devaient être victimes, ne se faisaient faute de rendre pleine justice au Bureau et à son chef, en reconnaissant la pureté de leurs motifs et l'honnêteté de leurs intentions. Ils avaient même la confiance la plus illimitée dans la compétence de ce corps à remplir les devoirs médicaux; et, pour que

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