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chevaline, peut se guérir et se guérit ordinairement avec conservation du mouvement, au moins dans l'articulation temporo-maxillaire.

La même observation n'a guère pu être faite sur les autres articulations et en particulier sur celles des membres, parce que, comme on le sait, on ne conserve pas en général un cheval dont un membre est devenu le siége d'une lésion assez profonde pour le rendre inapte à un service quelconque.

Tels sont les faits sur lesquels je désirais attirer l'attention des chirurgiens.

Je vais essayer maintenant de résumer en peu de mots les réflexions qui en découlent tout naturellement.

Quand on cherche à se rendre compte des heureuses exceptions que je viens de signaler, deux interprétations s'offrent surtout à l'esprit; l'une est relative aux conditions particulières dans lesquelles se trouvaient les deux malades qui font le sujet des deux premières observations, l'autre peut s'appliquer au traitement qui a été mis en usage chez l'une d'elles. En effet ces deux cas d'arthrite suppurée sont survenus pendant le temps des couches. Or n'est-il pas possible de trouver dans les conditions particulières de l'état puerpéral, l'explication de la guérison complète avec conservation des mouvements? Je suis porté à le penser.

Dans cet état, en effet, la facilité et surtout la rapidité avec laquelle se forme le puș peut, jusqu'à un certain point, faire comprendre comment ce liquide s'épanche et s'accumule dans une articulation sans que les surfaces articulaires, synoviales et cartilages, aient subi des altérations matérielles assez avancées, assez profondes, pour rendre l'ankylose inévitable, les transformations n'ont pas eu le temps de devenir assez graves pour que les surfaces articulaires ne puissent revenir promptement à leur état normal et par suite conserver leurs fonctions, c'est-à-dire la faculté de se mouvoir l'une sur l'autre. Cette manière de voir, encore hypothétique, pourra d'ailleurs acquérir plus tard la valeur d'un fait démontré, si l'occasion se présente d'examiner anatomiquement les différents éléments d'articulations prises ainsi d'arthrite suppurée chez des femmes en couches qui auront succombé à une affection intercurrente. Jusqu'à ce que ces preuves directes et matérielles aient été trouvées, ou pourrait, ce me semble, rappeler, à l'appui de l'opinion

que je viens d'émettre, une particularité qu'on a certainement remarquée dans notre observation 2, à savoir: la présence, au milieu du pus bien lié fourni par l'articulation, d'une quantité notable de synovie pure, synovie dont la proportion a toujours été en augmentant à mesure que la matière purulente devenait plus rare et que l'arthrite marchait vers la guérison; comment comprendre, en effet, que la synovie continue ainsi à être sécrétée si on n'admet pas que la membrane synoviale a conservé son intégrité, au moins dans une partie de son étendue? Ce fait me semble même devoir être d'une certaine utilité pratique: il pourra, si je ne me trompe, fournir au chirurgien certaines lumières capables d'éclairer le pronostic qu'il devra porter; ce pronostic sera d'autant moins grave, on devra d'autant plus espérer la guérison complète, qu'au moment où l'on ouvrira l'articulation, on trouvera la proportion de synovie pure plus considérable. Cet espoir sera d'ailleurs de plus en plus fondé, si, chaque jour, la quantité de synovie augmente en même temps que la matière purulente devient de plus en plus rare.

Les réflexions qui précèdent s'appliquent bien à nos deux premières observations et elles pourraient faire élever des doutes sur la possibilité d'un semblable succès dans les cas ordinaires; mais il n'en est plus de même pour la 3°. Dans celle-ci, en effet, il s'agit d'une arthrite traumatique suppurée survenue non pas chez une femme en couches, mais bien chez un jeune homine de 18 ans. Aussi ce troisième fait, surtout quand on le rapproche de ce qu'on observe dans l'espèce chevaline, nous parait-il de nature à faire admettre que, même en dehors de l'état puerpéral, l'arthrite suppurée peut se terminer par la guérison avec conservation des mouvements.

Quant au traitement, il n'est peut-être pas complétement étranger au succès obtenu. On se rappelle, en effet, qu'aussitôt la suppuration devenue évidente, des incisions furent pratiquées de chaque côté de l'articulation malade. Or ne peut-on pas penser que dans des cas semblables il y a avantage à donner promptement au pus un écoulement facile, par des incisions suffisamment larges et nombreuses? On éviterait ainsi, ce me semble, les accidents sérieux, signalés par la plupart des auteurs, tels que fusées le long des tendons, décollement des muscles, infiltration purulente des

muscles, dénudation des os, etc. etc. Peut-être s'opposerait-on également à la série des altérations si graves des surfaces articulaires, telles que végétations de la synoviale, usure des cartilages, inflammation, suppuration et quelquefois nécrose des extrémités osseuses articulaires; peut-être, par conséquent, aurait-on plus de chances de voir les jointures malades recouvrer après la guérison sinon la totalité, au moins la plus grande partie de leurs mouve

ments.

Je sais bien qu'au premier abord, un tel conseil paraît en contradiction formelle avec ce que l'observation journalière nous apprend sur le degré de gravité des plaies pénétrantes des articulations; chacun sait, en effet, que ces plaies sont d'autant plus graves et d'autant plus souvent suivies de suppuration que l'ouverture est plus grande, et que l'air communique plus facilement avec l'intérieur de la jointure. Cependant je crois ces objections plus spécieuses que véritablement fondées, car les deux éléments de la comparaison ne sont pas analogues. Dans un cas, on craint de voir survenir la suppuration; dans l'autre, elle est survenuu, elle s'est produite, elle existe, et il s'agit non plus de l'éviter, mais bien d'en rendre les effets le moins graves possible. Or, je le répète, le meilleur moyen d'atteindre ce but sera probablement de laisser le pus séjourner le moins longtemps possible au contact des surfaces articulaires.

Je n'ai pas besoin d'ajouter que c'est avec la plus grande réserve que je soumets ces réflexions au jugement éclairé de nos maitres en chirurgie.

Quoi qu'il en soit de l'influence du traitement, il résulte toujours, des faits dont nous venons de retracer les principaux détails, que, dans l'arthrite suppurée, le chirurgien ne doit pas désespérer complétement de guérir les malades en conservant aux membres l'intégrité de leurs fonctions; ce travail peut donc se résumer en les deux propositions suivantes :

1° L'arthrite suppurée, franchement inflammatoire, peut, particulièrement chez les femmes en couches, se terminer par la guérison complète, c'est-à-dire par la guérison avec conservation des mouvements de l'articulation malade.

2o Il serait peut-être utile, pour avoir plus de chances d'obtenir

cet heureux résultat, de pratiquer au pus une issue facile par des incisions suffisantes, faites à un moment aussi rapproché que possible de celui où l'inflammation articulaire s'est compliquée de suppuration.

DES VÉGÉTATIONS QUI SE DÉVELOPPENT SUR LES PARTIES GENITALES DES FEMMES PENDANT LA GROSSESSE;

Par le D' THIBIERGE, ancien interne des hôpitaux de Paris, membre de la Société médicale du 2o arrondissement.

Les végétations qui se développent sur les parties génitales des femmes grosses sont fréquemment considérées par les médecins comme des manifestations syphilitiques. Plusieurs observations que nous avons recueillies pendant notre internat à l'hôpital de Lourcine, dans le service de M. le Dr Legendre, nous semblent démontrer que ces tumeurs apparaissent, au contraire, indépendamment de toute infection syphilitique, par le seul fait de la gestation; aussi croyons-nous devoir appeler l'attention des praticiens sur les faits cliniques que nous avons observés. Comme les végétations qui surviennent chez les femmes enceintes n'ont pas été mentionnées par la plupart des auteurs qui ont décrit les maladies de la grossesse, nous présenterons quelques considérations succinctes sur leur historique.

Historique. La grossesse nous paraît jouer un rôle important dans la production des végétations, et cependant les auteurs qui ont étudié les végétations ont à peine mentionné la gestation parmi les causes qui en favorisent le développement; nous devons toutefois excepter Cullerier, MM. Boys de Loury et Costilhes. En 1815, Cullerier (Dict. en 60 vol.) s'exprimait ainsi : « Une femme, dont le mari est sain, aperçoit des choux-fleurs, des fraises aux parties sexuelles, après quelques mois de grossesse; elle est inquiète, elle consulte; heureuse si elle s'adresse à un médecin instruit par l'expérience des autres ou par la sienne! Il saura que la pression qu'exerce la tête de l'enfant peut faire végéter le système vasculaire comme elle fait dilater les veines, surtout quand ces parties sont abreuvées de mucosités. Il faut, dans ce cas, avoir la prudence

de temporiser. Combien de fois j'ai rappelé le calme chez des femmes, j'ai dissipé des nuages de soupçons, des alarmes, chez des maris! Mes confrères, Ané, Baudelocque, Gilbert, etc., en ont été souvent les témoins. Quels désagréments, quel danger n'y auraitil pas de fatiguer une femme grosse par un traitement inutile, et de tourmenter un mari par des craintes chimériques! En effet, quelques jours après l'accouchement, on cherche en vain les traces même de ces végétations; elles sont cessées avec la cause qui les avait produites, et bien rarement elles reparaissent à une seconde grossesse.»

Nous venons de citer textuellement l'opinion de Cullerier sur les végétations qui surviennent chez les femmes grosses; plus tard, nous reviendrons sur les assertions du célèbre chirurgien, qui ne nous paraissent pas devoir êtres adoptées complétement.

MM. Boys de Loury et Costilhes (Gazette médicale, 1847) ont publié, sur les végétations, un mémoire fort intéressant; ils ont indiqué le développement des végétations chez les femmes grosses; ils ont dit (et cela est vrai au moins pour l'immense majorité des cas) qu'elles repullulaient, quoi qu'on fit, durant la gestation; de plus, ils ont avancé qu'on ne rencontrait, chez les femmes enceintes, que «les végétations rouges, c'est-à-dire des végétations globulaires, peu élevées, à pédicules séparés les uns des autres, plus molles, plus douces que les autres végétations, saignant facilement, peu sensibles, peu profondément enracinées. » L'étude attentive que nous avons faite des végétations chez les femmes grosses ne nous permet pas d'admettre la distinction de MM. Boys de Loury et Costilhes; jamais les végétations uniquement dues à l'influence de la grossesse ne nous ont paru différer de celles qui se développent sur les parties génitales, sous l'influence des écoulements vaginaux et utérins, de la malpropreté, etc.

Depuis les travaux de MM. Boys de Loury et Costilhes, M. Ricord a seulement désigné la grossesse comme cause de végétations, sans insister sur l'influence de cette cause.

Causes du développement des végétations chez les femmes

grosses.

Huschke a ainsi décrit les modifications que subit la muqueuse vaginale pendant la grossesse : « La muqueuse vaginale a une cou

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